Farideh Cadot

Mol le rêveur

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2014 - 541 mots

Les expériences visuelles du néerlandais Pieter Laurens Mol révèlent son rapport au réel avec une grande sensibilité.

PARIS - Farideh Cadot annonce sa première collaboration avec l’artiste hollandais Pieter Laurens Mol. Comme la France n’a pas consacré d’exposition à l’artiste (né en 1946 à Breda aux Pays-Bas, il vit aujourd’hui à Bruxelles) depuis plus de vingt ans et qu’il y est quasi inconnu, la galeriste a pris le parti de rappeler son parcours en sélectionnant des œuvres de 1974 à 2012. Une petite trentaine au total qui indique d’emblée que Pieter Laurens Mol est un véritable artiste multimédia pratiquant aussi bien la peinture que la photographie, l’installation, le dessin, la sculpture, l’objet, le collage et même dans les années 1970, la performance. Mais s’il n’a pas de prédilection pour l’une ou l’autre, un peu à la manière d’un Markus Raetz qu’il connaît bien depuis longtemps, Pieter Laurens Mol a indéniablement des thèmes privilégiés, qui comme pour l’artiste suisse précité, traversent toute son œuvre et au service desquels se mettent la discipline ou le matériau qui conviennent le mieux.

On s’en rend bien compte avec cinq ou six œuvres qui ont pris pour sujet la cérébralité, la pensée humaine. L’une d’entre elles, bien nommée Braintree (de 1994), est une petite photographie repeinte montrant un arbre avec, collée en relief sur l’une de ses branches, une vraie noix (le fruit) repeinte en bleu. On dirait un cerveau avec ses synapses et, métaphoriquement, ses principes de ramifications et d’arborescences. Un petit bijou d’intelligence et de réussite plastique. On retrouve cette noix dans Cerebral Sounding chart (1992), mais en coquilles cette fois, alignées et également collées sur un dessin sur papier comme un encéphalogramme version Léonard de Vinci. Ou encore sur une photo évoquant une constellation de coquilles étalées au sol avec un crâne, telle une vanité en leur milieu. Et puisqu’on parle de tête, il y a celle de Mozart, (Untitled (The Young Mozart) de 2007) une sculpture mise sous vitrine composée d’un ready-made en plastique évoquant le haut du buste et le visage du compositeur, sursaturée d’un beau pigment orange et dont la tête est surmontée d’un chapeau fait d’une partition de musique. Dans ce registre de la partition, et même de la répartition, on ne résiste pas non plus à évoquer Settlement (1992) composée d’une cage à oiseaux. Derrière la grille, figurent bien trois oiseaux, un jaune, un rouge, un bleu, mais ils ne sont que peints. Magnifique exemple de synesthésie, puisqu’avec le trouble causé par une fausse audition colorée on a réellement l’impression qu’ils vont chanter.

Toute l’exposition est sur cette tonalité, mélange constant d’une sorte de surréalisme conceptuel, de télescopage d’images et d’idées qui rendent unique l’univers de Pieter Laurens Mol, en allers et retours permanents entre le monde sensible et le monde intelligible, avec en prime beaucoup d’humour et de poésie.

Plus prosaïquement, sa cote, qui va de 4 000 euros pour une petite œuvre à 40 000 € pour les deux plus importantes, n’a rien de grinçante pour un artiste qui a participé à d’importantes manifestations internationales et eu de conséquentes expositions personnelles au Stedelijk à Amsterdam, au Van Abbemuseum d’Eindhoven ou même au MoMa de New York en 1996 avec à cette occasion la publication d’une monographie.

Pieter Laurens Mol

Jusqu’au 8 mars, Galerie Farideh Cadot, 7 rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris, tél.01 42 78 08 36, www.faridehcadot.com, mardi-samedi 11h-13h et de 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Mol le rêveur

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