Revue

Brut ou outsider ?

La Halle Saint-Pierre célèbre les 25 ans de la revue « Raw Vision »

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2013 - 340 mots

D’Aloïse Corbaz à Adolf Wölfli : ils sont presque tous là alignés dans la pénombre sur les cloisons de la Halle Saint-Pierre.

PARIS - Présence mystérieuse et envoûtante de ces classiques de l’art brut : petits personnages énigmatiques aux yeux cernés de masques noirs de Wölfli, troublantes « Vivian girls » d’Henry Darger et constructions architecturales imaginaires d’Augustin Lesage…  On découvrira pour la première fois à Paris quelques figures proches de l’art visionnaire comme Malcolm McKesson et ses créatures androgynes et fantomatiques, ou Donald Pass et ses paysages sublimes et fulgurants.
À l’étage, quelques maîtres du Folk Art américain comme Richard Burnside, et de la peinture populaire africaine tel Chéri Samba, voisinent avec des artistes singuliers dont le Français Pascal Verbera. Au total, ce sont plus de 400 œuvres de 80 artistes qui se télescopent parfois.

Pourquoi une telle profusion ? Et pourquoi réunir tous ces artistes sous la bannière de l’art brut : « Raw Vision, 25 ans d’art brut » ? Cette revue n’est-elle pas la grande prêtresse de l’outsider art, dont les formes n’ont rien de commun avec l’art brut ? Fondée en 1989 par John Maizels, formé à la Chelsea School of Art de Londres, Raw Vision a  défendu la première la création populaire en dehors des normes. Maizels se passionne pour l’art naïf, l’art médiumnique ou visionnaire, le folk art américain mais aussi l’art brut : « C’était pour moi la magie même, une forme de création si forte et si chargée spirituellement qu’elle surpassait toutes les autres. »

Dubuffet n’ayant jamais défini l’art brut, les différends s’amplifient. Pour le critique d’art Laurent Danchin, l’art brut – qu’il souhaiterait assimiler à l’art outsider – serait avant tout « un art non savant ». Le galeriste Christian Berst entend, lui, « bannir » cette notion d’art outsider, « qui est un appauvrissement par rapport à la richesse de l’art brut ». Le sous-titre de l’exposition tiendrait-il à la volonté de ses organisateurs de liquider un concept, l’art outsider, devenu un « label commercial passe-partout » ?

RAW VISION

25 ans d’art brut, jusqu’au 22 août 2014, Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, 75018 Paris, tél. 01 42 58 72 89, en semaine 11h-18h, sam. 11h-19h, dim. 12h-18h, www.hallesaintpierre.org

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°399 du 18 octobre 2013, avec le titre suivant : Brut ou outsider ?

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