XIVe

La collégiale restaurée

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 17 juin 2014 - 556 mots

La collégiale de La Romieu vient de retrouver ses peintures murales qui restent très dégradées.

LA ROMIEU - Sur un chemin gersois du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, se dresse la collégiale du petit village de La Romieu, classée monument historique et au patrimoine mondial de l’Unesco. Élevée de 1313 à 1318 par le cardinal Arnaud d’Aux, enfant du pays et camérier de deux papes d’Avignon, elle fut à la fois palais d’habitation et église de chanoines.

Au rez-de-chaussée de la tour octogonale attenante à la nef, la sacristie est la seule pièce de l’édifice à avoir conservé ses peintures murales du XIVe siècle. Ces dernières – réalisées par une main habile et inconnue – ont bénéficié d’un chantier de conservation-restauration qui s’est achevé en juin. « Les murs étaient extrêmement encrassés », explique Hervé Langlois, restaurateur spécialisé, montrant des photos de parois, originellement claires, devenues grisâtres. Un dépoussiérage a été effectué. La perte de matière picturale, également très importante, a nécessité un refixage grâce à l’utilisation de résine acrylique. Si les seize anges jouant de la trompette, tenant des couronnes ou balançant l’encensoir qui décorent la totalité des voûtes sont assez bien conservés, les parties basses de la sacristie sont très dégradées.

L’humidité, à l’origine des dommages
La faute est imputable aux frottements effectués par les meubles adossés contre les murs, jusque dans les années 1970, mais surtout aux remontées d’humidité par capillarité. « Un drain a été installé dans les années 1990 pour résoudre ce problème d’humidité, mais le mur de près d’un mètre d’épaisseur a mis beaucoup de temps à expulser l’eau venue du sol », explique Jean-Marc Calmettes, ingénieur du Patrimoine à la Direction régionales des affaires culturelles (DRAC). Les décors des parois basses, où alternent des quadrilobes renfermant des écussons avec armoiries et des octogones peuplés de fleurs, de motifs géométriques et de personnages sacrés ont ainsi beaucoup souffert. De nombreux blasons sont illisibles et on identifie avec peine vierges martyrs, saints, papes, cardinaux et évêques aux vêtements parfois réduits à des silhouettes blanches. « La restauration a été peu interventionniste », commente Hervé Langlois, décrivant un rebouchage de trous par un mortier à base de chaux, et des lacunes de moins d’un centimètre retouchées en hachures (tratteggio) pour que la restauration reste visible. « Nous avons surtout précisé les contours des motifs répétitifs pour améliorer la lisibilité de l’ensemble. » Les carnations des visages, qui ont viré au noir par un processus d’oxydation du blanc de plomb, sont restées comme telles. Le chantier n’a pas été sans débat entre le restaurateur et la DRAC Midi-Pyrénées, qui seconde la municipalité de La Romieu à la maîtrise d’ouvrage et finance le chantier à 25 % (1). « Énormément de micro-organismes se sont infiltrés sur et sous la couche picturale. J’ai préconisé de les mettre en culture pour les étudier et essayer de les traiter en totalité durant cette tranche de restauration ce qui n’a pas été retenu », regrette Hervé Langois. « On ne sait pas dans quelle mesure ces parasites sont agressifs. On observera la manière dont les désordres évoluent dans les années à venir et on n’exclut pas d’intervenir à nouveau sur ces peintures dans le futur si c’est nécessaire », assure Jean-Marc Calmettes.

Note

(1) Le chantier de la sacristie a été facturé 250 000 euros, majoritairement financés par le mécénat privé.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : La collégiale restaurée

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