Service universel culturel

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2014 - 324 mots

François Hollande a annoncé jeudi 6 novembre sur TF1 sa volonté d’élargir l’actuel service civique pour les jeunes vers un service « universel » plus court et non rémunéré. Si cela venait à se mettre en place, il y aurait là une opportunité pour l’éducation artistique et culturelle qui manque de médiateurs pour être vraiment efficace. Combien de visites supplémentaires de scolaires ou de populations en difficulté pourraient être organisées dans les musées et centres d’art si les accompagnateurs étaient plus nombreux ! Chacun sait que le levier principal de la démocratisation de l’art est la visite guidée, adaptée aux divers types de publics. Actuellement, près de 90 000 étudiants suivent des études artistiques et culturelles dans environ 400 établissements, dont 10 000 sortent diplômés chaque année, constituant ainsi un réservoir pour un « service universel culturel ». Mais pour que ce programme réussisse il faut qu’il soit pérennisé et plus encore qu’il induise un changement de mentalité. Pérennisé parce que cela prend du temps, plusieurs années, pour que tous les rouages de la société assimilent un tel dispositif et en tirent le meilleur parti. Mais cela n’est rien à côté des mutations sociologiques et psychologiques qu’il requiert.

Les missions du service civique exercées dans le secteur culturel, le plus souvent à l’accueil et à la médiation dans les musées ou centres d’art, indemnisées 573 euros net par mois, ressemblent surtout à des stages traditionnels déguisés. Difficile d’imaginer qu’un dispositif élargi et gratuit suscite l’enthousiasme des jeunes. Contrairement aux pays anglo-saxons où le bénévolat est très présent dans les musées, en France celui-ci se développe essentiellement dans le champ social. Il faut donc positionner différemment ce service élargi et en faire un service obligatoire, comme ne l’a pas exclu le président. Cela passerait par un référendum, a-t-il ajouté. Voilà un débat public qui pourrait dépasser les clivages politiques ou sociologiques habituels en se plaçant sur le terrain de l’engagement de chacun dans la cité.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°423 du 14 novembre 2014, avec le titre suivant : Service universel culturel

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