Arts décoratifs du XXe - Des ventes honorables

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 4 juin 2014 - 1011 mots

Si leurs résultats sont allés au-delà des estimations, les ventes parisiennes d’arts décoratifs n’ont pas connu d’envolées spectaculaires.

PARIS - Un total de 13 à 15,5 millions d’euros étaient attendus pour les ventes parisiennes. 18,2 ont été récoltés. Des estimations relativement faibles et un intérêt toujours présent pour les pièces iconiques ou très décoratives ont contribué à ce résultat, malgré près de 30 % d’invendus en moyenne. « La clientèle spéculative achète des pièces spectaculaires, sculpturales, mais les pièces minimalistes et simples ne se vendent plus », constate Pascal Cuisinier, galeriste à Paris.
Le 19 mai chez Artcurial, lors de la vente qui inaugurait la saison « arts décoratifs », les designers français étaient à l’honneur. L’hôtel Dassault a totalisé 3,6 millions d’euros, un montant au-dessus de son estimation fixée à 1,9 million d’euros, avec 82 % des lots vendus. La meilleure enchère revient à Jean Prouvé avec sa table Trapèze, dite « table centrale » (1956), conçue pour la Cité universitaire d’Antony (Hauts-de-Seine), adjugée 1,2 million d’euros, un record mondial pour l’artiste (est. 400 000 à 500 000 euros [1]). Charlotte Perriand a également suscité l’intérêt, avec deux tables, l’une dite « forme libre », de 1970, cédée 181 600 euros (est. 80 000 à 120 000 euros), l’autre, table à gorge dite « dix couverts » (1966) adjugée 110 900 euros (est. 60 000 à 80 000 euros).

Pas de lots stars
Le lendemain, Christie’s ne proposait pas de lots stars, à la différence de l’an passé lorsqu’elle avait présenté du mobilier de la duchesse d’Albe par Rateau. Elle réalise cependant un bon score, 4,9 millions d’euros, dépassant ses prévisions (3,2 à 4,3 millions d’euros). La sculpture a été plébiscitée : Grande girafe tête basse (avant 1913), de Rembrandt Bugatti, a été adjugée 1,06 million d’euros (est. 850 000 à 950 000 euros) et Le Couple (1960), une pièce unique en terre cuite de Georges Jouve, a atteint 349 500 euros (est. 150 000 à 200 000 euros), un record mondial pour l’artiste. Christie’s atteint un bon chiffre, 1 million d’euros (est. 600 000 à 800 000 euros), pour la dispersion de meubles conçus par Shiro Kuramata, issus de la collection de Zeev Aram.

De son côté, Sotheby’s réalise 3,9 millions d’euros de chiffre d’affaires, dépassant certes son estimation haute (2,4 à 3,4 millions d’euros) mais avec un peu de « casse », ainsi pour des vases Gallé et des œuvres de second ordre. Comme chez Christie’s, les œuvres sculptées avaient la cote. Alberto et Diego Giacometti ont reçu tous les honneurs. Le premier avec un lampadaire Grande feuille (1933), adjugé 361 500 euros, le second avec une paire d’appliques (1968) et une table basse berceau (1970), emportées respectivement à 193 500 euros (est. 70 000 à 100 000 euros) et 169 500 euros (est. 40 000 à 60 000 euros). Les sculpteurs François-Xavier Lalanne et Chana Orloff ont également réalisé de bons prix.

Icônes moins prisées
Tajan organisait deux vacations, l’une consacrée aux arts décoratifs du XXe et l’autre dispersant une collection de céramiques d’Ernest Chaplet, Auguste Delaherche ou encore Jean Carriès. Dans un cas comme dans l’autre, les ventes n’ont pas réussi à décoller, cumulant près de 40 % d’invendus. Attendues autour de 1,3 à 1,9 million d’euros, elles n’ont pas dépassé l’estimation basse. Un miroir de Line Vautrin, estimé 30 000 à 40 000 euros, a cependant été cédée 63 800 euros, mais la pièce phare, un cabinet de Jacques Adnet et Jacques Despierre, n’a pas trouvé preneur (est. 25 000 à 35 000 euros). « Les icônes de l’Art déco, comme Printz ou Adnet, se vendent moins bien. Le marché s’est déplacé vers les objets très décoratifs », explique Catherine Chabrillat, directrice du département des arts décoratifs du XXe.

Chez Piasa, le 27 mai, l’estimation initiale (1,5 million d’euros) a été atteinte, avec 1,7 million obtenu mais près de 80 lots restés invendus. « Ce sont les pièces iconiques du design ou les grands objets forts esthétiquement qui font les plus gros prix », note Frédéric Chambre, directeur général de Piasa. Ainsi, la bibliothèque Mexique de Charlotte Perriand a obtenu la meilleure enchère : 194 000 euros (est. 70 000 à 90 000 euros).

Pour sa vente Art déco du 27 mai, fermant le bal, Artcurial a totalisé 1,8 million d’euros, proche de son estimation de départ (1,7 million). Diego Giacometti a encore fait sensation avec sa table basse (vers 1974), adjugée 194 000 euros (est. 80 000 à 100 000 euros) mais la paire de flambeaux Magnolia de Louis Majorelle & Daum (est. 150 000 à 180 000 euros) est restée sur le carreau.

ARTS DÉCORATIFS DU XXe ET DESIGN, Artcurial, 19 mai
Estimation : 1,8 à 2,20 M€
Résultats : 3,6 M€
Nombre de lots vendus : 150 sur 185
Taux de vente : 82 %

ARTS DÉCORATIFS DU XXe ET DESIGN / COLL. Z. ARAM, Christie’s, le 20 mai
Estimation : 3,2 à 4,30 M€/617 000 à 846 000 €
Résultats : 4,90 M€/1 M€
Nombre de lots vendus : 70 sur 79 / 16 sur 19
Taux de vente : 89 %/84 %

ARTS DÉCORATIFS DU XXe ET DESIGN, Sotheby’s, le 22 mai
Estimation : 2,4 à 3,40 M€
Résultats : 3,90 M€
Nombre de lots vendus : 127 sur 175
Taux de vente : 72,6 %

PROPERTY OF A PRIVATE EUROPEAN COLLECTOR FRENCH CERAMICS / ARTS DÉCORATIFS DU XXe, SVV Tajan, le 22 mai
Estimation : 650 000 à 900 000 €/750 000 € à 1 M€
Résultats : 650 820 €/611 743 €
Nombre de lots vendus : 135 sur 225 / 139 sur 204
Taux de vente : 60 % / 62%

DESIGN DU XXe, Piasa, le 27 mai
Estimation : 1,50 M€
Résultats : 1,70 M€
Nombre de lots vendus : 163 sur 241
Taux de vente : 68%

ART DÉCO, Artcurial, le 27 mai
Estimation : 1,70 M€
Résultats : 1,80 M€
Nombre de lots vendus : 123 sur 191
Taux de vente : 64 %

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris et les estimations hors frais.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°415 du 6 juin 2014, avec le titre suivant : Arts décoratifs du XXe - Des ventes honorables

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