Expérimentation

« Services numériques culturels innovants », 3e

Par Marie Guérin Habert · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2015 - 725 mots

Le ministère de la Culture a mis en place depuis quatre ans un appel à projets pour soutenir l’innovation numérique et le développement de nouveaux usages dans le secteur culturel. Voici la sélection 2014

PARIS - Depuis 2010, le ministère de la Culture et de la Communication s’est engagé dans une démarche active de soutien à l’innovation numérique à travers la mise en place d’un appel à projets intitulé « Services numériques culturels innovants ». Organisé tous les deux ans, cet appel à projets a pour objectif l’expérimentation auprès du grand public de nouveaux services numériques qui s’appuient sur les contenus numérisés disponibles dans les structures culturelles publiques (bibliothèques, musées, centres d’art, Fonds régionaux d’art contemporain, etc.).
En 2014, le ministère a débloqué 1 million d’euros pour son 3e appel à projets. Cette enveloppe est malheureusement en baisse : les appels à projet de 2010 et 2012 disposaient d’un budget de 1,5 million d’euros pour soutenir le même nombre d’initiatives. En 2014, les 60 projets retenus ont donc reçu chacun une subvention comprise entre 15 000 et 30 000 euros (un montant représentant au maximum 50 % du budget global des projets).

Pour mener à bien cette vaste expérimentation des usages du numérique, le ministère a su se mettre en « mode projet » et adapter les délais de prise de décision de l’administration à la réalité de terrain des porteurs de projets et des technologies. Quatre mois seulement séparent le dépôt des dossiers et la sélection effectuée par le ministère. Cette célérité est facilitée par l’envergure réduite des projets (le budget total moyen des projets ne dépasse pas les 100 000 euros), permettant un accompagnement personnalisé des porteurs de projets par le ministère.
La finalité de ces Services numériques culturels innovants, pour le ministère comme pour les porteurs de projets, est la mise en place d’une culture partagée des usages du numérique. Mais l’évaluation des projets, peu abordée par le ministère, demande encore à être développée.

Des projets mutualisés…
Dans le secteur culturel, l’heure est à la mutualisation. Seules les grandes institutions telles que le Louvre, le Centre Pompidou ou le Musée d’Orsay peuvent développer de façon autonome et pour leur propre compte un service culturel numérique. Toutes les autres institutions doivent généralement revoir leur projet à la baisse ou s’associer à d’autres structures, entreprises ou laboratoires, afin de mettre en place un service innovant et efficace. C’est cette dernière démarche que soutient le ministère de la Culture : la mutualisation des dispositifs numériques de médiation. En 2014, pour pouvoir être subventionné, un projet devait réunir un grand nombre de partenaires, permettant un déploiement du dispositif numérique expérimenté sur une portion de territoire. Ainsi, le projet « Musambule » associe près de 300 musées du sud de la France afin de développer une application touristique étendue à la région. Si l’application ne semble pas très innovante sur le plan des usages pour le grand public, elle permettra à ces musées d’attirer les touristes en proposant un premier service numérique.

… et novateurs
Certains projets retenus en 2014 ne semblent participer qu’à l’équipement des institutions dépourvues de services numériques, mais d’autres sont particulièrement intéressants et novateurs. Citons la production de parcours de visites culturelles par des élèves et des enseignants avec le projet collaboratif « GuidiGO », qui rassemble dix-sept institutions muséales aussi diverses que le Musée Picasso à Paris, l’abbaye de l’Epau au Mans ou le Mémorial de la Shoah à Paris. Autre approche collaborative du patrimoine, le projet « ClicMuse » utilise la pratique de la photographie par le grand public au sein de l’institution comme un outil de médiation culturel participatif. Le guide de découverte « Géocartels » est une application mobile destinée quant à elle aux espaces d’art public, et accompagne les visiteurs sur le chemin d’une meilleure compréhension de l’art contemporain (Vent des Forêts dans la Meuse, les Berges de Seine à Paris, Le Voyage à Nantes et Estuaire Nantes - Saint-Nazaire).

Par ailleurs, l’application « La machine à contes » utilise les codes de la tradition orale afin de favoriser l’immersion des visiteurs dans la découverte des communautés alpines, une expérience qui ouvre à une appréhension sensible du patrimoine immatériel. Le projet « Tourisme à Grande Vitesse » propose enfin aux passagers des TGV une application mobile pour découvrir les richesses patrimoniales, culturelles, historiques, économiques et gastronomiques des territoires qu’ils traversent.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : « Services numériques culturels innovants », 3e

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