Peinture

Balthus sous tous les angles

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 11 février 2015 - 558 mots

La Galerie Gagosian déploie près de 170 œuvres, incluant dessins, photos Polaroid et toiles de l’artiste, de ses débuts à la fin de son parcours.

PARIS - Encore une exposition « Balthus » (1908-2001) ? Eh bien non, justement. D’une part, les expositions consacrées à Balthasar Klossowski de Rola ne sont pas si fréquentes, en tout cas en France. La précédente importante a eu lieu au Centre Pompidou, à Paris… fin 1983-début 1984. D’autre part, l’exposition organisée à la Galerie Gagosian, à Paris, composée de plus de cent cinquante pièces, et montée en grande partie avec la famille de l’artiste, prend le parti de montrer les différentes disciplines pratiquées par Balthus, la peinture bien sûr, mais aussi le dessin et, plus rare, la photo, qui permettent une approche différente, plus intime et instructive de l’œuvre du maître. La présentation de 45 Polaroid, qui n’ont jusqu’alors été présentés qu’une seule fois (à la Galerie Gagosian de New York fin 2013, début 2014) est l’une des surprises de l’exposition. Prises par l’artiste lui-même, considérées comme des études, elles montrent Anna Wahli, la fille de son médecin qu’il a photographiée durant huit ans. Sur certaines, on voit des traces de peinture, signe que Balthus les conservait à sa portée alors qu’il peignait.

Dès l’entrée, un grand autoportrait, l’un des plus célèbres (il en a fait assez peu), souvent exposé, est l’occasion de redécouvrir sa qualité de trait. Plus loin ce sont deux petits dessins, rapides, jetés, nerveux, presque à l’opposé du temps long balthusien. Cette première salle est d’ailleurs consacrée à des œuvres sur papier, parmi lesquelles quelques petites merveilles comme ces quatre aquarelles Paysage de Monte Calvello, peintes de 1970 à 1975. Le peintre avait acheté là une maison près de Viterbe, à une heure de Rome où il avait été nommé dès 1961 par André Malraux directeur de la Villa Médicis. Elles évoquent, à la limite de l’abstraction, la rivière et la tour qu’il voyait de chez lui, et rappellent son formidable sens de la composition, de la perspective et son usage particulier, précis et parcimonieux des couleurs. On retrouve sur le mur d’en face cette même tour dans deux étonnants dessins assez similaires, l’un noir, l’autre blanc, comme le négatif et le positif d’une même (prise de) vue.

Dans sa volonté de couvrir toute la carrière de l’artiste, l’exposition comprend aussi bien une œuvre de jeunesse, Les Évangélistes Matthieu et Luc (datée de 1926-1927 – il est alors âgé de 18 ans), encore influencée par Piero Della Francesca (qu’il s’était plu à copier), que sa dernière œuvre, inachevée, Jeune fille à la mandoline (2000-2001). Une toile inouïe qui fait se rencontrer d’une façon pour le moins improbable (sauf pour Balthus) le vert d’un canapé et celui d’un paysage derrière une fenêtre. Cette toile est proposée à 5 millions d’euros environ. Une certaine somme, mais c’est son dernier tableau – et Balthus n’en a pas peint beaucoup, autour de 350. D’autre part, il en circule peu sur le marché et généralement pas les meilleurs. Les Polaroid sont quant à eux à vendre pour 17 000 euros pièce, un prix très excessif pour des documents de travail, quand un dessin est à 8 000 euros.

Balthus

Nombre d’œuvres : 167
Prix : 8 000 € pour un petit dessin, 17 000 € le Polaroid et jusqu’à 5 M€ pour une peinture

Balthus, jusqu’au 28 février, Galerie Gagosian, 4, rue de Ponthieu, 75008 Paris, tél. 01 75 00 05 92, www.gagosian.com, du mardi au samedi 11-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°429 du 13 février 2015, avec le titre suivant : Balthus sous tous les angles

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