La multiplication des « off »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 3 septembre 2014 - 844 mots

De nombreux antiquaires profitent de l’effervescence de la Biennale pour organiser des expositions dans leurs espaces. Certains s’associent entre-eux ou même avec des maisons de ventes.

Depuis que la Biennale existe, les galeries de la capitale en ont tiré profit, organisant dans leurs murs des expositions. Pour Alexis Kugel, antiquaire, « c’est l’occasion de profiter de cette dynamique très positive et de participer au rayonnement de Paris à ce moment-là ».

Alexis et Nicolas Kugel ne participent plus à la Biennale depuis 1994 – « un stand ne nous permet pas d’exposer un sujet pointu », justifient-ils –, mais ne manquent jamais ce rendez-vous ! Du 10 septembre au 8 novembre, ils exposent de l’orfèvrerie de Strasbourg, du XVIe au XIXe siècle. « C’est un hommage à notre père, pour fêter le cinquantenaire d’une exposition réalisée sur ce thème en 1964, avec la collaboration du conservateur du Musée de Strasbourg, Hans Haug. » L’exposition présente un  intérêt commercial, mais aussi didactique avec la publication du dictionnaire des orfèvres de Strasbourg. « Nos expositions aiment mettre sous un microscope un domaine très précis de l’histoire de l’art qui nous fait découvrir un univers tout aussi passionnant qu’en survolant l’ensemble », souligne Alexis Kugel. Cette orfèvrerie a la particularité d’être imprégnée de la double culture allemande et française. Aussi l’exposition se divise-t-elle entre l’influence germanique à la Renaissance et l’époque baroque, et celle de Paris. La majorité des pièces sont inédites et la plupart en argent doré. Sont dévoilés entre autres, une coupe en forme d’ours (XVIe) ainsi qu’un service de toilette pour la duchesse de Mecklenburg-Strelitz, pas vu depuis 1936.

Dans un autre registre, la galerie Jacques De Vos propose (12 septembre-31 octobre) dix-sept pièces d’Eileen Gray, certaines uniques, issues de sa collection personnelle (de 35 000 à 5,5 millions d’euros). C’est la première fois depuis sa disparition en 1976, qu’une galerie européenne expose cette pionnière du design. Parmi les pièces proposées, dont cinq ont figuré dans la rétrospective du centre Pompidou en 2013, une élégante console en bois laqué, vers 1918, un guéridon en bois teinté noir et vernis, vers 1925, une paire de fauteuils « bibendum », vers 1926 et un meuble de rangement quadrangulaire en bois peint blanc conçu pour E 1027. « Cette fascination pour Eileen Gray vient de sa force de caractère, qui m’émeut », confie le galeriste. « Je ne suis pas déçu de vendre. C’est un plaisir de voir tout réuni. Il n’y aura jamais de vente Jacques de Vos, les invendus iront à mon fils ».

Associations d’antiquaires

Toujours en off de la Biennale, quatre antiquaires se réunissent à la galerie Berger  (10-12 septembre) pour présenter des pièces uniques de mobilier et objets d’arts français du XVIIIe siècle, d’orfèvrerie ancienne et de sculptures. Jean-Baptiste Fabre (Genève) montre du mobilier d’exception, tout comme la galerie Berger (Beaune), qui présente une commode en acajou d’époque Louis XVI portant une double estampille de Cramer et Dautriche. Ils sont accompagnés par Bernard de Leye (Bruxelles) spécialisé en orfèvrerie et la galerie Sladmore (Londres) qui expose des bronzes du XIXe siècle.
Pascal Cuisinier aussi, a préféré rester dans sa galerie tout en investissant l’espace Jean-Michel Wilmotte avec les transformations esthétiques et formelles du «  siège français, 1951-1961 ». Une centaine de pièces sont visibles, chaises, fauteuils, canapés, chauffeuses et banquettes, créées par les plus grands designers de l’époque, tels Pierre Guariche ou Pierre Paulin. À la galerie Perrin (9 septembre-23 octobre), les photographies de la série « Hurricane » de l’artiste américain Clifford Ross dialoguent avec la pureté et simplicité des lignes d’un  mobilier en acier.

D’autres galeries apportent leur pierre à l’édifice, telles Chastel-Maréchal et Pierre Cardin qui exposent ensemble jusqu’au 5 octobre le designer français Yonel Lebovici, tandis que la galerie Vallois présente Coco Fronsac, jusqu’au 4 octobre : l’artiste peint sur des originaux photographiques occidentaux de la fin du XIXe des masques africains ou d’Amérique du Nord à la gouache. Dans le cadre du Septembre des vernissages (Carré Rive Gauche), la galerie Antoine Laurentin présente un ensemble de laques et gouaches de Jean Dewasne (1921-1999). Parmi ce foisonnement d’expositions, certaines galeries collaborent avec les maisons de ventes, telle la galerie Aveline. « Vu le prix exorbitant des stands, c’est plus intéressant pour moi d’exposer dans ma galerie ! », lance Marella Rossi. En association avec Sotheby’s, la galerie présente jusqu’au 22 septembre des meubles et objets d’art du XVIIIe, tandis que la maison de ventes expose des collections d’art d’Afrique qui seront dispersées à Paris et New York. De même, la galerie Alexis Bordes dévoile des tableaux et sculptures des écoles française, italienne et flamande, du XVIe au XIXe siècle jusqu’au 28 novembre, en partenariat avec Bonhams. Certaines galeries exposent  aussi dans leurs espaces en plus de leur stand à la Biennale, telle la galerie Steinitz, qui réunit une quarantaine de pièces d’Édouard Lièvre (1828-1886) – « c’est le moment de profiter de la venue des conservateurs étrangers », souligne Benjamin Steinitz – ou la galerie du Passage, qui présente jusqu’au 11 octobre des meubles du designer Xavier Lust.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°418 du 5 septembre 2014, avec le titre suivant : La multiplication des « off »

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