PAD 2014

Une édition très parisienne

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 9 avril 2014 - 756 mots

Plutôt réussi sur le plan de la qualité comme du côté des ventes, le Pavillon des arts et du design connaît un manque de clientèle étrangère.

PARIS - De l’avis général, le Pavillon des arts et du design (PAD) 2014, organisé dans le jardin des Tuileries du 27 au 30 mars, a connu une bonne édition, meilleure que l’an passé. La majorité des stands étaient arrangés avec soin. Ce salon, prescripteur de tendances, se doit d’être une belle vitrine et de présenter les œuvres dans une mise en scène attrayante et séduisante.
Du côté des visiteurs, quelques Libanais, Suisses et Anglais avaient fait le déplacement, mais les Américains étaient très peu présents. « Je suis étonnée qu’il n’y ait pas plus de clients étrangers ; il y a cinq ans, il y en avait ! Par contre, on rencontre beaucoup d’acheteurs du 16e arrondissement. Mais ceci n’est pas le problème du PAD. C’est le problème de la France ! », lance Agnès Kentish (En attendant les barbares,  Paris). « Le PAD Londres a l’avantage d’accueillir une clientèle internationale », renchérit Alain Marcelpoil (Paris). Rappelons que le 26 mars, jour du vernissage, la circulation était impraticable dans la capitale en raison de la visite du président chinois. Nombre d’invités n’ont pu se rendre ce soir-là au jardin des Tuileries. « S’ils ratent ce jour-là, beaucoup d’entre eux ne viennent pas du tout », note un connaisseur.

Lacoste, Prix du stand
Le plus beau stand était sans conteste celui de Jacques Lacoste, occupé les années précédentes par la galerie Downtown de François Laffanour. Situé face à l’entrée, sa présentation, impressionnante avec un grand relief d’Alberto Giacometti surmontant une console (ensemble non vendu), a reçu le Prix du stand. Jacques Lacoste a cédé un buffet d’Eugène Printz (autour de 100 000 euros), une lampe d’Alberto Giacometti (130 000 euros) ainsi qu’un escabeau d’Armand Albert Rateau (50 000 euros). Pascal Cuisinier a également bien vendu. Le bureau de Pierre Guariche en acajou et piétement en X chromé a plu et a été emporté dès le début du salon, contraignant le marchand à en apporter un second, cette fois-ci en teck. « Les gens commencent à me connaître. »
Toujours en design historique, James (Paris) a fait un carton avec son mobilier brésilien de Joaquim Tenreiro (actif entre 1942 et 1968), le fondateur du Mouvement moderniste au Brésil, puisque tout a été vendu le jour du vernissage. Le stand n’a pas été renouvelé : « Il ne faut pas être trop gourmand », souligne Paul Viguier, cofondateur de la galerie. Pour Modernity (Stockholm), « c’est notre meilleur PAD depuis six ans que nous venons à Paris », affirme le galeriste, qui a cédé une paire de fauteuils recouverts de peau de mouton par Philip Arctander (autour de 50 000 euros), mais a conservé le cabinet de Carl Hörvik (2,5 millions d’euros), prix des arts décoratifs du XXe siècle.

La création contemporaine n’est pas en reste. Romain Torri, dont c’était la première participation, a remporté le prix du Design contemporain pour l’exposition « Magma », de Victoria Wilmotte, un mobilier en pierre de lave et résine. Le galeriste a vendu notamment une table (18 000 euros). Carpenters Workshop Gallery (Paris) a bien travaillé : sa Grandmother clook, de Maarten Baas, a été cédée à 110 000 euros, ainsi qu’une table basse d’Ingrid Donat, en bronze finition argent (52 000 euros). Carla Scremini a fait sensation avec ses verres contemporains. Le Musée des arts décoratifs a d’ailleurs acquis deux pièces uniques en verre de l’artiste tchèque Martin Hlubucek.

Le Jugendstil séduit
Les œuvres du début du XXe siècle ont également séduit, même si l’Art déco a rencontré quelques difficultés. Franck Laigneau, spécialisé dans le Jugendstil, a quasiment vendu l’intégralité de son stand composé d’un mobilier polychrome dessiné par une artiste russe, Anna Semenoff, pour le château du Bois de la Roche en Bretagne. Focalisé sur la création artistique entre 1840 et 1914, l’Atelier DL (Avignon) a su plaire avec ses objets issus des mouvements d’influence tels l’historicisme, l’orientalisme et le japonisme. D’autres ventes ont eu lieu, comme sur le beau stand de Jean-François Cazeau qui a cédé une œuvre de Miró de 1936 sur laquelle apparaît la main de l’artiste (autour d’un million d’euros).

Avant la prochaine édition, Patrick Perrin, cofondateur du salon, peaufine le PAD London qui a lieu en octobre et continue d’essaimer, puisque PAD Los Angeles verra le jour en avril 2015. Il se murmure aussi que le PAD Paris pourrait bientôt changer de date, pour se rapprocher d’une foire d’art contemporain.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°411 du 11 avril 2014, avec le titre suivant : Une édition très parisienne

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