Photo

Arles est en deuil

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 26 novembre 2014 - 418 mots

Cofondateur des Rencontres de la photographie, Lucien Clergue, s’est éteint dans sa ville natale à 80 ans.

PARIS - L’inauguration l’été dernier de l’exposition « Les Clergue d’Arles » au Musée Réattu, comme celle des Rencontres d’Arles, avait montré un homme affaibli par la maladie, mais toujours aussi talentueux pour conter son itinéraire peu banal, son amitié avec Picasso et ses rencontres avec les plus grands noms de la photographie. Lucien Clergue avait l’art de conter autant que celui de construire une œuvre et un festival : Les Rencontres de la photographie, créées en 1970 avec   Jean-Maurice Rouquette, directeur des musées d’Arles et l’écrivain Michel Tournier. Sa disparition le 15 novembre, dix jours après celle de Manitas de Plata, l’ami, qu’il a découvert en 1955 et fait connaître en France et dans le monde, a raisonné particulièrement à Arles, sa ville natale, et lors de Paris Photo qui lui a dédié sa 18e édition. Lucien Clergue fait partie de ceux qui ont œuvré en France à hisser la photographie au rang d’art et à lui donner une visibilité.

Autodidacte et académicien

Né en 1934, non loin du Musée Réattu, le photographe n’a jamais fléchi dans sa passion pour le médium. Quand Izis répond devant les images que lui présentait le jeune Lucien Clergue, membre du photo-club de la ville : « Je ne sais pas où vous voulez en venir mais allez-y ! », il ne pouvait pas dire mieux. Picasso, abordé à la sortie des arènes d’Arles peu après et visité en 1955 à la villa Californie avec des photographies de nu, fut tout aussi encourageant. « Je veux que vous en fassiez d’autres », lui déclara le maître avec lequel Lucien Clergue a entretenu une amitié jusqu’à sa disparition en 1973. Picasso, Cocteau, Manitas de Plata, José Reyes, Saint-John Perse ont formé le noyau dur de l’ancrage culturel et artistique de cet autodidacte curieux, généreux, chaleureux, élevé en 2007 au rang d’Académicien faisant de lui le premier photographe élu par l’Académie des beaux-Arts de l’Institut de France.

Si Arles et la Camargue ont constitué le cadre de sa création artistique, sa ville natale lui doit d’être devenue le cadre du plus grand festival de la photographie de renommée internationale. Tout comme le Musée Réattu lui doit d’avoir disposé, dès 1965, du premier département de photographie dans un musée français, doté d’une collection constituée et enrichie par Lucien Clergue et les photographes exposés au festival d’Arles ou rencontrés lors de ses séjours à l’étranger, principalement aux États-Unis.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Arles est en deuil

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque