Art Basel Miami Beach

À Miami, des réalités contrastées

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2014 - 756 mots

Alors que les sections jeunes d’Art Basel Miami Beach ont affiché un bon profil, la foire « off » se montre toujours très faible et la plupart des œuvres présentées à l’extérieur sont décevantes.

Si la dernière mouture d’Art Basel Miami Beach, dont la 12e édition s’est tenue du 5 au 8 décembre, a laissé apparaître en son cœur même des réalités qualitativement très contrastées avec toutefois un bon niveau global, tous les secteurs n’ont pas affiché le même profil.

La grande déception est venue de « Public », rassemblant sur les pelouses du Bass Museum of Art vingt-neuf œuvres de grand format supportant l’extérieur. Orchestrée par Nicholas Beaume, pourtant spécialiste de la question puisque directeur du Public Art Fund, à New York, la démonstration s’est révélée médiocre dans son ensemble, à commencer par la plombante performance de Kate Gilmore qui, pour l’inauguration, a demandé à une dizaine de jeunes gens juchés sur des piédestaux de défoncer à coup de masse, pendant des heures, des cubes en métal afin d’engager « un processus de création de sculptures détruites » ; une intelligence qui se passe de commentaires ! Au-delà d’un amusant labyrinthe de Jeppe Hein aux parois d’eau changeantes (303 Gallery, New York), d’une belle sculpture d’Aaron Curry (David Kordansky, Los Angeles) ou d’une pièce sonore de Mungo Thomson laissant croire à la présence de crickets (Frank Elbaz, Paris), la plupart des autres propositions se sont montrées indigentes ou terriblement mal mises en valeur. Peut-être le rassemblement en un même lieu n’aide-t-il pas, donnant à l’ensemble un aspect trop artificiel façon parc d’attractions ? L’ancienne formule d’une dispersion à divers endroits de la ville, abandonnée en 2012, paraissait plus attractive, au risque il est vrai de la dilution.

L’enthousiasme au rendez-vous des jeunes talents
Sur la foire, les secteurs « jeunes » ont heureusement connu une autre fortune, puisqu’étant dans l’ensemble très attrayants. « Positions » a révélé quelques beaux projets solos, comme les reprises évanescentes des photographies solaires de Jules Janssen par Dove Allouche, qui timidement se révèlent grâce à de l’essence de lavande sur des plaques de cuivre argenté (Gaudel de Stampa, Paris). Ou encore, le Colombien Nicolás Consuegra qui est allé filmer magnifiquement la vie quotidienne sur les bords de la rivière Magdalena traversant la ville de Honda, en Colombie. Sur le stand de La Central (Bogotá), une installation circulaire de quinze écrans donne l’illusion du temps qui s’écoule patiemment au rythme de l’eau, alors que les saynètes ont été capturées en différents lieux et temporalités. Cependant, la palme du grotesque est cette année revenue à Tang Contemporary Art (Pékin), où Wang Yuyang a transformé le stand en un bureau dont tous les éléments – mobilier, accessoires, etc. – exécutés en silicone « respiraient » à intervalles réguliers.

Le secteur « Nova », ou chaque galerie doit regrouper un maximum de trois artistes montrant des productions récentes, s’est lui aussi montré de belle qualité malgré quelques ratages, comme celui de Mor.Charpentier (Paris). Entre les formes éculées des moulages en plâtre de Julieta Aranda et la énième reprise du format des « box » verticales de Donald Judd par Voluspa Jarpa, il ne restait plus qu’un Oscar Muñoz un peu perdu à se mettre sous la dent. Plus loin, alors que Vilma Gold (Londres) a confié son espace à Charles Atlas évoquant dans une série de films la chorégraphe Martha Graham, RaebervonStenglin (Zürich) a fait intervenir Karsten Födinger dans la construction d’une structure accueillant de discrètes paroles de chansons de Saâdane Afif. Chez Cherry & Martin (Los Angeles), la confrontation entre Matt Connors et Bernard Piffaretti s’est montrée déséquilibrée, virant très largement à l’avantage de l’aîné des deux, dont la peinture est apparue plus fraîche et moins maniérée.

Toujours très actif à Miami, avec encore plus d’une dizaine de salons divers et variés, le off s’est comme à l’accoutumée montré pâlot, seules deux manifestations attirant un peu l’attention. Lancée en 2012, « Untitled » n’a pas encore convaincue car de niveau bien trop inégal, même si quelques stands intéressants parsemaient les allées, comme celui de Rod Bianco (Oslo) consacré aux photographies queer de bikers, rockers et autres mauvais garçons du Suisse Karlheinz Weinberger, Anne Barrault (Paris) montrant Sarah Tritz et Dominique Figarella, ou Josée Bienvenu (New York) des tableaux de Dario Escobar obtenus avec des gaz d’échappement. Très contrastée également est apparue New Art Dealers Alliance (NADA). Toujours très majoritairement américaine, se sont souvent des galeries d’ailleurs qui y ont affiché les meilleurs stands, comme Frutta (Rome), Kendall Koppe (Glasgow) ou Misako & Rosen (Tokyo).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°404 du 3 janvier 2014, avec le titre suivant : À Miami, des réalités contrastées

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