Installation

Krijn de Koning se perd dans la couleur

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 27 janvier 2015 - 447 mots

L’artiste néerlandais invite les visiteurs du Centquatre à déambuler dans ses structures colorées et à interagir avec ses sculptures. Esthétiquement séduisante, la proposition ne mène nulle part.

PARIS - Tout commence dans l’une des cours du Centquatre, à Paris, un lieu intermédiaire entre la rue et un espace d’exposition investi par Krijn de Koning (né en 1963). Dans cet entre-deux, des surfaces de couleur prennent la pose, des parois savamment agencées, précisément calculées, positionnées, découpées, laissant apparaître la couleur plan par plan et déroulant une perspective accueillante.
La visite se poursuit à l’intérieur, où se télescopent plusieurs espaces organisés là encore selon un vocabulaire basique et minimal, où toujours la construction s’opère grâce à des plans de couleurs. Une zone est complètement plongée dans le noir. Une sorte de cour centrale pourrait presque faire office de mini-agora. Une petite pièce ornée de vitraux comme hérités du modernisme et renfermant des cubes et de sommaires formes de maison en bois confirme que l’artiste néerlandais a bien étudié De Stijl et Theo van Doesburg. Des maquettes de monuments anciens se révèlent dans une coupole que le visiteur doit atteindre en se baissant. Un escalier permet de se hisser vers une plateforme, d’où se contemple l’ensemble. La déambulation fait parfois hésiter, puis laisse se perdre.

Ennuyeux
Tout cela est formidablement agencé et très esthétique, mais au final terriblement ennuyeux. Car à trop jouer des formes entremêlées, la confusion qui s’opère, sans doute voulue et revendiquée par l’artiste, ne débouche finalement sur rien d’autre. Le visiteur est perdu mais après ? Il ne lui est plus possible de se raccrocher à quoi que ce soit qui pourrait lui permettre de dépasser cette expérience, voire d’y associer un quelconque discours, tant les référents potentiels sont nombreux. Toujours les interventions de de Koning se placent dans l’in situ, dans des lieux que les agencements géométriques qu’il leur adjoint tentent de révéler, de donner à voir différemment, de faire exister autrement. Or ici, véritablement saturés, les lieux n’existent plus et disparaissent complètement. Trop souvent également est associé à ce type de travaux le cliché de l’immersion et d’une participation à l’œuvre du spectateur qui lui serait consécutive, comme il est volontiers mis en avant ici – mais pas qu’ici –, ce qui relève d’une confusion navrante. Évoluer au sein d’une proposition enveloppante qui embrasse l’intégralité d’un espace, voire y perdre quelques repères ou devoir se contorsionner à un endroit, ne font pas du spectateur un acteur ; le geste de se déplacer ne pouvant être confondu avec un acte performatif. Dans le cas présent, le corps n’a d’autre fonction que d’accompagner la découverte et le regard comme face à n’importe quelle œuvre, rien de plus.

Krijn de Koning. De Koning : espace-couleurs, jusqu’au 5 avril, Centquatre, 5, rue Curial, 75019 Paris, tél. 01 53 35 50 00, www.104.fr, mercredi, jeudi, samedi et dimanche 14h-19h, entrée 5 €.

Légende photo
Vue de l'exposition « De Koning : espace - couleurs », au Centquatre, Paris. © Photo : Marc Domage.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°428 du 30 janvier 2015, avec le titre suivant : Krijn de Koning se perd dans la couleur

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