Polémique

Un déconcertant soutien du ministère de la Culture

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 6 janvier 2015 - 670 mots

Remerciée par le Frac Nord-Pas-de-Calais et rejetée par l’École nationale supérieur d’Art de Bourges, Hilde Teerlinck bénéficie du soutien inattendu de Fleur Pellerin.

BOURGES - L’année 2015 s’annonce d’ores et déjà plus sereine que les derniers mois de 2014 pour le Frac Nord-Pas-de-Calais et l’École nationale supérieure d’Art de Bourges. En prenant acte de la décision de Hilde Teerlinck de renoncer à sa nomination à la tête de l’école, Fleur Pellerin a entériné le 10 décembre dernier la candidature d’Antoine Réguillon, conseiller pour les arts plastiques à la Direction régionale des affaires culturelles du Limousin, non sans avoir « constaté qu’aucun des faits qui seraient reprochés à Hilde Teerlinck n’a fait à ce jour l’objet d’un jugement et déploré la campagne de déstabilisation menée à son encontre. »

Sur Wikipédia, la biographie de Hilde Teerlinck a été très vite « nettoyée » des accusations de harcèlement moral que l’on pouvait y lire depuis la parution de l’article de La Voix du Nord du 8 novembre 2014 dénonçant la gestion humaine de l’ancienne directrice du Frac Nord-Pas-de-Calais accusée également de conflit d’intérêts. Griefs que Hilde Teerlinck, dans un entretien exclusif accordé au Journal des Arts le 17 décembre, a réfutés en bloc. Passé la tempête, la mise au point du ministère de la Culture et de Hilde Teerlinck passe cependant mal à Dunkerque, bien que le Frac Nord-Pas-de-Calais soit décidé à porter plainte contre La Voix du Nord pour publication de documents confidentiels suite à la divulgation sur le site du quotidien régional du protocole d’accord transactionnel signé entre le Frac et Hilde Teerlinck.

Un management contesté

Si les membres du conseil d’administration du Frac préfèrent se replier derrière le communiqué de presse du 5 décembre sur le « départ nécessaire de la directrice » sans donner les raisons « de leur désaccord », à l’intérieur même de l’institution et chez certains élus du Parti socialiste de la région on dit aujourd’hui « ne pas comprendre pourquoi le ministère ne veut pas prendre en considération les informations vraies contenues dans le protocole d’accord transactionnel, où il apparaît que l’on est davantage sur du harcèlement moral que sur de l’abus de confiance. » « S’il n’y a aucun élément mettant en cause l’honnêteté de Madame Teerlinck, il existe en revanche du concret sur sa manière de manager », précise-t-on. « D’où la volonté de l’employeur – bien que les deux parties aient convenu d’une rupture conventionnelle du contrat de travail – de laisser figurer dans le protocole les
raisons qui l’ont amené dans un premier temps à notifier à Madame Hilde Teerlinck son licenciement pour faute grave », indique-t-on au Frac.

Quant à la réaction tardive du Conseil d’administration du Frac à l’encontre de Hilde Teerlinck, les mêmes interlocuteurs qui préfèrent rester anonymes l’expliquent par « le calendrier peu favorable pour trancher dans le vif entre l’inauguration le 16 novembre 2013 du nouveau bâtiment du Frac et les élections municipales de mars 2014. » Lesquelles élections ont vu la victoire du socialiste Patrice Vergriete, soutenu par Martine Aubry, contre le maire sortant Michel Delebarre proche, lui, de François Hollande. L’affaire Hilde Teerlinck n’a cependant pas pour autant été exploitée politiquement à Dunkerque. En succédant à Michel Delebarre au siège de vice-président du conseil d’administration du Frac Nord-Pas-de-Calais en tant que président de l’agglomération de Dunkerque, Patrice Vergriete est resté tout aussi discret.

À Bourges, le communiqué du 10 décembre de la ministre de la Culture et la réponse de Hilde Teerlinck sur la procédure de recrutement  « par un comité de sélection, dûment constitué et composé de professionnels dont plusieurs membres du conseil d’administration de l’école », n’a pas été de son côté sans faire réagir. Et particulièrement le passage précisant : « dûment constitué face au manque de transparence de la procédure de nomination », dit-on du côté des enseignants qui déplorent également qu’aucun professeur de l’école ne siège au sein même de ce comité de sélection. Et ces mêmes enseignants de regretter à leur tour les dénégations répétées du ministère vis-à-vis des accusations de harcèlement moral perpétrées contre Hilde Teerlinck, malgré les mails parvenus à l’administration et aux enseignants de l’école durant l’été pour les informer de ce qui se passait au Frac Nord-Pas-de-Calais.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : Un déconcertant soutien du ministère de la Culture

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