La collection Frum plébiscitée

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2014 - 526 mots

La dispersion de la collection d’art de Murray Frum chez Sotheby’s a triomphé, grâce à la qualité et à la provenance des œuvres.

PARIS - Le 16 septembre, c’est une vente en forme d’hommage rendu au collectionneur Murray Frum qu’organisait Sotheby’s. Une vente « en gants blancs » puisque les 49 lots d’art océanien ont trouvé preneur. Cette dispersion, la plus importante depuis celle de la collection James Hooper à Londres entre 1976 et 1980, a récolté 7,5 millions d’euros frais compris, dépassant son estimation initiale de 4,5 à 6 millions d’euros (1). Ce succès couronne l’art océanien que cet homme d’affaires canadien a collectionné durant quarante ans, rassemblant des objets raffinés, d’une grande variété stylistique.

Beaucoup d’enchérisseurs ont animé la vacation, certains ne s’étant pas manifestés depuis longtemps, du moins dans ce domaine. D’ailleurs, les acheteurs venaient de tous horizons, de l’art moderne et contemporain mais aussi des tableaux anciens, des objets d’art ou de l’art africain : « Le paysage des collectionneurs d’art océanien s’est élargi, tout en établissant une reconnaissance universelle pour l’œil de Murray Frum », a souligné Marguerite de Sabran, directrice du département d’art africain et océanien de Sotheby’s Paris.

Cette vente est à inscrire dans les annales à plus d’un titre, notamment parce qu’il n’existe pas d’exemple comparable d’un tel ensemble sur le marché. « Ces œuvres ont été choisies avec un œil et une culture. Chacune se distinguait de son corpus et avait une histoire rejoignant celle des premières collectes ou des premiers collectionneurs qui se sont intéressés à ces domaines », a expliqué Marguerite de Sabran. En effet, de solides provenances venaient confirmer la rareté des pièces puisque la plupart d’entre elles appartenaient aux plus grands collectionneurs d’art océanien, à l’exemple de Harry Beasley, Kenneth Webster, Jacob Epstein et bien sûr James Hooper. Enfin, plusieurs statues polynésiennes jalonnaient l’ensemble, ce qui est très rare. Aussi, tous les objets ont été cédés, et ce, au-delà de leur estimation haute pour la plupart. Les trois pièces maîtresses de la vente sont venues bouleverser le « top ten » de l’art océanien : l’œuvre phare, une statue d’ancêtre Uli, aire Mandak, centre de la Nouvelle-Irlande, a été adjugée 1,6 million d’euros (est. 700 000 euros à 1 million d’euros), un record mondial pour une œuvre Uli. De même, une tête de « dieu bâton » (atua rakau), Ratotonga, îles Cook, s’est vendue 1,2 million d’euros (est. 1 à 1,5 million d’euros). Petite déception pour la statue pou whakiro, Maori, Nouvelle-Zélande, qui, malgré sa rareté (6 exemplaires dans le monde), n’a pas atteint son estimation basse à 1,4 million d’euros (est. 1,5 à 2 millions d’euros). Ce n’en est pas moins un record mondial pour une œuvre Maori.

Le succès de cette vente ne signifie pas nécessairement que les estimations en art océanien vont augmenter. Mais ces nouvelles références conforteront probablement les acheteurs potentiels.

Sotheby’s, le 16 septembre

Résultat : 7,5 M€ (frais compris)
Estimation : 4,5 à 6 7,5 M€
Nombre de lots : 49
Pourcentage de vente : 100 %

Note

(1) Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris (entre 12% et 25 %).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : La collection Frum plébiscitée

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