Arts premiers

Des ventes plus modestes

Le catalogues de Christie’s et Sotheby’s France sont moins fastueux que l’an dernier

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2013 - 662 mots

Christie’s et Sotheby’s ont revu leurs prétentions à la baisse et s’attendent à récolter à 5,9 à 8,2 millions d’euros pour leurs ventes d’art premier, soit deux fois moins que l’an passé, dont le produit cumulé s’élevait à 13,2 millions d’euros.

PARIS - Pour sa vente du 11 décembre, Sotheby’s se limite à 99 lots, essayant de se démarquer de la vente de la collection Allan Stone, dispersée à New York le 15 novembre. Elle rend ainsi hommage aux grandes figures qui ont marqué par leur engagement la reconnaissance, d’abord des arts d’Afrique et d’Océanie, puis, plus tard, des arts d’Asie du Sud-Est, tels que Georges de Miré, Paul Guillaume, Charles Ratton, Helena Rubinstein…
Après l’échec des ventes de juin, Sotheby’s mise sur des « essentiels », se focalisant sur le modernisme avec un ensemble d’œuvres extrêmement épurées, très recherchées aujourd’hui et des estimations plutôt raisonnables. Marguerite de Sabran, directrice du département d’arts premiers à Paris, explique : « nous avons été ultra-sélectifs sur l’importance, la qualité et la rareté des pièces, revenant à quelque chose de plus “sécurisant” pour les collectionneurs, tant du point de vue stylistique et historique ». Exit les objets baroques et les collections constituées tardivement.

La vente regroupe une pièce iconique issue de la collection Georges de Miré, une figure de reliquaire Fang du Gabon, estimée 500 000 à 700 000 euros, attribuée à l’« atelier » Betsi-Mekè ; toujours du Gabon, une figure de reliquaire Kota-Shamaye ou Shaké, XIXe, provenant de la collection de Paul Guillaume (est. 150 000 à 200 000 euros) ; une statue Bamana, Mali, ancienne collection Helena Rubinstein, estimée 60 000 à 80 000 euros et une herminette de chef, Maori, Nouvelle-Zélande, issue de la collection Nelson A. Rockefeller donnée au Museum of Primitive Art de New York en 1967, avec une grande lame en néphrite qui a été conservée (est. 150 000 à 200 000 euros).
Côté découvertes, provenant d’anciennes collections belges essentiellement axées sur les arts du Congo : un sceptre en ivoire, emblème suprême des chefs Congo, (70 000 à 100 000 euros) et deux œuvres issues de la collection de Léopold Dupret sur l’art Kongo d’inspiration plastique chrétienne, dont une statuette-pendentif en ivoire représentant Saint-Antoine (Ntoni Malawu), XVIIIe siècle (est. 30 000 à 40 000 euros). L’intérêt se portera également sur des œuvres d’Asie du Sud-Est, telle une belle statue Ifugao, XIXe siècle ou antérieur, des Philippines (est. 90 000 à 120 000 euros).

De l’inédit
Le 10 décembre, Christie’s choisit comme fils conducteur, « des objets relativement inédits, peu publiés, voire inconnus du marché », souligne Charles Hourdé, spécialiste, département art africain et océanien. En décembre 2012, il y avait beaucoup d’objets connus, comme l’œuvre-phare, qui provenait de la collection du Bruxellois Jean Willy Mestach (reliquaire Nkundu, vendu 2,7 millions d’euros), publié et exposé partout. Cette année, le lot phare est une grande statue Dogon (172 cm), Mali, quasi inédite, elle est juste apparue dans une vente en Belgique en 1981. « C’est un objet nouveau dans le corpus des grands Dogon », affirme Charles Hourdé. Probablement passée entre les mains d’Hélène Leloup et datée au carbone 14 du XVe siècle, elle est estimée 300 000 à 500 000 euros.

La vente comprend également un masque Punu, Gabon, XIXe siècle, exposé seulement une fois en 2009 à Joinville. Il a perdu sa couleur blanche, ce que certains puristes pourront lui reprocher (est. 150 000 à 250 000 euros) ; une sculpture de temple des Îles Fidji, anthropomorphe (Dieu de la guerre), ce qui est très rare, collecté en 1863 par le révérend Thomas Baker, célèbre pour avoir été le dernier missionnaire connu à avoir été cannibalisé par les fidjiens, en 1867 et un bouchon de flûte biwat, bas-Sépik, Papouasie-Nouvelle Guinée, estimé 200 000 à 300 000 euros.
Pour Didier Claes, antiquaire à Bruxelles, « la vente de Sotheby’s est sans aucun doute plus attractive que celle de Christie’s, intéressante, mais qui, à mon sens, ne comporte pas d’objets majeurs ». 

CHRISTIE’S, le 10 DÉCEMBRE,

9, avenue Matignon, 75008 Paris, exposition publique : les 7, 9 et 10 décembre 10h-18h, le 8 décembre 14h-12h tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com

Expert : Charles-Wesley Hourdé
Estimation : 3 à 4 millions d’€
Nombre de lots : 114

SOTHEBY’S, LE 11 DÉCEMBRE,

76 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, exposition publique : les 6, 7, 9, 10 et 11 décembre 10h-18h, le 8, 14h-16h, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com

Experts : Marguerite de Sabran
Estimation : 4 à 6 millions d’€
Nombre de lots : 99

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°402 du 29 novembre 2013, avec le titre suivant : Des ventes plus modestes

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