ENTRETIEN

Didier Claes : « La lutte contre le faux est le nerf de la guerre »

Antiquaire à Bruxelles, Président de Bruneaf et Vice-président de Brafa

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2014 - 805 mots

Didier Claes, expert bruxellois de renommée internationale en art africain, Président de Bruneaf et Vice-président de Brafa, participera cette année pour la première fois à la prestigieuse Tefaf.

Dans quelles circonstances avez-vous été élu président de Bruneaf [Brussels Non European Art Fair] ?
Bruneaf est une association à but non lucratif composée de 50 membres, qui élit tous les trois ans un comité de direction. L’élection du 10 octobre 2013 est exceptionnelle car l’ancien président, Pierre Loos, a donné sa démission. Une assemblée générale extraordinaire a été convoquée pour élire un nouveau comité. J’ai accepté de poser ma candidature parce que l’association était un peu en péril, or je crois en elle. Il fallait agir vite et j’ai été élu. Pour être tout à fait honnête, je n’étais pas envieux de ce poste, plus problématique qu’autre chose, avec une surcharge de travail. Patrick Mestdagh a été élu vice-président et Marc Leo Felix, secrétaire.

Quelle impulsion souhaitez-vous donner à Bruneaf ?
Bruneaf est une foire innovante. C’est un événement qui a été copié, déjà à Bruxelles, avec la BAAF (Brussels Ancient Art Fair) et AAB (Asian Art in Brussels), à Bâle (BAAF : Basel Ancient Art Fair) et à Paris (Parcours des mondes) : si elle a été tant copiée depuis vingt-quatre ans, c’est le reflet de son succès. Pour certains, le Parcours des mondes a pris le dessus. Or nous voulons redevenir les précurseurs. Il y a eu un Bruneaf d’hier et désormais, il y a non pas seulement un Bruneaf d’aujourd’hui, mais un Bruneaf de demain, avec un nouveau slogan : « Bruneaf, first tribal art fair in the world ».
La deuxième idée est d’exporter le concept « Bruneaf », avec les mêmes marchands, sur d’autres continents, afin d’être présents sur la scène internationale. Cela s’est concrétisé pour Hongkong : « Bruneaf Bruxelles Hongkong » regroupera 19 marchands de Bruneaf qui partageront un stand (1).

Vous avez souhaité aussi créer un comité d’experts. Pour quelle raison ?

Il y avait un comité d’experts pour les objets présentés au catalogue mais les experts ne passaient pas dans les galeries. Dès janvier, pour le Winter Bruneaf, les experts vont circuler dans les galeries pour faire retirer les pièces fausses ou n’étant pas d’assez bonne qualité. Le comité d’experts passera la veille de l’ouverture officielle puis fera des visites surprise. Si un exposant replace une pièce retirée, il sera exclu de l’association. Le nerf de la guerre, dans ce genre d’événement, c’est la lutte contre le faux.

Quelle est votre actualité d’antiquaire ?

La participation à Winter Bruneaf (Winter B Sablon), qui aura lieu du 22 au 26 janvier et est envisagé comme une foire off de la Brafa. Cela nous permet de bénéficier de son public, très international, avec des collectionneurs venus de tous horizons. Winter B est une petite manifestation réunissant 30 participants seulement, une sorte de vernissage de galeries. Cette année, l’invité de la galerie sera Raoul Lehuard (ethnologue). Et puis les organisateurs de Tefaf Maastricht m’ont demandé d’y participer, souhaitant renforcer leur section d’art tribal. Je n’ai jamais posé ma candidature mais j’ai toujours dit que si l’organisation me le proposait, je dirai oui !

Bruneaf et Winter Bruneaf sont deux événements qui concernent l’art africain. N’est-ce pas trop dans l’année ?
Tout le monde ne pense pas comme moi mais je suis d’avis que, plus il y a de manifestations à un moment précis, plus il y a un public important et plus nous sommes gagnants. Les deux événements peuvent s’apporter beaucoup mutuellement. Winter Bruneaf est aussi un mini-test : s’il est une réussite, le Bruneaf de juin devrait être un triomphe.
Trop d’événements tuent l’événement. À Paris, un 2e Parcours des mondes aurait été une mauvaise idée. Concernant « Paris Tribal », [une nouvelle foire qui aura lieu au printemps], avoir limité l’événement aux seuls marchands parisiens est une forme de respect pour Bruneaf, pour ne pas la concurrencer. Mais à Bruxelles, Winter B s’accroche à Brafa, déjà un événement en lui-même. De plus, la multiplication des événements ne peut que rendre Bruxelles plus attractive.

Comment se porte le marché des arts premiers en Belgique ?

Les Belges sont de friands collectionneurs. Il y a un lien très fort de la Belgique avec son ancienne colonie (Congo). Le Belge a toujours été amateur d’art africain. Chaque année, à chaque foire, je rencontre un nouveau collectionneur. Malgré la taille du pays, les collectionneurs sont de plus en plus nombreux et viennent de différents domaines. Le marché se porte de manière excellente.

Comment se porte le marché de l’art en général en Belgique ?
On ne peut pas comparer la France et la Belgique. Il y a beaucoup d’étrangers à Paris. Quand j’y fais une foire, je rencontre beaucoup plus d’étrangers que de Français. Je dois dire que la Belgique est un peu boudée au niveau de la clientèle internationale. Notre clientèle est plutôt locale alors que nous avons pourtant des marchands internationaux.

Note

(1) du 24 au 26 mai prochain à l’Asia International Arts Fair (AIAA).

Légende photo

Didier Claes @ Photo Galerie Didier Claes

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°405 du 17 janvier 2014, avec le titre suivant : Didier Claes : « La lutte contre le faux est le nerf de la guerre »

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque