Entretien

Yves Vasseur : « Le signe tangible de la métamorphose de la ville »

Commissaire de Mons 2015

Le Journal des Arts

Le 30 décembre 2014 - 724 mots

Yves Vasseur est le commissaire général de Mons 2015. Ancien journaliste à la RTBF, il devient en 1985 directeur du Centre dramatique Hainuyer dans le Hainaut, une institution fondue en 2001 dans le Manège, une scène transfrontalière avec Maubeuge créée avec Didier Fuselier, artisan de Lille 2004, qui lui confie l’administration de cette nouvelle scène.

Pourquoi la ville de Mons décide-t-elle en 2003 de se porter candidate au titre de capitale européenne ?
À l’échelle de l’Europe, Mons est une petite ville de moins de 100 000 habitants. C’est une réflexion qu’Elio Di Rupo, arrivé à à la tête de Mons en 2001 dans un marasme économique et social, prend très vite. La ville ne s’est jamais remise de la fin de l’épopée charbonnière, dans les Golden Sixties. Nous avons les plus hauts taux de chômage de Belgique, les plus bas taux d’étudiants dans les universités. Elio Di Rupo met le cap sur trois axes : le tourisme, la culture, et les nouvelles technologies qui, à l’époque, ne sont qu’une intuition. Une fois ces trois lignes offensives établies, il manquait le contact concret avec le citoyen : le timing était parfait pour présenter la candidature à l’année 2015, dévolue à la Belgique, comme un signe tangible de la métamorphose de la ville, c’est devenu notre slogan.

Quel est le territoire dans lequel s’inscrit Mons 2015 ?
Nous avons travaillé dans des zones concentriques. Mons ayant le titre, les événements se concentrent sur la ville et l’agglomération du Grand Mons qui réunit dix-neuf communes. Puis on étend à une trentaine de kilomètres et là, on trouve nos institutions partenaires, comme le Mac’s au Grand Hornu, le Musée royal de Mariemont, qui apportent des projets à l’Année capitale, et bien évidemment Maubeuge, avec qui nous avons des liens privilégiés. Pour le troisième cercle, nous avons joué la carte du partenariat avec quatorze villes, dont trois villes françaises, Maubeuge, Lille et Valenciennes. Il ne s’agit pas de diluer la programmation, mais de poser des balises qui attireront l’attention sur Mons.

Les esprits ont-ils été faciles à convaincre ?

Localement, il a été compliqué d’expliquer pourquoi Mons voulait être capitale, dans une région qui est dans la culture du « beautiful loser » : des centaines de réunions ont été organisées dans le temps de la candidature pour expliquer l’attractivité attendue dans la région. De manière à convaincre que l’argent dépensé n’était pas retiré d’un budget courant et que la dynamique créée et les retombées économiques pourraient à terme servir à refaire le toit de l’école ou la chaussée de la rue ! Le titre obtenu, on a fixé les bases de la coordination et on est venu avec des projets participatifs pour la population : les réponses ont été très positives.

Pourquoi avez-vous pu être taxé d’élitisme durant la préparation ?

Je réponds à cela de manière un peu bateau, à la suite de Jean Vilar : « Un élitisme oui, mais un élitisme pour tous ». Bizarrement, ce n’est que lorsqu’on parle de culture que l’élitisme est une mauvaise chose… Mon ambition est qu’un jeune de Mons ait droit au même programme qu’un jeune de Paris ou New York. Alors je le revendique, oui, je suis élitiste !

Quelles sont vos motivations pour vous être entouré d’une équipe jeune, avec une majorité de salariés de la Fondation en dessous de 35 ans ?
Je l’ai voulu. C’est un pari calculé, qu’on m’a parfois reproché. Cela fait partie de « la métamorphose », de mettre la jeunesse au cœur du projet. Au 1er janvier 2016, il faut une équipe qui ne parte pas à la retraite comme je vais le faire, mais une génération de jeunes quadras qui auront eu pendant six ans une expérience incroyable. Avec une moyenne d’âge qui tourne autour de 32-33 ans, ce sont des gens qui vont être rompus au management culturel après 2016.

Les statuts de la Fondation s’arrêtent-ils en 2016 ?
L’objet de la Fondation est de réaliser le projet de Mons 2015. Effectivement, au 31 mars 2016, le conseil d’administration devra prendre une décision, se prononcera sur son arrêt ou lui donnera un autre objet. Les équipes existent, les infrastructures sont là, à taille humaine, avec des budgets programmés. L’outil est là, aux pouvoirs publics de continuer à faire fructifier ces forces vives. Si on me demande des idées, j’en ai !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : Yves Vasseur : « Le signe tangible de la métamorphose de la ville »

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