Foire & Salon

Dessin contemporain

Un Salon bien redessiné

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 9 avril 2014 - 784 mots

Pour son retour au Carreau du Temple, Drawing Now, de bonne tenue, a reçu un accueil très positif de la part d’un public acheteur.

PARIS - Il s’en est fallu de peu que Drawing Now n’ait pas eu lieu. En effet, le Salon du dessin contemporain, qui, pour sa 8e édition, retrouvait le Carreau du Temple (lire le JdA no 409, 14 mars 2014), était occupé jusqu’au dimanche soir par les intermittents du spectacle. Plus de stress que de mal puisque la manifestation ouvrait comme prévu.

Dès l’entrée, Marion et Claudine Papillon proposaient deux grands dessins d’Erik Dietman et Didier Trenet et un focus sur Cathryn Boch, qui se verra décerner le prix Drawing Now 2014. Laurent Godin mettait en avant Alan Vega, et cinq papiers splendides de Marlène Mocquet. Daniel Lelong faisait lui son focus sur de grandes aquarelles de Barthélémy Toguo, accompagnées de dessins d’Ernest Pignon-Ernest et de David Nash. En trois notes, le ton était donné, marqué par les points forts caractéristiques du Salon.

Ce principe du « Focus », lancé dès la première édition, impose aux galeries (87 au total) de consacrer une partie de leur stand à un seul artiste, ce qui donne une lisibilité à leur travail. Certains exposants allaient jusqu’au one-man show (Damien Cadio chez Eva Hober, Speedy Graphito chez Polaris, Éric Manigaud chez Houg). On relève ensuite sur Drawing Now une très grande diversité de générations, techniques, formes et tendances (de l’art brut chez Christian Berst à cette carriole-ambulance étonnante du collectif anglais Le Gun montrée par Suzanne Tarasieve). Le salon propose également un constant mélange d’artistes désormais classiques (François Morellet chez Aline Vidal, Carmen Perrin chez Catherine Putman…) et d’autres peu connus comme l’Islandais Kristjan Gudmundsson et ses hallucinantes compositions à l’aide de mines de crayon (Martine et Thibault de la Châtre).

Enfin, on y ressent ce plaisir de la surprise, en tombant par exemple sur deux remarquables Redressement de Marc Couturier (chez André Magnin) présentés à côté de beaux Bruly Bouabré (également en focus chez Agnès b), ou sur Clément Bagot (Éric Dupont). Mais aussi en découvrant le travail graphique de Georges Tony Stoll (Jérôme Poggi), ou la galerie Réjane Louin sise à Locquirec (Finistère), que l’on a donc peu l’occasion de fréquenter.

Sous-sol moins gâté
Au sous-sol, cependant, changement de cadre, ambiance triste et lumière molle, on se demandait ce que les dix-sept galeries ici rassemblées avaient bien pu faire pour être ainsi punies. Trop jeunes ? de moins bonne qualité ? Que nenni : comme l’indiquait l’intitulé « Initial », elles participaient pour la première fois au Salon. Curieux accueil. Il y avait pourtant là Bernard Ceysson et son équipe de Supports-Surfaces ou Wooson Gallery, une importante galerie coréenne de Daegu venue avec des œuvres de Toguo, Marine Joatton, Choi Byung-So. Les jeunes, justement, étaient à l’Espace Commines : quatorze galeries (de moins de cinq ans d’existence) réunies en une plateforme « Fresh », et là encore quelques belles découvertes, ainsi PapelArt avec les papiers de Sandra Plantiveau et de Noémie Sauve, ou la galerie 22,48m2 et les magnifiques dessins de Géraud Soulhiol. Avec, en prime, un espace consacré à la vidéo (dont l’une très drôle signée Hélène Delprat) et une exposition thématique. Son commissaire, Philippe Piguet (collaborateur de L’Œil), avait invité Jacques Villéglé et son alphabet sociopolitique ainsi que Lek et Sowat qui dialoguaient de belle manière sur le thème « Le mur et le dessin ».

De bonne qualité, l’ensemble a trouvé un écho très positif auprès d’un public nombreux (20 070 visiteurs, soit 10 % de plus qu’en 2013) et, en outre, acquéreur. La majorité des participants étaient en effet très satisfaits de leur salon, d’autant que ce nouveau lieu est plaisant à vivre. Loin d’être une grosse machine, Drawing Now « permet une meilleure qualité de contacts et de discussions avec les visiteurs », précisait un Laurent Godin ravi. « Sur les grandes foires, les gens sont “sur-sollicités”, alors que nous avons pu faire d’importantes rencontres avec des collectionneurs avec lesquels nous n’avions jamais travaillé et qui, là, prenaient leur temps. » Cette proximité avec les œuvres et les exposants est l’une des forces du Salon. Des aspects qui se sont traduits par un volume d’affaires important. Benoît Porcher, de la galerie Semiose, qui a couvert ses frais dès le premier jour et a vendu des œuvres de tous ses artistes, indiquait qu’il avait pu « travailler aussi bien avec des collectionneurs ayant déjà d’importantes collections qu’avec des collectionneurs émergents. On sentait qu’il y avait de l’envie, du plaisir, le goût de découvrir ». Un résultat très positif que confirmaient une grande majorité de ses confrères. Aline Vidal précisait même qu’elle n’avait jamais fait une si belle foire.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°411 du 11 avril 2014, avec le titre suivant : Un Salon bien redessiné

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