Arts premiers

Parcours des mondes, une 12e édition faste

Fréquentation et qualité en hausse lors de la 12e édition du Parcours des mondes, à Paris

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 septembre 2013 - 802 mots

Les visiteurs se sont pressés dans les galeries de ce parcours libre à ciel ouvert et les transactions ont été plus nombreuses que l’an passé.

PARIS - Organisé depuis 2002, le Parcours des mondes a réuni cette année une soixantaine de galeries, du 10 au 15 septembre, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Tous les participants s’accordent à dire que la fréquentation a été plus importante que d’habitude. La qualité aussi était au rendez-vous. Pour Pierre Moos, directeur du Parcours, « c’est une année exceptionnelle, encore mieux qu’en 2012. Nous souhaitions avoir uniquement les meilleurs et c’est le cas cette année. Avec l’instauration du vetting [comité d’experts], les marchands savaient que nous serions plus sévères, alors ils ont augmenté d’eux-mêmes la qualité de leurs objets ». Et à voir les nombreux points rouges figurant chez certains exposants dès les prémices de l’événement, les ventes ont suivi. Plusieurs marchands ont confirmé l’augmentation du nombre de transactions par rapport à l’an passé. « Certains d’entre eux ont vendu 80 % des œuvres exposées, d’autres ont dû renouveler leur stock. Ils ont beaucoup vendu », poursuit Pierre Moos. Un spécialiste du secteur confirme : « Quand on vend de beaux objets et qu’on ne prend pas les collectionneurs pour des vaches à lait, les marchands travaillent bien ! »

Plusieurs expositions, parmi la trentaine organisées, pas moins, se sont démarquées. L’espagnol Antonio Casanovas (galerie Arte y Ritual à Madrid) a encore fait sensation avec son exposition d’appuie-nuque de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des pièces sublimes qu’il a mis plus d’une dizaine d’années à rassembler. Le très bel appuie-nuque Iatmul, du XIXe siècle, sculpté de deux personnages assis dans la position du penseur sur l’animal totémique du clan, a été rapidement vendu.

Magnifique Figure Okvik
La présence de Donald Ellis a été très remarquée. Pour sa première participation à l’événement, le marchand new-yorkais proposait plusieurs masques, dont un masque Yup’ik (Alaska), vers 1890 (ancienne collection Jean-Jacques Lebel), ainsi qu’une magnifique Figure Okvik d’Alaska en ivoire (200 av. J.-C., 100 apr. J.-C.), « le meilleur exemple sur le marché depuis trente ans ». Le prix de réserve de cette pièce est fixé à 235 000 euros. Dès le début de l’événement, il avait déjà vendu dix objets, dont certains à des musées américains. Bruce Frank a également fait parler de lui avec une sublime sélection d’amulettes de la région du fleuve Sepik (Papouasie-Nouvelle-Guinée), tout comme la collection de bronzes Kulango (Côte d’Ivoire) qu’exposait David Serra venu de Barcelone.

Anthony Meyer, spécialisé dans l’art océanien et eskimo ancien, proposait de belles pièces, parmi lesquelles deux colliers royaux d’Hawaï en cheveux humains de femmes, l’un d’eux ayant été collecté en 1839 et jamais exposé (85 000 euros). Chez le même marchand, une effigie de chaman en ivoire de morse, art Eskimo, vendue avant même le vernissage, a tout de suite été emportée par son acquéreur. La galerie Bernard Dulon réunissait à nouveau des œuvres du Cameroun, dont deux pièces remarquables, un fragment de pilier sculpté du palais de Bali Nyonga (200 000 euros) et un étonnant masque dit « Batcham », Bamiléké (XVIIIe-XIXe siècle). Selon lui, « on n’en connaît que six ou sept exemplaires, pratiquement tous dans des musées. C’est une œuvre iconique de l’art africain ». Proposé à plus de 1 million d’euros, un musée étranger a posé une option.

L’Océanie fortement présente
Beaucoup de tapage accompagnait la présentation par la galerie Schoffel-Valluet d’une statue monumentale attribuée au peuple Dayak (1 à 1,5 million d’euros). Datée au carbone 14 du XVe siècle, cette statue aurait-elle été récemment sculptée sur un poteau du XVe siècle ? « À chaque fois que l’on trouve un chef-d’œuvre, il y a débat. Je considère que jusqu’à preuve du contraire, c’est un chef-d’œuvre », affirme Pierre Moos. Pour Judith Schoeffel, « l’enquête scientifique, validée officiellement par les experts du Musée du Louvre et du Quai Branly, apporte la preuve à cent pour cent que le processus de vieillissement est naturel et qu’il s’étale sur plusieurs siècles ». Parmi les autres œuvres, il ne fallait pas manquer un bouclier Mengen, Nouvelle-Bretagne, chez Michel Thieme (Amsterdam), les couvre-chefs du bassin du fleuve Congo exposés par la galerie SL (Serge Le Guennan), installée pour l’occasion dans la galerie Da-End, et un crochet porte-crâne agiba de Papouasie-Nouvelle-Guinée chez Jean-Édouard Carlier (galerie Voyageurs et Curieux).

L’Océanie était donc fortement présente cette année, signe d’un changement de goût chez les collectionneurs. « Par rapport à la sélection de 2012, celle de 2013, d’un bon niveau, est plus forte en Océanie, moins forte en arts d’Afrique, mais en même temps beaucoup plus riche en objets d’Amérique du Nord. D’ailleurs, sur le Parcours, on ne trouve pas de grands chefs-d’œuvre en art africain mais des petits chefs-d’œuvre en art océanien et indonésien », commente Johann Levy, expert en arts primitifs et précolombiens.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°397 du 20 septembre 2013, avec le titre suivant : Parcours des mondes, une 12e édition faste

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque