Art impressionniste et moderne/New York

Des résultats contrastés

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 13 novembre 2013 - 705 mots

Si Sotheby’s et Christie’s New York réalisent leur meilleur score depuis 2007, augmentant leurs recettes de près de 50 % par rapport à 2012, celles-ci restent cependant dans la fourchette basse de leur pronostic.

NEW YORK - Les deux maisons de ventes anglo-saxonnes totalisent un chiffre d’affaires de 548 millions de dollars (1) (soit 406 millions d’euros), juste en dessous du record de 2007 (664 millions de dollars), mais restent proches de l’estimation basse fixée à 544 millions.
Avec 290 millions de dollars récoltés, Sotheby’s dépasse son estimation de départ, d’un montant de 217 millions, et réalise son meilleur résultat pour une session automnale, sans réussir toutefois à dépasser les 330 millions obtenus en mai 2012 grâce au Cri d’Edvard Munch. Le prix le plus élevé a été atteint par Grande tête mince (Grande tête de Diego), d’Alberto Giacometti. La galerie new-yorkaise Acquavella Galleries a déboursé ici pas moins de 50 millions de dollars, soit l’estimation haute. Picasso se retrouve encore en tête de liste : Tête de femme (1935) et Mousquetaire à la pipe (1969) ont obtenu respectivement 39,9 millions de dollars (dépassant l’estimation haute de 30 millions), et 30,9 millions de dollars (est. 12-18 millions).
Parmi les œuvres du mouvement futuriste, Automobile in corsa, de Giacomo Balla, a atteint 11,4 millions de dollars, un peu en dessous de son estimation basse fixée à 12 millions, mais c’est un record pour l’artiste en vente publique. Côté impressionnisme, Glaçons, effet blanc, de Claude Monet, obtient 16,1 millions de dollars (est. 9 à 14 millions), tandis que Étretat : les falaises, de Courbet, a été adjugée 3,7 millions de dollars, battant son précédent record.

Lots phares invendus
Simon Shaw, directeur du département impressionniste et moderne de New York, explique le bon résultat de la vacation en raison d’« une bonne combinaison entre le goût éclairé, des œuvres fraîches sur le marché, accompagnés d’estimation appropriées ». Le tiercé gagnant.

Plus difficile chez Christie’s, la vente Krugier, très attendue, n’a finalement pas remporté le succès escompté, hormis sa collection de dessins passée en vente du jour (21 millions de dollars). La collection entière était estimée 171 à 255 millions de dollars, mais seulement 113,7 millions de dollars ont été récoltés, avec 29 lots non vendus sur les 155 proposés. Que s’est-il passé ? Plusieurs marchands du secteur affirment après coup, au risque de se contredire, que « les œuvres mises en vente étaient surestimées, au vu de leur qualité ». De vieilles rancœurs à l’égard de Jan Krugier ont peut-être aussi contribué à ce demi-échec. Les deux lots phares sont restés invendus : les enchères pour Tête (Maquette pour la sculpture en plein air du Chicago Civic Center), n’ont pas dépassé 19 millions de dollars alors que 25 à 30 millions en étaient attendus, tandis que Herbstlandschaft, de Kandinsky, n’a trouvé aucun enchérisseur (est. 20-25 millions). Cependant, quelques œuvres ont créé la surprise, comme Claude et Paloma, de Picasso, qui a plus que doublé son estimation haute, atteignant 28 millions de dollars et acquis par le conglomérat chinois Dalian Wanda.

La vente du 5 novembre au soir, de divers amateurs, a totalisé 144, 3 millions de dollars, un montant bien inférieur aux sommes espérées (entre 189 à 278 millions de dollars), avec 76 % d’invendus. La pièce maîtresse de la vacation,la toile Diego en chemise écossaise, par Alberto Giacometti, a été adjugée au marteau 29 millions de dollars, certes en deçà de son estimation initiale de 30 à 50 millions de dollars (d’autant plus qu’elle était garantie par un tiers), mais c’est un record pour l’artiste dans cette catégorie. Quant aux deux autres lots phares, Monsieur Baranowski, de Modigliani, et Le Peintre et son modèle dans un paysage, de Picasso, tous deux estimés 25 à 35 millions de dollars, ils sont restés sur le carreau. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à l’issue de la vacation, Andreas Rumbler, qui a dirigé la vente, a indiqué que « l’estimation du Picasso était élevée car son propriétaire actuel ne souhaitait pas le vendre moins cher ». Le problème est connu, pour décrocher l’affaire, les experts/spécialistes doivent parfois accepter des prix de vente surévalués de leurs clients.

(1) Les résultats sont donnés frais compris et les estimations, hors frais.

CHRISTIE’S, collection krugier et vente du soir, 5 novembre
Estimation : 327 à 474 M$
Résultat : 258 M$
Nombre de lots vendus/proposés : 161/201

SOTHEBY’S, vente du soir, 6 novembre
Estimation : 217-314 M$
Résultat : 290 M$
Nombre de lots vendus/proposés : 52/64

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : Des résultats contrastés

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