Art contemporain

Une brillante saison parisienne

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 11 décembre 2013 - 872 mots

Christie’s, Sotheby’s et Artcurial ont chacune atteint de bons scores lors de leurs ventes du soir dédiées à l’art contemporain, confirmant la croissance du marché parisien.

PARIS - Les ventes records de New York avaient donné le ton d’une très belle saison pour l’art contemporain. Paris, de son côté, a bien tiré son épingle du jeu : dans la lignée de juin, Christie’s, Sotheby’s ou Artcurial ont obtenu de très bons résultats, au-dessus de leurs prévisions. Le 2 décembre, Artcurial ouvrait la saison parisienne. La maison a réuni 5,8 millions d’euros (1) pour 29 lots, au-delà de son estimation (3,3 à 4,8 millions d’euros hors frais). La collection Dina Vierny, qui avait été couronnée de succès quelques heures auparavant, a de nouveau été sous le feu des projecteurs avec la vente de Liberté II, huile de grand format d’Erik Bulatov pour 1 million d’euros (est. 600 000 à 800 000 euros hors frais). Ont également obtenu de belles enchères un relief en bois de Sergio Camargo cédé 683 000 euros, dans la fourchette haute de son estimation, et un carton brûlé sur papier d’Yves Klein parti à 621 000 euros (1), le double de son estimation haute.
Le lendemain, Sotheby’s proposait une vente classique mais sélective composée de 32 lots, devant un large auditoire. Près de 20 millions d’euros ont été récoltés, dépassant largement l’estimation (10,3 à 14,7 millions d’euros hors frais). Les applaudissements ont salué la performance de La Grande Vallée de Joan Mitchell, star du soir, adjugée dans la salle pour 3,5 millions d’euros. Ce grand format, dans les mêmes mains depuis 1984, a tiré parti de sa fraîcheur sur le marché. La toile m.a 5 (Mariale) de Simon Hantaï, cédée 2,5 millions d’euros, à nouveau sous des applaudissements, après de longues enchères, a dû son succès tant à sa rareté qu’à sa provenance. Issue d’une série historique de seulement 8 œuvres, la toile dorée avait appartenu à Claude Berri. L’œuvre a permis à Sotheby’s de pulvériser son estimation basse (500 000 à 700 000 euros hors frais) et d’établir un record mondial pour l’artiste.
De record il est aussi question pour 1.12.64 de Zao Wou-ki, mais cette fois-ci seulement pour la France. Au terme de longues enchères, la toile du maître disparu il y a quelques mois a atteint 2,6 millions d’euros (est. 1 à 1,5 million d’euros hors frais). La maison a conclu la vacation avec l’excellent taux de vente de 91 %, trois œuvres seulement étant restées sur le carreau, dont une grande statue de Niki de Saint Phalle.

Plus de lots chez Christie’s
Christie’s fermait la marche le 4 décembre avec une vente centrée sur quatre collections, à laquelle assistaient en nombre collectionneurs et curieux, avec cependant un brin moins d’enthousiasme que la veille. La maison a récolté près de 20 millions d’euros, un total dans le haut de l’estimation, et égal à celui de sa consœur mais pour 51 lots, un nombre supérieur de pièces. Joan Mitchell était comme chez Sotheby’s le clou de la vente. Mais sa toile monumentale Aquarium n’a pas su pousser les enchères au-delà de 2,1 millions d’euros, manquant son estimation (2,2 à 3 millions d’euros hors frais).

C’est Kazuo Shiraga qui a attiré tous les regards avec une enchère de 2,1 millions d’euros, pour Chiinsei Hakukada, triplant son estimation basse. L’artiste Gutaï poursuit sur sa belle lignée des derniers mois : en juin dernier, une toile issue de la même collection de Rodolphe Stadler avait établi un record mondial pour l’artiste, battu depuis chez Phillips New York.

Issu de la collection Runnqvist (galerie genevoise Bonnier), le portrait orangé de Martial Raysse, Quinze août, a été cédé au téléphone pour 1,7 million d’euros, dans l’estimation basse. De son côté, Niki de Saint Phalle n’a pas connu meilleure fortune que chez Sotheby’s. Sa pétillante Nana danseuse du Pérez Art Museum à Miami (est. 800 000 à 1,2 millions d’euros hors frais) et son Oiseau amoureux sont restés invendus. Mais seules quatre pièces ont connu ce sort, permettant à Christie’s d’obtenir le très bon taux de vente de 92 %.

Ces ventes confirment tant la bonne santé du secteur que le rôle croissant de la place parisienne. Laetitia Bauduin, directrice des ventes chez Christie’s, commentait après la vente du soir : « Ces résultats remarquables démontrent que Paris est une plateforme internationale importante pour le marché de l’art contemporain ». La maison enregistre ainsi sa meilleure année pour l’art contemporain, couronnée par un total de 56 millions d’euros et une progression de 62 % par rapport à l’an passé. Sotheby’s décompte quant à elle un total fort proche de 51 millions d’euros. La vitalité du marché est palpable des deux côtés de l’Atlantique.

ART CONTEMPORAIN, CHRISTIE’S, LE 4 DÉCEMBRE

Estimation : 14,2-20,3 M€ hors frais
Total : 19,9 M€ f. c.
Nombre de lots : 47 sur 51
Taux de vente : 92 %

ART CONTEMPORAIN, SOTHEBY’S, LE 3 DÉCEMBRE

Estimation : 10,3-14,7 M€ hors frais
Total : 19,8 M€ f. c.
Nombre de lots : 29 sur 32
Taux de vente : 91 %

ART CONTEMPORAIN, ARTCURIAL, LE 2 DÉCEMBRE

Estimation : 3,3 à 4,8 M€ hors frais
Total : 5,8 M€ frais compris
Nombre de lots vendus : 23 sur 29
Taux de vente : 80 %

(1) Tous prix annoncés frais compris, sauf indication contraire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°403 du 13 décembre 2013, avec le titre suivant : Une brillante saison parisienne

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