Old Masters

La peinture ancienne à deux vitesses

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 10 décembre 2014 - 520 mots

Si Christie’s et Sotheby’s obtiennent un résultat supérieur à 20 % par rapport à l’an passé, la disparité entre les deux maisons est manifeste lors des ventes de Londres.

LONDRES - Christie’s et Sotheby’s obtiennent pour leur seconde session londonienne de ventes de peinture ancienne un résultat cumulé de 67,8 millions de livres sterling frais compris (86 millions d’euros) (1), soit un total supérieur de 20 % à celui de l’an passé. Or, Christie’s affiche un produit global presque quatre fois inférieur à sa concurrente, ne dépassant pas les 14 millions de livres (17,7 millions d’euros). En effet, Sotheby’s, « dont la salle était active, contrairement à une salle atone chez Christie’s », note l’expert Nicolas Joly, récolte 54 millions de livres (68,3 millions d’euros), un succès auquel elle ne s’attendait pas (est. 32,2-44,9 millions de livres). C’est son deuxième meilleur score après les 58 millions de livres récoltés en décembre 2012 grâce à une Tête d’un apôtre de Raphaël cédée 29,7 millions de livres (37,6 millions d’euros). Si Sotheby’s obtient ce résultat, c’est en raison de l’adjudication record d’une peinture de Turner, Rome, vue de l’Aventin (1836), absente du marché depuis 1878. Quatre acheteurs ont fait monter les enchères jusqu’à 30,3 millions de livres (38,5 millions d’euros), bien au-dessus de l’estimation de l’œuvre située entre 15 et 20 millions de livres. Ce prix arrive en seconde position après Le Massacre des Innocents, de Rubens (62,7 millions d’euros en 2002, Sotheby’s) dans la catégorie peinture ancienne. Turner est décidément très présent dans l’actualité avec une exposition à la Tate Britain, « Late Turner », et la sortie en salles du film biographique de Mike Leigh, Mr Turner.

Tableaux hollandais
Autres beaux prix pour Sotheby’s : une nature morte d’Adriaen Coorte, adjugée 3,4 millions de livres (4,3 millions d’euros, est. 2 à 3 millions de livres), un record pour le peintre. « Sotheby’s crée des cotes. Il y a dix ans, cet artiste valait 80 000 à 120 000 livres. La maison de ventes a un réseau gigantesque de clients et un pouvoir de persuasion énorme », commente Nicolas Joly.

Chez Christie’s, l’offre a fait défaut. Cependant, l’opérateur a réussi à limiter la casse. Il totalise 13,9 millions de livres (17,6 millions d’euros) pour une estimation de 12 millions. Le Portrait d’Hendrick Liberti par Van Dyck, médiocre, s’est vendu au prix de réserve à 2,8 millions de livres (3,5 millions d’euros, est. 2,5 à 3,5 millions de livres) tandis qu’une marine de 1661 de Van de Velde II et l’Allégorie de l’hiver de Bloemaert (1631) ont été adjugées respectivement 2,2 millions de livres (2,7 millions d’euros) et 780 000 livres (991 500 euros). « Les tableaux hollandais et flamands ont le vent en poupe et les marchands hollandais, tel un Johnny Van Haeften [Londres] toujours très actif, soutiennent leur marché. », explique Nicolas Joly.

Le marché reste soutenu mais est impitoyable. Il sanctionne un « mauvais » tableau en le laissant sur le carreau. C’est le cas du Cranach, Famille de faunes, chez Sotheby’s.

Note

(1) Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.

Sotheby’s le 3 décembre
Estimation : 32,2 à 44,9 m£ (40,8 à 56,9 M€)
Résultat : 53,9 M£ (68,3 M€)
Nombre de lots vendus : 36/43
Christie’s le 2 décembre
Estimation : 12 M£ (15,2 M€)
Résultat : 13,9 M£ (17,6 M€)
Nombre de lots vendus : 27/36

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°425 du 12 décembre 2014, avec le titre suivant : La peinture ancienne à deux vitesses

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