Galeries françaises en représentation

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2014 - 767 mots

Conscients d’apparaître comme les ambassadeurs de la France, les marchands de l’Hexagone peaufinent leur sélection avec des œuvres inédites et représentatives de l’identité de la galerie.

Chaque année, la Fiac se targue d’augmenter la présence des galeries étrangères, choisies parmi les meilleures sur la scène internationale. Le corollaire, une lapalissade, est que celle des marchands français diminue. Sur les 191 galeries présentes à la Foire, seulement 49 françaises ont réussi à obtenir le convoité sésame. Ce sont ainsi 25 % des effectifs qui proviennent de l’Hexagone contre près de 30 % en 2013, chiffre déjà en baisse depuis plusieurs années.

La grogne est ainsi montée chez les recalés ; parmi les absences remarquées, relevons celles de Jeanne-Bucher, Semiose ou Bernard Ceysson – les deux dernières galeries citées ont cependant décroché une place à la foire satellite (Off)icielle. Et pour ceux qui restent entre les murs du Grand Palais, les enjeux sont cruciaux, en premier lieu en termes financiers. Pour de nombreux marchands, la Foire représente en effet une part substantielle de leur chiffre d’affaires annuel. Alors que la fréquentation baisse constamment dans les galeries et que le coût des stands est élevé, les ventes doivent être importantes. Tout doit être fait pour attirer les collectionneurs étrangers.

La France, pays hôte
La Fiac est également l’occasion pour les marchands de s’adonner aux relations publiques. « Nous ne pouvons nous passer de la promotion que représentent les foires. Cela nous permet de réactiver tous nos contacts : collectionneurs, institutionnels, médias, etc. », confie Nathalie Vallois, directrice de la galerie du même nom. En outre, les Français reçoivent chez eux, ce qui constitue un enjeu supplémentaire. « La Fiac est dans notre pays, aussi nous devons affirmer une présence », ajoute la galeriste.

Les galeries françaises installées au rez-de-chaussée du Grand Palais se doivent ainsi de réserver des œuvres exceptionnelles pour la Foire. « Préparer la Fiac nous prend entre deux et quatre ans de travail en amont de l’événement. Ce temps nous permet d’être très sélectifs », explique Franck Prazan. Le galeriste a choisi de présenter une exposition monographique de Georges Mathieu, avec un ensemble de seize toiles monumentales datées des années de maturité du peintre de l’abstraction lyrique. Il est pourtant l’un des seuls Français du rez-de-chaussée à opter pour le solo show. Trop risqué ? « C’est quitte ou double ! Mais il me paraît beaucoup plus pertinent de montrer ce travail en réunion, et pour moi c’est profondément le travail d’un marchand de tableau. Les précédentes éditions de la Fiac, qui se sont très bien déroulées, nous ont d’ailleurs donné raison », poursuit-il.

Un mixte d’historique et de contemporain
À la Galerie Lelong, se côtoient de très grandes toiles inédites de Sean Scully, des œuvres historiques et récentes de Barry Flanagan, un bronze de Jaume Plensa et une toile d’Etel Adnan, une artiste qui vient d’intégrer la galerie. « Notre problématique est de représenter au mieux nos artistes dans leur travail le plus récent », explique François Dournes, de la galerie. Ce choix de pièces inédites et représentatives de l’identité de la galerie est également celui fait par Emmanuel Perrotin. Ses espaces accueillent une sculpture (2014) de Tatiana Trouvé, une nouvelle huile de Laurent Grasso appartenant à la série des « Studies into the Past » (2014) ou quatre grands formats de Bernard Frize (2008 à 2014) montrés pour la première fois. « Nous présentons des ensembles plus importants d’un même artiste cette année, ce qui est lié en partie à l’ouverture de notre nouvel espace à Paris », indique-t-on chez le marchand.

Chez Georges-Philippe et Nathalie Vallois, l’art le plus contemporain voisine avec des pièces historiques du Nouveau Réalisme, selon la ligne de la galerie. On trouve ainsi Niki de Saint Phalle, décidément à l’honneur au Grand Palais, avec un « Tir », relief en plâtre de ses débuts, ou un « Tableau éclaté » des années 1990, aux côtés de Jean Tinguely ou Alain Jacquet, mais aussi de Richard Jackson, Henrique Oliveira ou Gilles Barbier. « Un stand moitié français, moitié international », commente Nathalie Vallois.

Ce voisinage des modernes et des contemporains est également au cœur des stands de la galerie Le Minotaure – où un tirage d’Erwin Blumenfeld est présenté parallèlement à une photographie de Loretta Lux – comme de la Galerie 1900-2000, où un autoportrait d’Antonin Artaud fraie avec une huile pailletée de Frédéric Léglise.

Enfin, il ne faudra pas manquer le stand d’Yvon Lambert, qui tire sa révérence comme galeriste, et présente en guise d’au revoir une sélection de pièces récentes de ses artistes, de Bertrand Lavier à Nan Goldin.

Les articles du dossier : Fiac 2014 : mobilisation générale
  • La Fiac illumine la scène parisienne
  • La Fiac en ordre de bataille
  • Les jeunes bousculent la Fiac
  • Galeries françaises en représentation
  • Des enseignes étrangères en nombre
  • (Off)iciellement attendue
  • Agenda de la fiac / (OFF)ICIELLE
  • Le « off » et l’officiel
  • Du contrat entre l’artiste et le galeriste
  • Le collectionneur sur l’échiquier
  • Les nommés du prix Duchamp 2014
  • La Fiac repousse les murs
  • La nuit des galeries parisiennes

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : Galeries françaises en représentation

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