Ventes aux enchères

Art contemporain

Christie’s, la machine à records

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2014 - 661 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Christie’s confirme sa position avec une vente record soutenue par un marketing massif.

NEW YORK (ÉTATS-UNIS) - Lorsque Jussi Pylkkänen, président de Christie’s Europe, a fait tomber le marteau pour le 75e lot de la vente du soir à New York, il a clos une nouvelle semaine folle pour l’art contemporain. La maison de François Pinault s’est ainsi distinguée en réalisant la meilleure vente de son histoire avec 684,2 millions d’euros (852,8 M$ [1]) engrangés en quelque trois heures.
La séquence avait été ouverte par Sotheby’s le 10 novembre avec la vente d’une partie d’une des plus grandes collections américaines, celle de « Bunny » et Paul Mellon. Cette provenance exceptionnelle a permis à l’ensemble des 43 lots de trouver preneur pour 127 millions d’euros (158,7 M$), bien au-delà de l’estimation initiale, incluant 93,8 millions d’euros (116,6 M$) pour l’art contemporain. Rothko a été la vedette de la soirée, avec une toile bleu vert de 1970 cédée à Nancy White 32,1 millions d’euros (39,9 M$), le double de son estimation quand la seconde, dans les tons orangés, a été remportée 29,3 millions d’euros (36,5 M$) par le marchand Helly Nahmad. Ce succès ne s’est pas étendu à la vente du soir et la collection du magnat français Pierre Schlumberger n’a pas bénéficié de la même dynamique. Certes, un des mythiques Flag de Jasper Johns a permis d’établir le record du monde de l’artiste à 29 millions d’euros (36 M$) en doublant son estimation basse. Certes les records furent aussi au rendez-vous pour Jean Dubuffet, Robert Ryman ou d’autres. Mais le Rothko rouge et noir, vedette de la soirée, n’a pas atteint son estimation basse, tandis que la vente dans son ensemble l’a tout juste atteinte avec 276,8 millions d’euros (343 M$) pour une estimation de 321,80 millions d’euros (400 M$), un résultat en baisse par rapport à l’an dernier. L’auctioneer se retrouve également encombrée de plusieurs œuvres garanties, notamment Moon (Yellow) de Jeff Koons.

Des résultats en force
De son côté, Christie’s a confirmé sa longueur d’avance en art contemporain grâce à une vente historique. Représenté par plusieurs figures féminines la veille, Warhol était sous le feu des projecteurs en version masculine avec Elvis Presley et Marlon Brando. Triple Elvis est finalement parti à 65,7 millions d’euros (81,9 M$), quand Four Marlons a récolté 55 millions d’euros (69 M$). Les records se sont enchaînés pour Cy Tombly, Ed Ruscha, Martin Kippenberger, Peter Doig, Yayoi Kusama… Au total vingt œuvres ont dépassé les 10 millions d’euros. La maison avait garanti près de la moitié de ses 80 lots et poussé ses estimations au-delà du raisonnable (672,60 millions d’euros, soit 636-836 M$) aussi la pression était à son comble. Le marketing autour de la vente a joué à plein. « Nous avons organisé des expositions sur trois continents : en septembre près de Palo Alto, puis les œuvres sont allées à Hongkong et Londres en octobre, quelques œuvres ont été ensuite montrées à San Francisco avant de revenir à New York et d’être exposées à Rockefeller Plaza pendant deux semaines  », explique Jean Christophe Harel, directeur marketing pour l’art contemporain chez Christie’s. À New York, plus de 12 000 personnes se sont pressées à l’exposition accueillant également une succession ininterrompue d’événements privés. La maison inaugurait à cette occasion une nouvelle galerie, avec une salle vidéo diffusant une quinzaine de films produits autour des œuvres. Dans les salles, le raffinement avait été poussé jusqu’à programmer plusieurs bandes-son spécifiques : jazz pour les œuvres d’après-guerre, Velvet Underground autour de Warhol. Les achats publicitaires ont inondé le New York Times et d’autres, quand les outils numériques étaient pleinement investis : nouvelle version du site, mailings intensifs et réseaux sociaux résonnant dans le monde entier. Côté produits dérivés, les bracelets Marlon ou Elvis se sont arrachés. « Chacun pouvait choisir son camp favori ! » commente le directeur marketing. La fin justifie les (gros) moyens.

Note

(1) Les estimations s’entendent hors frais et les résultats frais compris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Christie’s, la machine à records

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