Art/Design

Un PAD London en dents de scie

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2014 - 762 mots

Pas de fièvre acheteuse cette année au Pavillon des arts et du design à Londres. L’énergie a fait défaut à l’édition londonienne qui a enregistré des résultats inégaux.

LONDRES - Le PAD (Pavillon des arts et du design) London, version anglaise du salon qui se tient aux Tuileries à Paris en mars, a fermé ses portes le 19 octobre au soir sur une impression générale d’un manque de dynamisme, comparativement à l’an passé. Tous les ingrédients étaient pourtant réunis et les marchands étaient confiants. D’abord, la place londonienne est considérée comme très dynamique, avec une concentration de grosses fortunes. Ensuite, le choix du lieu, un emplacement très central et chic de Londres, proche des grandes maisons de ventes. Enfin, une pléthore d’événements étalés sur une semaine, entre Frieze Art Fair et Frieze Masters et des ventes d’art contemporain organisées par Christie’s, Sotheby’s et Philips. « Tout le monde de l’art est à Londres cette semaine », se réjouissait Jacques Lacoste, juste avant le top départ. Mais finalement, cette concomitance d’événements n’a pas joué en faveur des transactions, plus diluées qu’à l’accoutumée. Faire le vernissage du PAD en même temps que d’autres vernissages, notamment celui de Frieze Masters, ne s’est pas révélé être un bon calcul. Si d’ordinaire, les allées sont impraticables le soir du lancement, ce n’était pas le cas cette année. Or, « un salon sans vernissage rend les choses compliquées pour la suite », commente Alain Marcelpoil, qui n’a pas retrouvé l’énergie de l’an passé. L’offre était telle à Londres que les collectionneurs ne savaient plus quoi choisir : « j’ai senti que beaucoup de visiteurs étaient pressés, la tête ailleurs pensant déjà à tout ce qu’il leur restait à voir. Ils étaient en tension, ce qui n’est pas propice au recueillement nécessaire lors d’un achat », notait Jacques Lacoste. Le marchand a vendu plusieurs pièces de Max Ingrand, dont un beau lustre ainsi qu’un miroir, remarquant un intérêt pour l’esthétique des années 1960, mais il n’a pas vendu une chauffeuse de 1939, ni une table de Jean Royère en marqueterie de paille.

Des ventes pénalisées par la baisse des bourses
Les événements au Moyen-Orient et la chute des marchés boursiers au moment même de l’ouverture du salon ont provoqué un vent de panique chez les acheteurs et certainement contribué à affaiblir le PAD 2014. « C’est très mauvais pour nous. Tous nos clients doivent être devant leur ordinateur à scruter la bourse ! », pronostiquait un spécialiste du marché en milieu de semaine. Il n’avait pas tort.
Aussi, malgré la qualité des pièces, les ventes ont été inégales. Pour Sophie Negropontes (Negropontes Galerie, Paris), « c’était un bon salon en termes de contacts, qui se travaille, et qui a bénéficié d’une très bonne organisation, dans un lieu superbe ». Sous-entendu, peu de ventes dans l’immédiat. Pour Pascal Cuisinier (Paris), « ce n’était pas le même rythme de vente que l’an passé. C’était très faible en termes de ventes, mais j’ai quand même vendu à un marchand exposant au PAD ». Philippe Jousse (Jousse Entreprise, Paris), pour qui ce n’était pas la meilleure année, notant l’absence de moments forts, a cependant vendu un lit à baldaquin en métal de Maria Pergay et deux fauteuils de Pierre Paulin sur le modèle créé pour les Pompidou à l’Élysée en 1972 (autour de 80 000 euros) et Pierre Passebon a cédé une table de Xavier Lust (45 000 euros).

La sélection de plus en plus éclectique – selon le désir de Patrick Perrin, fondateur du salon – comptait un nombre croissant de stands dévolus aux antiquités et à l’art tribal. Pour la première fois, alors que la place londonienne n’est plus une place forte pour les arts premiers, le salon rassemblait quatre exposants dans cette spécialité, dont Lucas Ratton, satisfait de cette première expérience : « j’ai beaucoup de nouveaux clients qui viennent de Londres alors ma présence ici était réfléchie. J’ai même vendu ma pièce phare, une statue Fang ». Jean-Christophe Charbonnier a également vendu, mais pas autant qu’il l’aurait souhaité tandis qu’Oscar Graf se disait content d’avoir cédé ses grosses pièces. Si un manque de tableaux se faisait sentir, certaines galeries ayant déserté l’événement pour Frieze Masters, on constatait une présence accrue du design contemporain. Carpenters workshop Gallery, très bien placé face à l’entrée, a rencontré un beau succès avec la pièce de Random International Swarm study ainsi que le Bangha Alu de Vincent Dubourg et le banc de Rick Owens. Adrian Sassoon (Londres) a vendu des œuvres de la céramiste Felicity Aylieff et Maria Wettergren (Paris) s’est délestée de plusieurs pièces.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°422 du 31 octobre 2014, avec le titre suivant : Un PAD London en dents de scie

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