Restauration

À la Butte-aux-Cailles, blanc c’est blanc

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 9 décembre 2014 - 587 mots

L’une des plus anciennes piscines de Paris, dénaturée dans les années 1990, a retrouvé une partie de son aspect d’origine.

PARIS - La piscine municipale de la Butte-aux-Cailles, qui s’élève sur la place Paul-Verlaine dans le 13e arrondissement de Paris, a rouvert ses portes aux nageurs cet été après un an et demi de travaux. En 2011, la direction de la jeunesse et des sports de la Ville de Paris a lancé la rénovation de ce lieu très dégradé, paré depuis quelques années de filets de protection anti-chutes au niveau de ces oculi zénithaux. Le renforcement du béton, le remplacement de l’acier oxydé, l’installation d’une nouvelle ventilation, et autres interventions sur les structures porteuses endommagées ou les équipements techniques vétustes effectuées sous la maîtrise d’œuvre de l’agence TNA architectes, se sont accompagnées d’« un retour à l’esthétisme d’origine » de la piscine réalisée par Louis Bonnier, architecte de la Ville de Paris entre 1922 et 1924.

Pourtant inscrit au titre des monuments historiques en 1990 pour son intérêt architectural et patrimonial, l’édifice – une des plus anciennes piscines parisiennes – a subi en 1991 des travaux ont dénaturé le décor intérieur du lieu. Les murs immaculés en béton armé de la halle d’un bassin d’inspiration hygiéniste avaient été bariolés de couleurs vives tandis que les frises et motifs géométriques des vestiaires avaient été supprimés. Seule la façade de la piscine constituée de lignes courbes en brique rouge des portails à la tourelle, fortement marquée par l’Art nouveau donc, était restée inchangée. « Notre projet, qui mêle restauration, restitution et touches de modernité, a été de retrouver la perception sobre et fonctionnelle d’origine », explique Thierry Nabères, directeur de TNA architectes. Et de désigner le blanc retrouvé entre les sept arches qui scandent la halle de bassin et les discrets décors des vestiaires imaginés par Bonnier, restitués à l’identique ou dans une version plus contemporaine.

Aspect lisse
Ces travaux auront eu le mérite de la modestie : s’ils rendent hommage à l’esprit de l’architecte qui a bâti les lieux, comme en témoigne les photographies d’époque provenant du fonds Bonnier (1), ils ne  détruisent pas l’existant comme pour la piscine Molitor en 2012, démolie et reconstruite entre pastiche et complexe de luxe contemporain. S’il a été un temps question de détruire le bassin très dégradé de la Butte-aux-Cailles, c’est finalement une approche respectant les matériaux en place qui a été choisie. « Le bassin avait été dé-carrelé puis re-carrelé dans les années 1990 […] et l’esthétique n’était plus très adaptée. Intervenir une nouvelle fois pouvait compromettre l’étanchéité tout à fait correcte malgré les dégradations. […] L’idée d’utiliser de la résine a permis à la fois de remplir la fonction technique d’étanchéité et, par son fini visuel, de s’approcher au plus près de ce qui se faisait à l’origine, en donnant un aspect lisse à la finition », peut-on lire dans l’ouvrage rendant compte du parti pris du chantier et des interventions effectuées (2). Les travaux, qui ont été circonscrits à l’intérieur du bâtiment, devront se poursuivre côté piscine extérieure, mais rien n’a encore été programmé.

En 2015, ce sera au tour de la Piscine des Amiraux, dans le 18e arrondissement de Paris, de recevoir un chantier de rénovation « qui devra s’effectuer dans le plus grand respect du patrimoine », selon Dominique Cerclet, conservateur régional des monuments historiques, le bâtiment conçu par Henri Sauvage étant classé.

Notes

(1) conservé à l’Institut français d’architecture.
(2) De voûtes et de briques, Piscine de la Butte-aux-Cailles, histoire d’un renouveau, éd. Archibooks-Sautereau Editeur, 2014.

Légende photo

La Piscine de la Butte aux Cailles, Paris, après restauration. © Photo : Paul Kozlovski.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°425 du 12 décembre 2014, avec le titre suivant : À la Butte-aux-Cailles, blanc c’est blanc

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