Commission européenne

L'imbroglio Navracsics

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2014 - 490 mots

Après le rejet de la candidature de Tibor Navracsics par le Parlement européen, Jean-Claude Juncker doit trouver une nouvelle combinaison.

BRUXELLES - Dès son annonce en septembre, la nomination de Tibor Navracsics en tant que commissaire à l’éducation, à la culture, à la jeunesse et à la citoyenneté avait fait débat (lire le JdA no 419, 19 sept. 2014). Tibor Navracsics est un proche du très contesté Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui avait déclaré en juillet que la démocratie libérale n’était pas le seul modèle politique valable. En septembre, son gouvernement a retiré l’agrément fiscal de plusieurs ONG étrangères critiques envers le gouvernement, parmi lesquelles Transparency International, menaçant de fait leur maintien en Hongrie.

Un commissaire légitime
Lors de son audition au Parlement le 1er octobre, Tibor Navracsics a  rappelé sans relâche son soutien aux valeurs européennes, a pris ses distances avec le gouvernement hongrois, et a nié d’évidents problèmes démocratiques dans son pays. Mais il n’a pas convaincu les députés européens, tant les actions passées de Navracsics étaient en contradiction avec ses affirmations. Ancien ministre de la Justice, il était à l’origine d’une loi menaçant la liberté de la presse en Hongrie. La loi avait finalement été amendée sous la pression européenne.

Le Parlement européen a toutefois reconnu que Tibor Navracsics était légitime à exercer le poste de commissaire. Mais le 6 octobre, la commission parlementaire de la culture et de l’éducation a estimé par un vote de 14 voix contre 12 que Tibor Navracsics n’était pas le candidat approprié pour ce portefeuille précis. Si, par le passé, le Parlement européen est déjà parvenu à bloquer la candidature de certains commissaires, c’est la première fois qu’un vote explicite rejette une attribution précise d’un commissaire, en fonction de nouvelles compétences que le Parlement entend bien exercer. Mais le Parlement ne peut approuver ou rejeter la Commission que dans son ensemble. Jean-Claude Juncker, son  futur président, devra-t-il ainsi remanier la distribution des portefeuilles parmi les vingt-sept autres commissaires de son équipe ?

Le rejet de Navracsics a cependant été éclipsé par un problème plus important. « La candidate slovène Alenka Bratusek s’est désistée. La priorité est de trouver le commissaire manquant », déclare Mina Andreeva, porte-parole de Jean-Claude Juncker. À la suite d’une audition catastrophique, le Parlement européen, qui reprochait notamment à la candidate slovène de s’être autoproclamée commissaire alors qu’elle était Première ministre sortante, a massivement rejeté sa candidature. Mina Andreeva ajoute que le cas de Tibor Navracsics est différent, puisqu’il a été confirmé comme commissaire, seule l’attribution du portefeuille posant problème. Jean-Claude Juncker pourrait ainsi tenter de négocier avec le Parlement européen en retirant le domaine le plus problématique du portefeuille de Navracsics, celui de « citoyenneté ». Le vote définitif d’approbation de la Commission par le Parlement devait avoir lieu le 22 octobre, pour une entrée en fonction de la nouvelle équipe le 1er novembre. Le calendrier peut être maintenu si un nouveau candidat slovène est rapidement nommé.

Légende photo

Tibor Navracsics - © Photo Derzsi Elekes Andor - 2014 - Licence CC BY-SA 4.0

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : L'imbroglio Navracsics

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