Art conceptuel

Guy de Cointet entre les lignes

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 27 janvier 2015 - 581 mots

La sortie d’un DVD consacré à l’artiste est l’occasion d’une relecture de ses œuvres singulières à la lumière de documents liés à ses performances, ses livres ou ses dessins.

PARIS - On ne peut pas vraiment dire de Guy de Cointet (1934-1983) qu’il est un artiste méconnu. Et cette exposition à la galerie du 8 rue Saint-Bon en apporte une nouvelle fois la preuve.  Deux récentes conséquentes monographies, l’une aux éditions JRP/Ringier en 2011 et l’autre chez Flammarion en 2014 (par Frédéric Paul), éditée à la suite d’une exposition au Quartier à Brest, en sont la preuve. En témoignent aussi, à l’exemple de cette sélection qui était centrée sur les dessins, sa présence régulière dans des expositions dans sa galerie parisienne, Air de Paris, ou comme dans le cadre du Nouveau Festival, sous la houlette de Bernard Blistène, au Centre Pompidou en 2013.

Néanmoins, cet artiste indéniablement plus connu par les artistes eux-mêmes (il aurait influencé Paul McCarthy, Mike Kelley…), que par le grand public, reste encore entouré de mystère, allant même jusqu’à frôler le mythe. Il faut dire que sa biographie et surtout son travail y ont grandement contribué. Né en 1934 à Paris de parents militaires, il va aller de villes en villes, vit son adolescence à Oran (Algérie), où il passe son bac, notamment avec Yves Saint Laurent, fait les Beaux-Arts de Nancy, arrive à Paris en 1956, devient graphiste pour Vogue et le Jardin des modes. Déjà les mots, les images, les collages, les codages qui apparaîtront comme  les fondements de l’œuvre qu’il démarre au début des années 1960. Dès 1965, il part aux États-Unis, fréquente la Factory de Warhol, devient l’assistant de Larry Bell qu’il suit en 1968 à Los Angeles, où il aménage un grand entrepôt (la légende dit qu’il aurait inventé le concept de loft). Il vivra là-bas jusqu’à sa mort, victime d’une insuffisance hépatique en 1983.

Un pionnier de la performance
Entre-temps, il a mis en place une œuvre axée, d’une part sur la conception de performances souvent interprétées par des femmes, avec presque toujours la présence de l’objet livre comme accessoire, sujet du délit, objet transitionnel. Il développe, d’autre part, une magnifique réflexion en dessin sur les notions d’alphabet, de code, de labyrinthe, de rébus, en somme du langage en majuscule, sur fond de graphisme crypté et d’énigmes, qui en fait l’une des grandes figures de l’art conceptuel en plus de celle de pionnier de la performance.

Depuis sa création en 2010, la galerie du 8 rue Saint-Bon s’est fait une spécialité des expositions documents comme elle a pu le faire avec General Idea en 2011, Ericka Beckman en 2013, etc. C’est le cas de celle-ci organisée, avec la succession Guy de Cointet et la galerie Air de Paris, à l’occasion de la sortie en DVD (chez entre2prises, diffusé par Les presses du réel) de Who’s That Guy ? Tell Me More About Guy de Cointet par Marie de Brugerolle. On y découvre une dizaine d’œuvres, notamment des crayons sur papier, un fac-similé du fameux journal ACRCIT (1971), des affiches originales et, en vitrines, des ephemera, photos, cartons d’invitation, documents. Seuls quelques-uns sont à vendre à des prix qui vont de 200 euros pour une affiche à 5 300 euros pour une grande sérigraphie rehaussée à la main. Ce qui est raisonnable lorsqu’on sait que de très grands dessins peuvent atteindre jusqu’à 20 000 euros.

Guy de Cointet

Nombre d’œuvres : une dizaine
Prix : de 200 € à 5 300 €

Guy de Cointet

Jusqu’au 27 février, Galerie du 8 rue Saint-Bon, 8 rue Saint-Bon, 75004 Paris, 01 58 30 39 38 ou 06 62 12 98 58, www.facebook.com/8ruesaintbon, lundi-samedi 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°428 du 30 janvier 2015, avec le titre suivant : Guy de Cointet entre les lignes

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