Art ancien

L’archéologie pas à pas

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 31 décembre 2014 - 487 mots

Pour sa première exposition, Sabrina Uzan, qui reprend la Galerie Samarcande, veut apprendre aux nouveaux collectionneurs à reconnaître une œuvre.

PARIS - Joseph Uzan a transmis sa passion à sa fille et l’a formée pendant dix ans. Sabrina Uzan, aujourd’hui à la tête de la galerie, souhaite elle aussi transmettre. « Mon père a pris le temps de m’expliquer et m’a emmenée sur tous les sites et les musées. » Éclectique, la galerie ouverte depuis 1973 aborde plusieurs civilisations à travers l’archéologie classique (art romain, grec, égyptien et du Moyen-Orient), d’Asie (de la Chine exceptée) et de l’Islam.

L’exposition « Objets d’archéologie. Mode d’emploi » a un objectif bien précis : « conquérir une nouvelle clientèle, novice. Donner des clés pour comprendre et transmettre », explique la galeriste. « On apprend beaucoup en observant l’objet. L’apprentissage des matières et des techniques permet de déterminer l’authenticité d’une pièce. Ensuite, il faut se plonger dans les livres et voir et toucher beaucoup d’objets, car les photos sont traîtres ». L’apprentissage des matières est essentiel. Une résine, une pierre reconstituée se voit à l’œil nu et la tromperie peut être rapidement débusquée. De même le poids est source d’indice, une résine pesant moins lourd qu’un marbre.

Apprendre à regarder les œuvres
L’exposition réunit une quarantaine d’objets sélectionnés au fil du temps pour leur qualité esthétique ou technique. Les prix, accessibles à toutes les bourses, vont de 500 à 200 000 euros. Parmi les pièces importantes et « formatrices » pour l’œil, une déesse chatte Bastet (30 000 euros), protectrice du foyer, Égypte, époque saïte (vers 664-332 av. J.-C.). L’observation de la sculpture en bronze permet de reconnaître une patine antique. L’arrière d’un masque de momie (25 000 euros), réalisé en cartonnage, renseigne sur l’authenticité de la pièce : une couche de lin stuquée mêlée à des résidus de paille et de la peinture est rassurant. Un arrière trop parfait serait suspect. Un buste de Sérapis (38 000 euros), divinité syncrétique, Égypte, époque romaine (Ier siècle av.-Ier siècle apr. J.-C.), en serpentine, dévoile des cassures franches. La sculpture est tombée. Des cassures à pans coupés doivent éveiller les soupçons. Sur une Tête de Ménade (200 000 euros), en marbre, Rome Ier-IIe siècle (ancienne collection Ledoux), des traces d’oxydation ferreuses et de radicelles (racines qui ont imprégné la matière) indiquent que la pièce a séjourné longtemps dans la terre, ce qui constitue un indice d’authenticité.

Le marché de l’archéologie est en bonne forme, moins confidentiel qu’autrefois, mais il reste un marché de connaisseurs, non spéculatif. « Nous sommes moins d’une dizaine de marchands à Paris, note Sabrina Uzan. Je vends plus d’objets chers, mais j’aimerais vendre moins cher à des gens qui débutent dans l’élaboration d’une collection. Les initier et les fidéliser, c’est plus intéressant que d’avoir quelqu’un qui achète un marbre à 100 000 euros et qui ne revient pas. »

Archéologie

Nombre d’œuvres : 40
Prix : 500 à 200 000 €

Objets d’archéologie. mode d’emploi

Jusqu’au 28 février 2015, Galerie Samarcande, 13, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, tél. 01 42 60 83 17, www.galerie-samarcande.fr, du mardi au samedi, 13h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : L’archéologie pas à pas

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