Ventes aux enchères

Histoire

Une nouvelle victoire pour Napoléon

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 26 novembre 2014 - 591 mots

Les reliques de l’Empereur font recette avec 10 millions d’euros dont, 1,9 million d’euros pour le bicorne.

FONTAINEBLEAU - Le souvenir de Napoléon Bonaparte est toujours vif. Il déplace les foules et fait exploser les prix. Les 15 et 16 novembre à Fontainebleau, les amateurs étaient nombreux à assister à la dispersion, sous le marteau des maisons de ventes Osenat-Binoche et Giquello, de la collection napoléonienne de Monaco, rassemblée pour l’essentiel par Rainier II (1870-1949). La salle était comble. « En quinze ans, le marché de l’Empire s’est élargi : d’une poignée de collectionneurs, le nombre est devenu considérable aujourd’hui », note Jean-Pierre Osenat. En deux jours, 10 millions d’euros (1), un record pour une vente napoléonienne, ont été récoltés (est. 4 millions) avec seulement deux invendus.

La précédente vente, en 2007, avait recueilli 7 millions d’euros, couronnant un sabre porté à la bataille de Marengo en 1800 par Bonaparte Premier consul, adjugé 4,8 millions d’euros, un record mondial pour un souvenir de l’empereur. « Il y a une fascination absolue pour l’Empire et plus grande encore pour les reliques », commente Alexandre Giquello.

Un trophée convoité
L’emblématique chapeau en feutre noir, exemplaire provenant de Joseph Giraud (vétérinaire des écuries impériales) n’a pourtant pas détrôné le sabre : il a été acheté 1,9 million d’euros (est. 300 000 à 400 000 euros) par le Sud-Coréen Tka Lee, présent dans la salle, contre une Japonaises, et venu exprès de son pays après avoir vu un reportage télévisé. Le chapeau sera placé dans le hall d’entrée du siège d’Harim group, spécialisé dans l’alimentaire. « Tous les grands collectionneurs étaient là, mais ils se sont effacés devant les très grands capitaines d’industrie qui voyaient l’occasion rêvée de faire du chapeau un symbole fort pour leur entreprise », souligne Alexandre Giquello. L’Empereur a usé environ 120 bicornes. Il en reste dix-neuf authentifiés, dont dix-sept dans des musées (deux au Musée de l’Armée). « Je suis désolé que le chapeau parte à l’étranger. D’ailleurs, les deux tiers des acheteurs n’étaient pas Français ! Mais je suis content du résultat. Cela me conforte dans mes achats et bonifie ma collection », rapporte Pierre-Jean Chalençon, grand collectionneur de l’Empire. Quoi qu’il en soit, les pièces un peu secondaires ont bénéficié d’une locomotive formidable qu’était le chapeau. Pour Jean-Claude Drey, expert de la vente, « la prestigieuse provenance a ajouté 20 % de plus au total. Mais ce serait une erreur, pour nous experts, de réajuster les estimations, les prochaines ventes ne viendront pas de Monaco. Si j’ai un deuxième chapeau, je l’estimerai 600 000 à 800 000 mais certainement pas 2 millions ! ». Parmi les pièces qui ont suscité un vif intérêt, citons le buste de l’Empereur, en marbre, atelier d’Antonio Canova, adjugé 706 000 euros (est. 150 000 à 200 000 euros) ; l’assiette du service particulier de l’Empereur dit des « quartiers généraux » (1810), Sèvres, cédée pour 528 000 euros (est. 60 000 à 80 000 euros) et le berceau offert par l’Empereur à sa fille adoptive Stéphanie de Beauharnais vendu 257 600 euros (est. 200 000 à 250 000 euros). L’épée, vers 1780-1790, de provenance incertaine, munie d’un pommeau pavé de diamants, estimée d’abord 600 000 à 800 000 puis 400 000 à 600 000 euros, n’a pas dépassé 400 000 euros au marteau. Une estimation de 150 000 à 200 000 euros auraient été plus raisonnables.

Collection napoléonienne de Monaco

Estimation : 4 millions d’euros
Résultat : 10 millions d’euros

Note

(1) Les estimations s’entendent hors frais et les résultats frais compris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Une nouvelle victoire pour Napoléon

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