Grand Siècle

À la redécouverte de Bon Boullogne

Par Suzanne Lemardelé · Le Journal des Arts

Le 13 janvier 2015 - 431 mots

Le Musée Magnin expose l’œuvre d’un peintre à la production protéiforme qui demeura longtemps oublié par l’histoire.

DIJON - À la fin du règne de Louis XIV, la célébrité de Bon Boullogne (1649-1717) était l’égale de celle d’un Charles de La Fosse ou d’un Antoine Coypel. Fils de Louis I Boullogne, peintre cofondateur de l’Académie royale de peinture et sculpture, l’artiste travaille sur de nombreux chantiers, à Versailles, au Parlement de Paris ou encore à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. La disparition quasi-totale de sa production et le désamour qui frappa longtemps les peintres de sa génération plongèrent ensuite Bon Boullogne dans l’oubli, jusqu’à la fin des années 1970. Un article de l’historien de l’art Antoine Schnapper le fait alors doucement sortir de l’ombre. Pour l’historien de l’art et commissaire François Marandet, l’exposition du Musée Magnin, à Dijon (Côte-d’Or) est l’occasion de poursuivre ce travail de réhabilitation. Une mission d’autant plus difficile que la production protéiforme et le style très éclectique de Bon Boullogne ne facilitent pas la reconstitution de son œuvre. « Tout Jouvenet ressemble à Jouvenet, tout La Fosse ressemble à La Fosse, mais Bon Boullogne ne ressemble pas toujours à Bon Boullogne », explique le commissaire. Cette diversité est perceptible dès la première salle, où les tableaux se suivent et ne se ressemblent pas. Outre les commandes décoratives qu’il honore, Bon Boullogne participe à la naissance d’une nouvelle peinture de chevalet, ou « tableaux de collection », à laquelle appartient La Naissance de Jupiter (Musée de Cholet).

À ce style changeant s’ajoute une difficulté supplémentaire : le peintre brouille parfois volontairement les pistes, réalisant des têtes « à la Van Dyck » ou des imitations des maîtres bolonais, qui donne du fil à retordre à qui tente d’établir son catalogue. L’œuvre Pyrame et Thysbée du Musée de Cherbourg fut ainsi d’abord attribuée à Nicolas Poussin, puis à « un quelconque artiste de 3e rang », avant d’être finalement redonnée à Bon Boullogne. Peut-être s’agit-il du « faux Poussin » mentionné comme tel dans les écrits de son biographe ?

Malgré les nombreuses œuvres perdues, l’exposition, qui rassemble soixante-six pièces, parvient à donner une bonne idée de la production de l’artiste. De rares dessins conservés sont présentés, des gravures témoignent de sa maîtrise de l’art du portrait, des esquisses laissent imaginer les grands décors et les projets les plus audacieux, comme la réalisation d’un trompe-l’œil en plein air, disparu avec les premiers orages. À l’étage, une sélection d’œuvres des élèves du peintre confirme enfin le sous-titre de l’exposition, rendant à Bon Boullogne son statut de « chef d’école du Grand Siècle ».

Bon Boullogne (1649-1717), Un chef d’École au Grand Siècle, jusqu’au 5 mars, Musée Magnin, 4, rue des Bons-Enfants, 21000, Dijon, tél. 03 80 67 11 10, www.musee-magnin.fr, tlj sauf lundi 10h-12h, 14h-18h, entrée 5,50 €. Catalogue, coéd. RMN-Grand Palais, 144 p., 35 €.

Légende Photo :
Bon Boullogne, La Naissance de Vénus, huile sur toile, 65 x 81 cm, Musée Magnin, Dijon. © Photo : RMN (musée du Louvre)/Stéphane Maréchalle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : À la redécouverte de Bon Boullogne

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