Art impressionniste et moderne

Londres garde la forme

Si le niveau global est équivalent à celui de 2014, Sotheby’s maintient une longueur d’avance

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 10 février 2015 - 517 mots

LONDRES - Les ventes d’art impressionniste et moderne de Londres ouvrent la saison, aussi donnent-elles le la pour l’année à venir. Et la partition s’annonce belle pour 2015 à en croire les résultats de Sotheby’s.

Thomas Seydoux, aujourd’hui courtier après quinze années passées chez Christie’s, se réjouit : « Ces ventes se sont montrées saines, avec un total très conséquent et des pourcentages de ventes élevés. Elles ont prouvé que le marché était très solide. » Sotheby’s peut se féliciter de sa performance : le 3 février, la maison a réalisé son plus haut total jamais atteint pour une vente à Londres, en hausse de 20 % par rapport à l’an passé ; 163 millions d’euros ont été récoltés uniquement pour l’art impressionniste et moderne.

Tête de pont d’un impressionnant cortège de tableaux de Monet (au nombre de cinq !), Le Grand Canal, une vue de Venise tardive, a été cédée 31,4 millions d’euros, dans l’estimation basse. Au sein de cette vacation riche en chefs-d’œuvre, on remarquait encore une odalisque signée Matisse, adjugée 20,9 millions d’euros, ou une scène de maison close de Toulouse-Lautrec emportée pour 14,3 millions d’euros. Ni le manque de fraîcheur de certaines œuvres (Le Grand Canal, L’Odalisque au fauteuil noir), ni les nombreuses garanties (Seurat, Kandinsky, Monet ou Toulouse-Lautrec) n’ont enrayé la mécanique. À côté, cependant, Christie’s et ses 106,5 millions d’euros, un chiffre en baisse de 10 % par rapport à 2014, fait pâle figure. Mais le bon taux de vente (88 %) indique que la vacation a bien fonctionné, et si le résultat est inférieur à celui de Sotheby’s, c’est en raison d’une raréfaction de chefs-d’œuvre sur le marché. En matière de toiles historiques, la maison ne proposait que la Vue sur l’Estaque et le château d’If de Cézanne, cédée 18 millions d’euros. Du côté des surréalistes, c’est Christie’s qui dame le pion à sa rivale, avec 88,4 millions d’euros récoltés, contre 21,6 millions pour Sotheby’s. La maison offrait plusieurs Miró, parmi lesquels Painting (Women, Moon, Birds), une toile de 1950 partie à 20,7 millions d’euros.

« Il n’y a pas de tendance claire : les impressionnistes ont très bien marché au-delà de Monet, qu’il s’agisse de Pissarro, Sisley ou Renoir, pourtant considéré comme désuet. En art moderne, les résultats sont excellents. Seul bémol, l’art allemand et autrichien », analyse Thomas Seydoux. Au sujet des acheteurs, le courtier observe encore « une moins grande participation de l’Asie, compensée par le retour des enchérisseurs russes ». Cette clientèle, très friande des ventes de Londres avait été aux abonnés absents en 2014 en raison des restrictions économiques imposées à la Russie par l’Occident. Doit-on voir dans ces ventes un nouveau signal en faveur d’un leadership de Sotheby’s dans le domaine de l’art impressionniste et moderne, déjà esquissé lors des ventes new-yorkaises de l’an dernier ? « Il y a en effet un début de tendance. Ce serait bien que Christie’s New York confirme en mai la bonne teneur de son département. Il suffit d’une collection, d’un seul client pour faire la différence », indique Thomas Seydoux. Ses anciens collaborateurs sauront entendre le message.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°429 du 13 février 2015, avec le titre suivant : Londres garde la forme

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