Galeries

En attendant le mois d’août

Par Pauline Vidal · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 2014 - 902 mots

Un grand nombre de galeries parisiennes sont encore actives en juillet. Certaines poursuivent la présentation de monographies tandis que d’autres optent pour le « group show ».

PARIS - Le mois d’août laissera comme chaque année Paris s’endormir. Mais pour l’heure, il est encore possible de pousser les portes des galeries pour découvrir leur dernière exposition de la saison. En effet, nombre d’entre elles restent ouvertes en juillet. « Nous considérons le début de l’été comme une période très active, avec évidemment la très importante Foire de Bâle ou encore les ventes aux enchères de Londres. Beaucoup de visiteurs internationaux voyagent en Europe à ce moment, et avec la haute saison touristique à Paris, l’affluence dans les galeries est importante », déclare Serena Cattaneo, directrice de Gagosian Paris. Néanmoins, « après un mois de juin surbooké, juillet est en général plutôt calme. Il y a peu de collectionneurs », confie Olivier Antoine de la Galerie Art: Concept. Aussi, souvent, se poursuivent en juillet les expositions programmées en juin, en lien pour certains avec Art Basel. C’est ainsi que l’on peut voir Nathan Hylden chez Art: Concept. Ce jeune artiste montant de la scène de Los Angeles présente neuf nouvelles peintures réalisées à partir de photographies prises dans son atelier et sérigraphiées sur toile d’aluminium. Tout en reprenant à son compte des principes de l’art minimal comme la sérialité, il poursuit une réflexion sur l’absence et le passage du temps.

Expositions monographiques

À la galerie Kamel Mennour, la saison s’achève avec deux artistes de stature internationale. L’Indien Anish Kapoor engage un dialogue tout de spiritualité avec le fascinant James Lee Byars (lire le JdA no 416, 20 juin 2014). Daniel Templon expose quant à lui la jeune artiste japonaise Chiharu Shiota qui représentera le pavillon du Japon à la prochaine Biennale de Venise. Son installation, conçue à partir de valises suspendues à des fils de laine rouge, ouvre un espace mental où chacun projette ses fantasmes et angoisses d’exil ou de voyage. Tout autour, elle a emprisonné des objets chinés ici et là dans des entrelacs de fils noir comme pour capturer leur âme.

Non loin de là, sur les cimaises de la galerie In Situ-Fabienne Leclerc, se déploie la nouvelle série d’œuvres sur Isorel de l’Allemand Martin Dammann. Prenant souvent pour point de départ une photographie d’archive, et recourant tantôt au seul dessin au crayon, tantôt à l’aquarelle, il fait surgir des mondes incertains qui oscillent entre apparition et disparition. Pour la première fois en France depuis 1972, une exposition personnelle est consacrée à Howard Hodgkin. La galerie Gagosian présentent les dernières peintures sur bois de cet artiste anglais octogénaire qui, à travers d’intenses vibrations colorées, redonne vie à des sensations et souvenirs intimes.

En cette période estivale, d’autres galeries font le choix d’un group show, à l’instar de la généreuse proposition de Renos Xippas qui accueille dix-huit artistes défendus par la galerie argentine Ruth Benzacar. L’exposition proposée par la jeune commissaire Albertine de Galbert met en lumière cette galerie qui, de mère en fille, a joué un rôle central dans l’émergence de nombreux artistes d’Amérique latine dont certains comme Adrián Villar Rojas, Leandro Erlich ou Jorge Macchi bénéficient aujourd’hui d’une aura internationale. « Je veux par cette exposition montrer la difficulté de certains à imposer leur statut de découvreur, et notamment quand on ne vient pas du monde occidental », explique le galeriste.

C’est à Raphaël Zarka que Michel Rein a confié quant à lui le commissariat de son exposition de groupe. « Il faut dynamiser le rôle de la galerie, inviter des personnalités diverses pour présenter des expositions, créer des moments collectifs », déclare-t-il. Prenant Miroir Soleil Noir de Martin Szekely pour point de départ, l’artiste français fait dialoguer ses œuvres avec des motifs de Roger Ackling réalisés à l’aide des rayons du soleil, des sculptures d’Iran Do Espírito Santo, des peintures ésotériques d’Edgardo Navarro ou un film de Mark Lewis. Autre tonalité chez Chantal Crousel : « Pour clore une programmation annuelle d’exposition monographiques, l’exposition d’été se prête particulièrement à une approche plus ludique. » Inspirée par l’intervention de Tim Rollins & K.O.S. sur les pages du livre Darkwater de W.E.B. Du Bois et les pierres érodées par l’eau de Gabriel Orozco, elle nous invite à une dérive poétique toute aquatique.


« Nathan Hylden », jusqu’au 26 juillet, Art : Concept, 13, rue des Arquebusiers, 75003 Paris, tél. 01 53 60 90 30 ; « Anish Kapoor & James Lee Byars », jusqu’au 26 juillet, galerie Kamel Mennour, 47, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris, tél. 01 56 24 03 63 ; « Chiharu Shiota », jusqu’au 23 juillet, Galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg, 75003 Paris, tél. 01 42 72 14 10 ; « Martin Damman », jusqu’au 26 juillet, In Situ-Fabienne Leclerc, 19, rue Michel-Le Comte, 75003 Paris, tél. 01 53 79 06 12 ; « Howard Hodgkin », jusqu’au 9 août, Gagosian Paris, 4, rue de Ponthieu, 75008 Paris, tél 01 75 00 05 92 ; « Beyond Magic », jusqu’au 26 juillet, Galerie Xippas, 108, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 40 27 07 55 ; « Have we been here for a long time ? », jusqu’au 26 juillet, galerie Michel Rein, 42, rue de Turenne, 75003 paris, tél. 01 42 72 68 13 ; « Dark waters », jusqu’au 26 juillet, galerie Chantal Crousel, 10, rue Charlot, 75003 Paris, tél. 01 42 77 38 87.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : En attendant le mois d’août

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