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Fermeture

Les Archives de Fontainebleau menacées

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 21 mai 2014 - 490 mots

FONTAINEBLEAU

Deux bâtiments majeurs des archives de Fontainebleau menacent de s’effondrer rendant inaccessibles 60 kilomètres d’archives depuis plus d’un mois.

FONTAINEBLEAU - Rapports de la Cour des comptes, du Conseil d’État, dossiers de naturalisations, serveurs et disques durs : depuis le 28 mars dernier, deux bâtiments des Archives nationales à Fontainebleau contenant près de 60 km linéaires sont fermés au public comme au personnel : un rapport d’expertise rendu le jour même à la direction évoquait des « risques sur la stabilité structurelle de l’ouvrage » pouvant porter « atteinte à la sécurité des personnes ». « J’ai décidé de mettre en place un principe de précaution absolu », explique Hervé Lemoine, directeur des Archives de France. D’importantes fissures ont été constatées dans les murs : en cause, la montée de la nappe phréatique et la présence d’argiles vertes dans le sol sous les bâtiments datant des années 1970. « Le principe constructif n’a clairement pas été adapté à la nature du sol », poursuit Hervé Lemoine.
« La question du déménagement de 140 km linéaires à Pierrefitte entre 2011 et 2013 se pose également » dans l’état de délabrement avancé des bâtiments selon Wladimir Susanj, secrétaire général de la CGT-Archives : « 8 000 tonnes ont été déchargées en quelques mois de manière anarchique sur le plan de la stabilité, le plus gros déménagement d’après-guerre ». Inauguré l’année dernière, le site de Pierrefitte-sur-Seine a reçu 160 km linéaires en provenance de Fontainebleau.

Activité en suspens et site à l’abandon
Sur les 53 agents qui travaillent habituellement sur le site, une quinzaine a pu reprendre une activité depuis la fin avril, lorsque des préfabriqués ont été livrés pour accueillir les services financiers et administratifs. Le reste du personnel est en « autorisation spéciale d’absence » pour une durée indéterminée. 850 m2 de préfabriqués devraient être livrés à la fin juin pour que le personnel reprenne son activité dans le courant du mois de juillet. D’ici là, des études d’étaiement auront été menées pour savoir s’il est possible de renforcer les bâtiments afin d’y pénétrer à nouveau. À la CGT, on s’inquiète pour l’avenir du site : « Depuis vingt ans, Fontainebleau est laissé à l’abandon. Nous n’avons eu aucune étude, aucun cadre, aucun cahier des charges » concernant l’avenir du site, déplore Wladimir Susanj. En attendant des études plus poussées sur les bâtiments, qui prendront plusieurs mois, Hervé Lemoine se refuse à faire de la « fiction » et affirme que « le principe des Archives nationales réparties sur trois sites, Paris, Fontainebleau et Pierrefitte, n’est absolument pas remis en cause ».
Si les bâtiments ne peuvent être sauvés, un déménagement à Pierrefitte bouleverserait le calendrier de remplissage du nouveau site. 8 km de linéaires de données de naturalisation attendent également d’être versés à Fontainebleau en juillet. Depuis le 28 mars, chercheurs et administrations ne peuvent se faire communiquer aucun document : une situation qui ne s’arrangera pas avant plusieurs mois.

Légende photo

Le site des Archives nationales, à Fontainebleau. Photo D.R.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°414 du 23 mai 2014, avec le titre suivant : Les Archives de Fontainebleau menacées

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