Arts d’Asie, la France fait de la résistance

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 2014 - 788 mots

Dans un marché mondial en très nette baisse, les ventes d’arts asiatiques parviennent à se maintenir tant bien que mal à Paris et même en régions grâce à des pièves de bonne provenance.

PARIS - Globalement, le marché des arts d’Asie est en sévère baisse, la France n’échappant pas à la règle. Comparativement aux résultats cumulés de Sotheby’s et Christie’s Paris en 2011 (plus de 30 millions d’euros) [1], ceux de 2014 sont pour moitié inférieurs. Pourtant, au vu des derniers résultats de Londres et de Hongkong, on pouvait s’attendre au pire. « Je suis agréablement surpris. Le marché se maintient en France même s’il est en baisse régulière du fait de la raréfaction des objets qui partent en Asie, du ralentissement de la Chine et du phénomène de faux en augmentation. Les acheteurs ont moins confiance et exigent des provenances », note l’expert Philippe Delalande.
La provenance est devenue le critère numéro un pour les acheteurs, à 90 % asiatiques. Si la France tire son épingle du jeu, c’est justement parce que l’accent y est mis sur les objets de provenance sûre. Pour preuve, un cachet d’époque Qianlong présenté par Tessier & Sarrou, conservé depuis le début du XXe dans la famille d’un diplomate français en poste à Pékin, s’est vendu 1,8 million d’euros (est. 1 à 1,2 million) le 16 juin.

L’autre singularité du marché réside dans l’engouement pour les pièces bouddhiques. Le 9 juin, Artcurial récoltait 2,5 millions d’euros (est. 1,1 million d’euros) pour la vente de 137 lots sur 181, cédant à 745 800 euros (est. 150 000 à 200 000 euros) une sculpture d’Avalokitesvara, dynastie Ming. Sotheby’s, qui organisait sa vente le lendemain, totalisait 6,2 millions d’euros (est. 3,5 à 5,2 millions), ravalant, pour cause de surestimation, 159 lots sur les 381 mis en vente, soit plus de 40 %. Un Bouddha Shakyamuni, Tibet, XIVe-XVe siècle, a été adjugé 745 500 euros (est. 200 000 à 300 000 euros) quand une autre statue de Bouddha, dynastie Ming, a multiplié son estimation haute par cinq, obtenant 361 500 euros.

Le 11 juin, Christie’s enregistrait un total de 8 millions d’euros, cédant 77 % de ses lots. La dispersion de la collection du docteur Bussière y a grandement contribué, avec un résultat de 2 millions d’euros, plus de quatre fois l’estimation haute selon Christie’s. Les statues bouddhiques ont une nouvelle fois fait recette, telle une Guanyin en bois, dynastie Song, XIIe-XIIIe siècle, emportée à 505 500 euros (est. 70 000 à 90 000 euros). Le 23 mai, la maison Doutrebente avait déjà adjugé un Bouddha en bronze doré de 28 cm, Chine, XIIe-XIIIe siècle, pour 1,09 million d’euros (est. 150 000 à 200 000 euros).

Paire de pots à fleurs

Parmi les autres ventes de la semaine, Tajan a récolté 1,1 million d’euros (est. 500 000 euros), dont 88 600 euros déboursés pour une paire de pots à fleurs lobés, époque Qianlong (est. 30 000 à 50 000 euros). Chez Aguttes, la vente, estimée 900 000 euros, n’a atteint que 418 455 euros. Son « top lot », un brûle-parfum circulaire, n’a pas trouvé preneur du fait d’une estimation beaucoup trop élevée (400 000 à 500 000 euros). AuctionArt a totalisé 881 562 euros, un chiffre au-dessus de son estimation haute, avec, principale enchère, une tête de divinité masculine en grès, Cambodge, XIIe siècle, vendue 89 280 euros. Chez Piasa, qui a doublé son estimation avec 915 820 euros, l’enchère la plus élevée s’est portée sur une plaque sonore en néphrite verte d’époque Qianlong, adjugée 161 740 euros.
Quant à l’enchère la plus forte de la session, elle n’est pas parisienne mais stéphanoise. Il s’agit d’un vase chinois d’époque Qianlong retrouvé fortuitement dans un placard par Me Agnès Carlier (Groupe Ivoire Saint-Étienne). Adjugé 2,1 millions d’euros (est. 400 000 à 500 000 euros), il était resté dans la même famille depuis 1880.

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris et les estimations hors frais.

ARTCURIAL, 9 JUIN
Résultat : 2,5 M€
Estimation : 1,1 M€
Taux de vente : 76 %

SOTHEBY’S, 10 JUIN
Résultat : 6,2 M€
Estimation : 3,5 à 5,2 M€
Taux de vente : 58,3 %

TAJAN, 10 JUIN
Résultat : 1,1 M€
Estimation : 530 000 €
Taux de vente : 70 %

CHRISTIE’S, 11 JUIN
Résultat : 8 M€
Estimation : 2,8 à 4,4 M€
Taux de vente : 77 %

AUCTION ART, 11 JUIN
Résultat : 881 562€
Estimation : 500 000 à 700 000 €
Taux de vente : 67,8 %

PIASA, 13 JUIN
Résultat : 915 820 €
Estimation : 400 000 €
Taux de vente : 59,6 %

TESSIER-SARROU, 16 JUIN
Résultat : 3,1 M€
Estimation : 1,6 M€
Taux de vente : 81 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : Arts d’Asie, la France fait de la résistance

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