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Les dessous du Louvre

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2014 - 644 mots

PARIS

Initié en 2011, le projet de réaménagement des espaces sous la pyramide du Louvre a débuté cet été. Le président du musée, Jean-Luc Martinez, en a livré les détails.

PARIS - Avec près de 9 millions de personnes venues de tous horizons et se pressant chaque année pour découvrir La Joconde pour la première fois, se rendre fidèlement aux expositions temporaires ou étudier de plus près des natures mortes hollandaises, le Musée du Louvre bat des records d’affluence. Conçu à la fin des années 1980 pour accueillir un maximum de 4,5 millions de visiteurs, le projet d’I.M. Pei n’est plus adapté aux nouvelles exigences du public et aux mesures de sécurité imposées par le plan Vigipirate.

Les solutions ponctuelles pour y remédier – tel ce poste de sécurité de fortune installé à l’entrée de la pyramide – font figure de verrues qui dénaturent la beauté du site. Vingt-cinq ans après une inauguration sous les acclamations et les sifflets, la pyramide et son atrium tiennent plus du hall de gare arpenté par des passagers déroutés que de l’antichambre du plus grand musée du monde. Avec une fréquentation de 12 millions de visiteurs attendue pour 2025, la direction du musée se devait de réagir : « Nous prenons acte du succès du musée », indique le président Jean-Luc Martinez lors de la présentation du projet « Pyramide ». Réparti sur 26 mois jusqu’en août 2016, le chantier d’un montant de 53,5 millions d’euros sera financé en majeure partie par le Louvre Abou Dhabi (environ 35 millions d’euros), les revenus du fonds de dotation (environ 13 millions d’euros) et le mécénat (entre 5 et 6 millions d’euros).

Réorganisation de l’accueil central
L’Agence Search, bureau d’architectes mandataire, parle de micro-interventions pour faire évoluer la célèbre réalisation d’I.M. Pei, tant sur le plan de la fluidité des déplacements, de l’organisation des espaces, de la signalétique et du confort d’ensemble. Premier problème à corriger : la file d’attente en extérieur qui peut durer jusqu’à 4 heures. Les accès au niveau de la pyramide et du passage Richelieu seront doublés, et les postes de contrôles au rayon X réaménagés pour une meilleure intégration visuelle. Malgré les louanges de l’agence formulées au sujet de l’architecture de verre et de pierre de Bourgogne, le projet d’I.M. Pei ne présentait aucune correction phonique. Les agents du musée travaillant à la borne centrale d’information, aux différents accès et postes de billetteries et vestiaires sont les premières victimes d’un brouhaha incessant. Sollicité pour adouber ce réaménagement, l’architecte américain a lui-même suggéré de revenir au projet initial pour les structures d’accueil : creuser les imposantes trièdres, ou piliers triangulaires, qui cachent aujourd’hui des gaines techniques. Et contrairement à l’îlot central actuel, ces nouvelles niches tapissées pour étouffer le bruit ambiant resteront visibles en cas de pic d’affluence. Le reste de « l’opération table rase » consiste en un jeu de chaises musicales dans lequel les services aujourd’hui éparpillés par spécificité seront regroupés pour plus de clarté. Une grande billetterie unique prendra la place de la librairie, laquelle sera déployée le long du couloir qui relie la pyramide à sa jumelle inversée ; une bagagerie unique sera dotée de casiers individuels ; des sanitaires supplémentaires seront créés dans un vestiaire… Le tout a été conçu pour faire gagner le visiteur en autonomie et raccourcir le temps qu’il passe sous la pyramide. L’atrium ainsi vidé accueillera des colonnes Morris revisitées qui informeront le visiteur sur les actualités du musée. L’entreprise sera également esthétique : le mobilier et les comptoirs seront redessinés et la signalétique revue pour plus de lisibilité. En marge de ce réaménagement, Jean-Luc Martinez a précisé qu’était lancée une vaste opération de refonte de la médiation. Les panneaux de salles seront trilingues et les quelque 38 000 cartels d’œuvres seront (enfin !) traduits en anglais. N’oublions pas que trois visiteurs du Louvre sur quatre viennent de l’étranger.

Légende photo

Hall Napoléon, sous la pyramide du Louvre. © Photo : Musée du Louvre/Pierre Philibert.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°420 du 3 octobre 2014, avec le titre suivant : Les dessous du Louvre

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