Fish

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2013 - 313 mots

Les Anglo-Saxons ont un acronyme pour expliquer que les entreprises présentes les premières sur leur secteur parviennent toujours à le rester : le « Fish », ou « First Is Still Here ». La Fiac, qui fête cette année sa 40e édition, en est une bonne démonstration. Elle a su triompher des vicissitudes du marché de l’art pour s’imposer dans le peloton de tête des foires. Pourtant l’internationalisation croissante de ses deux concurrentes, Art Basel et Frieze Art Fair, devrait l’interpeller. Leur stratégie répond en effet à deux impératifs dans un environnement mondialisé. Il s’agit d’abord de construire des marques fortes internationales afin d’être plus désirable. Mais il s’agit surtout de développer ce qui fait de tout temps la valeur d’une entreprise : son fichier clients. En étant présents sur plusieurs continents, Art Basel et Frieze Art Fair s’assurent d’une proximité, d’une part avec les dirigeants des galeries qui comptent, elles-mêmes en voie d’internationalisation, d’autre part avec les grands collectionneurs américains et maintenant asiatiques ou moyen-orientaux.

Le réacteur nucléaire d’une grande foire d’art contemporain, c’est son fichier VIP. Plus ce fichier est renseigné et qualifié, plus les organisateurs sont en mesure de trouver les arguments pour faire venir les acheteurs. L’emprise du duopole Christie’s et Sotheby’s en est une bonne illustration pour le marché des ventes aux enchères. En restant locale, la Fiac prend le risque de se laisser distancer et de jouer à terme les seconds rôles. Reed Elsevier, le propriétaire anglo-néerlandais de la foire, est largement en capacité (7,5 milliards de chiffre d’affaires, 500 salons dans 30 pays) de développer la Fiac dans plusieurs zones géographiques. Il a d’ailleurs lancé une bouture de Paris Photo, qui lui appartient également, à Los Angeles. Reed a cependant toujours affirmé que la rentabilité de la Fiac était honorable, sans atteindre celle des autres manifestations. La Fiac est peut-être un trop petit poisson pour Reed.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°399 du 18 octobre 2013, avec le titre suivant : Fish

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