Triple alliance

Bruxelles, carrefour des arts

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 21 mai 2014 - 706 mots

Afin de créer une synergie, les trois foires spécialisées en arts premier, antique ou asiatique que sont Bruneaf, Baaf et AAB s’unissent pour un même rendez-vous à Bruxelles.

BRUXELLES (BELGIQUE) - Le quartier du Grand Sablon accueille la première semaine de juin, Bruneaf (Brussels Non European Art Fair), Baaf (Brussels Ancien Art Fair) et AAB (Asian Art in Brussels), réunissant ainsi une centaine d’antiquaires internationaux. Déjà tenté auparavant, ce regroupement n’avait alors pas été fructueux. Mais cette année, la démarche est plus sérieuse, avec une publicité commune. Didier Claes, marchand d’art africain (Bruxelles) et président de Bruneaf en est convaincu : « la tenue de plusieurs événements en même temps ne peut que pousser les amateurs et collectionneurs à se déplacer ».

Baaf, spécialisée dans l’archéologie classique, égyptienne, proche-orientale et européenne, dont c’est la 12e édition, rassemble seize exposants de haut niveau, comme les galeristes parisiens Jean Pierre Montesino (Cybèle) et David Ghezelbash, ainsi qu’Harmakhis Archéologie (Bruxelles) et deux nouveaux, Antoine Tarantino (Paris), spécialiste de la céramique grecque antique et expert dans l’art de la glyptique de l’Antiquité classique (Camées et intailles) ; et la galerie new-yorkaise The Merrin Gallery, spécialisée dans l’Antiquité et l’Amérique précolombienne. Parallèlement, Baaf organise une exposition sur les vases grecs attiques à figures noires, dites des « petits maîtres » et des cycles de conférences. Pour sa 2e édition, AAB (anciennement BOAF : Brussels Oriental Art Fair), qui présente de l’art asiatique de Chine, du Japon, d’Inde, de l’Himalaya, d’Asie du Sud et Sud-Est, est riche de vingt-trois exposants. Un vaste programme culturel est également annoncé. Parmi les participants, citons la galerie Alexis Renard (Paris), qui montre de l’art islamique et indien, Carlo Cristi (Italie) ou bien encore la galerie Lamy (Bruxelles).

Une nouvelle dynamique pour Bruneaf
Concernant Bruneaf, la foire d’art tribal, des voix s’élevaient depuis quelque temps contre son organisation. Plusieurs marchands, ne supportant plus la personnalité difficile de Pierre Loos, son fondateur et président, avaient projeté de monter une nouvelle foire. Finalement, ce dernier a donné sa démission, évitant ainsi l’éclatement de Bruneaf. En octobre 2013, un nouveau bureau a été élu, avec à sa tête Didier Claes. Si les marchands étaient découragés, ils sont désormais rassurés et ravis de cette nouvelle présidence. « Comme dans toute chose, il faut du sang neuf. Didier Claes est jeune et dynamique. Il va faire bouger les choses car l’association somnolait un peu », commente le galeriste Alain Lecomte. Le nouveau président souhaite renforcer trois points : la communication, la synergie des trois foires et la qualité des objets présentés : « il faut convaincre les confrères de garder leurs objets de qualité pour l’événement ». Ces querelles internes ont mis en péril Bruneaf, permettant au Parcours des Mondes, la manifestation parisienne organisée en septembre, de prendre le pas.

Pourtant, ces deux événements internationaux, les deux temps forts de l’année en Europe dans le domaine de l’art tribal, n’ont pas vocation à se concurrencer. « Les deux ont raison d’exister et se complètent bien », souligne Julien Flak, marchand à Paris. « Désormais, la hache de guerre est enterrée et la seule concurrence qui existe n’est là que pour stimuler le marché », souligne Didier Claes, qui veut clore le débat. La présence du Musée Royal de l’Afrique Centrale, Tervuren, qui montre pour la première fois sa collection complète d’art de Nouvelle-Guinée, participe à la renaissance de Bruneaf. Cette première exposition d’art océanien est l’occasion de braquer les projecteurs sur cet art un peu délaissé à Bruxelles, réputé pour présenter surtout de l’art africain, en particulier du Congo. Julien Flak saisit cette opportunité et montre une figure Bioma du Golfe Papou, un ancêtre du Sepik et un masque Tatanua (Nouvelle-Irlande, Archipel Bismarck). Alain Lecomte (Paris) expose une Phemba du Mayombé, Congo Brazzaville, fin du XIXe siècle, une maternité délicatement sculptée, tandis que la galerie Pascassio Manfredi présente une sculpture de la déesse Dewi Sri, déesse de la fertilité et du riz, Bali. Alain Bovis organise « Têtes », une exposition thématique chère à Jacques Kerchache, dont une tête Mahen Yafe en pierre, Sierra Leone, XVe siècle, ancienne collection Mario Meneghini. Quant à Didier Claes, il présente deux objets du Congo, un masque Pende et un crucifix Kongo, issus de la collection Timmermans.

BRUNEAF, BAAF et AAB, Bruxelles, quartier du Sablon, du 4 au 8 juin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°414 du 23 mai 2014, avec le titre suivant : Bruxelles, carrefour des arts

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