Ventes aux enchères

Art précolombien, vigilance de mise

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 12 mars 2014 - 552 mots

PARIS

Binoche et Giquello revendique un examen attentif de l'origine des objets proposés, afin de lutter contre le trafic de biens culturels.

PARIS - « La maison Binoche et Giquello n’a pas organisé de ventes d’art précolombien depuis l’an passé. J’estimais que l’on avait trop vendu de pièces. J’avais peur de saturer le marché, explique Jacques Blazy, expert de la vente “Art précolombien et océanien”. Nous avons donc attendu un an. Pendant ce temps, les objets ici présentés ont été soigneusement sélectionnés, ne retenant que le meilleur, d’où le nombre peu élevé de lots. » Le 28 mars, l’opérateur de ventes volontaires Binoche et Giquello disperse environ 160 objets provenant de divers amateurs pour une estimation globale de 1,2 million d’euros.
Concernant le marché de l’art précolombien, « les belles pièces se vendent très bien, mais c’est plus difficile pour les pièces estimées 5 000 à 20 000 euros. L’art précolombien fonctionne comme les autres domaines et est le reflet du marché international, si ce n’est qu’il faut y apporter une vigilance supplémentaire quant aux provenances, du fait des revendications des pays d’origine », souligne Jacques Blazy.

Plusieurs exemples récents illustrent les difficultés rencontrées par les maisons de ventes avec les pays d’Amérique latine, telle la dispersion de la collection Barbier-Mueller chez Sotheby’s à Paris en mars 2013. « Nous essayons de prévenir les éventuelles revendications en cherchant à avoir une traçabilité totale et travaillons en parfaite harmonie avec l’OCBC [Office central de lutte contre le trafic des biens culturels], qui vient examiner les pièces et le livre de police. Nous lui donnons un maximum d’informations pour qu’il puisse agir au plus vite en cas d’une plainte d’Interpol. Si le vendeur ne donne pas assez d’informations, nous refusons la pièce », poursuit l'expert. Les revendications nationales peuvent plomber une vente. Pour la collection Barbier-Mueller, « tous les pays ont revendiqué ! Or, c’était de la mauvaise foi : les objets étaient exposés depuis quinze ans dans le musée d’art précolombien de Barcelone. Par conséquent, aucun musée américain n’a osé acheter. C’est tout à fait normal de revendiquer quand il y a vol flagrant et on sait parfaitement qu’un élément d’architecture ne peut être vendu. Ce qui l’est moins, c’est que le propriétaire de plein droit d’un quelconque objet d’art précolombien puisse se voir refuser la possibilité de le négocier, s’insurge un spécialiste du secteur. Mais attention, le résultat en demi-teinte de la vente Barbier-Mueller vient aussi du fait qu’il était trop gourmand. »

Il ne faudra avoir aucun doute sur les trois œuvres mises en avant ci-après car elles proviennent toutes de la célèbre galerie Merrin, la plus grande galerie d’art précolombien de New York, « un gage de qualité, de rareté et de très bon état de conservation », souligne Jacques Blazy. Citons une urne en deux parties en terre cuite à engobe noir vernissé, culture Maya, Guatemala, période classique ancien, 250-600 apr. J.-C. (est. 120 000 à 150 000 euros) ; un personnage debout en jade, culture olmèque, 1000-500 av. J.-C., ancienne collection Arroyo Pesquero (est. 90 000 à 100 000 euros), et un masque funéraire en pierre dure gris verte, culture Teotihuacan, vallée de Mexico, période classique, 450-650 apr. J.-C. (300 000 à 350 000 euros).

Art précolombien

Expert : Jacques Blazy

Estimation : 1,2M€

Nombre de lots : 160

Art précolombien, Binoche et Giquello

Le 28 mars à 14h30, hôtel Drouot, salle 4, 9, rue Drouot, 75009 Paris

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°409 du 14 mars 2014, avec le titre suivant : Art précolombien, vigilance de mise

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