Antiquités

À Parme, une Gotha de bonne tenue

Des œuvres de qualité et un niveau correct de ventes, mais des transactions souvent lentes

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 10 décembre 2014 - 543 mots

PARME - « Gotha », la Biennale de Parme, qui a fermé ses portes le 23 novembre, constituait une véritable immersion dans l’art italien. Tableaux anciens, mobilier et objets d’art y occupaient une place prépondérante, avec quelques incursions dans l’art moderne. En revanche, l’art contemporain et le design y étaient quasiment absents.

Installée sur un site excentré à l’ambiance assez froide, la manifestation affichait une décoration réduite à sa plus simple expression. Seuls les murs des stands changeaient de couleur. Les vastes allées, très aérées, un peu vides, favorisaient la déambulation. Mais les stands auraient gagné à être mieux découpés, certains étant ridiculement petits, d’autres outrageusement grands. Cette disparité rejaillissait sur le niveau de quelques exposants qui n’avaient visiblement pas leur place ici. Quant aux cartels rédigés à la main et punaisés au mur, ils sont à proscrire.

Si la Biennale de Florence est plus internationale, installée dans ce lieu prestigieux qu’est le Palais Corsini, face à l’Arno, les œuvres présentées à Parme – venues de chaque région d’Italie accompagnées de prix et souvent raisonnables – pouvaient tout à fait rivaliser. Pourtant, les ventes fermes, assez diluées, concernaient davantage les petites pièces, tandis que celles importantes restaient au mieux en négociation.

La peinture ancienne était présente en force. Sur le stand de la galerie Datrino (Turin) trônait un Saint Jérôme de Ribera (800 000 euros) (1) ainsi qu’une Madeleine pénitente de Francesco Furini, objet d’une discussion avec un musée anglais (250 000 euros). Chez Capozzi (Gênes), on pouvait admirer un Paysage enneigé de Francesco Foschi (1710-1780) à 338 000 euros, tandis qu’Enrico Gallerie (Milan) montrait un tableau d’Alberto Pasini, La Fuite (1884), proposé à 150 000 euros. La galerie Tornabuoni (Paris) disposait d’un grand stand séparé en deux : d’un côté, était présenté de l’art ancien (comme à Florence habituellement) dont un Archimède de Sebastiano Ricci (85 000 euros) ; de l’autre était montré de l’art moderne et contemporain. Très internationale, la présence de Tornabuoni « démontre l’existence d’un marché à Parme », commentait un visiteur. Au mur, un Miró, Femme oiseau III (1976, 1,8 million d’euros), Chandelier sur le village (1968-1970) de Chagall (970 000 euros) ainsi que deux Concetto Spaziale de Fontana, l’un de 1956 à 2,6 millions d’euros, l’autre de 1957 à 3,5 millions. Quant à la galerie Cinquantasei (Bologne), elle était en négociation pour Antigone (1926) de Giorgio De Chirico (950 000 euros).

« Des prix intelligents »

Le mobilier ancien italien et les objets d’art n’étaient pas en reste. « J’ai vendu une dizaine de pièces car je pratique des prix intelligents », expliquait le marchand Umberto Campi (Dame e Cavalieri, Milan), tenant à souligner que le marché de l’art en Italie est toujours en difficulté. D’autres pièces étaient à chiner : des tables de Bugatti aux alentours de 15 000 euros, une bibliothèque vénitienne de près de 5 m de long de l’architecte Giuseppe Jappelli (1783-1854), en négociation pour 45 000 euros (Surprise di Paolo Cuoghi, Modène), un monumental buffet du XVIIIe, toujours de Venise, en ronce de noyer et bronze doré (350 000 euros) chez Camellini (Sassuolo), ou bien encore un surprenant porte-encens en bronze représentant un éléphant, Japon, vers 1875, à 50 000 euros, chez Prestinoni (Milan).

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°425 du 12 décembre 2014, avec le titre suivant : À Parme, une Gotha de bonne tenue

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque