Embouteillage

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 2014 - 335 mots

Le carrefour autour de la Fiac [Foire internationale d’art contemporain] qui se tient cette année du 23 au 26 octobre à Paris risque d’être particulièrement embouteillé. Bernard Arnault en personne est venu annoncer sur le plateau de TF1 que la tant attendue « Fondation Louis Vuitton » allait être inaugurée le 20 octobre. Quelques jours plus tard, le 25, ce sera au tour de la Monnaie de Paris de rouvrir son espace d’exposition temporaire, au moment même d’une autre réouverture qui ne cesse d’être repoussée, celle du Musée Picasso. Cette multitude d’événements qui s’ajoutent aux traditionnelles manifestations « on » et « off » lors de la foire font les affaires de la Fiac en formant autant d’arguments pour faire venir les collectionneurs internationaux. Car si, dans cette rude compétition entre les foires d’art contemporain, la qualité des œuvres exposées dans le salon prime, la richesse de la programmation en ville compte beaucoup. Mais il n’est pas certain que les nouveaux lieux y trouvent leur compte. La curiosité des médias et donc du public n’est pas infinie et il est probable qu’ils n’obtiendront pas tous l’attention qu’ils méritent au moment de leur inauguration. Cet embouteillage renvoie encore une fois à la surabondance de lieux d’exposition à Paris et au déséquilibre avec le reste du territoire. Le sous-équipement concerne moins les régions, qui ont largement rattrapé leur retard comme le montre notre tour des expositions estivales, que la banlieue parisienne. Alors que cinémas, bibliothèques et théâtres irriguent raisonnablement le Grand Paris, il n’en est pas de même des musées et lieux d’exposition d’envergure. Des besoins existent pourtant, à commencer par les installations de grande dimension qui ne disposent pas de sites dédiés à Paris et pourraient facilement trouver à s’exposer au-delà du périphérique. François Pinault n’a peut-être pas fait le mauvais choix en s’installant à Venise. Passé le moment d’agacement que provoquera la médiatisation de la fondation de son grand rival, sa collection rayonnera peut-être plus depuis les bords de la lagune que de la Seine.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : Embouteillage

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