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Le costume à la cour de François Ier, luxe et apparat à la Renaissance

Le Journal des Arts

Le 16 septembre 2013 - 834 mots

L’intérêt croissant pour l’histoire du costume en fait désormais un objet d’étude historique à part entière. Le costume au XVIe siècle est un sujet nouveau qui bénéficie d’une bibliographie récente.

La description des habits portés à la cour est une particularité récurrente des relations et correspondances officielles du XVIe siècle. En s’intéressant à un règne long et aussi emblématique que celui de François Ier, ont pu être ainsi démontrés l’importance de la mode à la cour de France ainsi que le rôle moteur joué dans ce domaine par le roi et la reine dans la première moitié du siècle. En effet, avant même le règne d’Henri III, le costume et les codes qui l’accompagnent font partie d’une véritable politique vestimentaire royale.

L’étude des garde-robes à travers les comptes royaux permet d’appréhender en détail l’utilisation des matières textiles et de comprendre comment était fabriqué et articulé le costume de cour au début du XVIe siècle. Tout au long du règne, le goût pour la soie et les draps d’or et d’argent ne se dément pas et reste pour longtemps un symbole de luxe et d’apparat, comme en témoignent les prohibitions somptuaires répétées. Ce qui fait aussi la particularité du vêtement de cour, c’est l’emploi de la broderie d’or et d’argent ainsi que de la fourrure. Aucun élément de costume français de la première moitié du XVIe siècle ne nous est parvenu. Il faut donc se reporter aux tableaux de cette période pour se faire une idée des formes vestimentaires. Cependant, si la représentation du vêtement dans les portraits illustre ce qui peut être trouvé dans les sources comptables, il ne faut pas oublier qu’elle est le plus souvent une construction idéalisée par l’artiste. Ainsi, l’habit de François Ier sur son célèbre portrait peint par Clouet n’a jamais réellement existé : c’est un message codé, une énigme à déchiffrer à travers les couleurs et les motifs de la broderie. Si la peinture est bien la seule source qui permet de se représenter l’habit porté à la cour, elle ne montre pas non plus tous les éléments du costume : bien que la grande majorité des portraits d’hommes ne la fasse jamais figurer, l’élément principal de la garde-robe masculine reste encore pour longtemps la robe longue, héritage médiéval.

La couleur des jours de fête

L’importance du costume de cour est capitale dans la mesure où il est un marqueur directement visible du rang et de la richesse de celui qui le porte. Cette dimension importante du costume de cour n’est pas propre au XVIe siècle, mais les sources permettent d’exploiter cette piste à travers l’étude des dons royaux. Ces dons vestimentaires reflètent toute l’ambiguïté du paraître à la cour. Ils sont souvent réalisés dans l’objectif que leurs bénéficiaires soient plus richement vêtus et participent ainsi du rayonnement du roi ou des membres de la famille royale, mais le luxe de leurs vêtements ne doit pas outrepasser celui des habits royaux. Les fêtes de la cour sont également un axe majeur à explorer : la cour se pare alors de ses plus beaux atours, et, pour quelque temps, le noir, couleur dominante au quotidien, cède la place aux autres couleurs. Les entrées royales, les tournois, les bals et autres réceptions officielles sont l’occasion de revêtir des habits chargés d’or et d’argent d’un luxe extrême. La mode est enfin un aspect important de la vie politique nationale et internationale. Il faut paraître roi pour l’être : le manteau d’hermines et les insignes royaux sont là pour le rappeler lors du sacre ou au moment des obsèques. De même, lors d’une rencontre avec un souverain étranger, la puissance d’une cour, et plus largement d’un pays, passe par un étalage d’un faste presque inimaginable. Le camp du Drap d’or, qui a tant marqué les esprits, en est le paroxysme. L’existence de modes nationales est ainsi en plein essor. La Renaissance est en effet un moment où les échanges internationaux s’intensifient et couvrent un champ de plus en plus vaste : la mode en fait partie.

Le règne de François Ier annonce les règnes suivants où l’importance de la mode et de l’apparence s’accroît, faisant de l’instabilité vestimentaire des Français un poncif littéraire. Ce demi-siècle correspond aussi à l’affirmation non seulement d’un costume national mais surtout d’un costume de cour, bien différent de celui porté à la ville et qui tend à souligner l’appartenance à cette « société de cour ».



Pauline Antonini
 

Pour rendre compte de l’actualité de la recherche universitaire, le Journal des Arts ouvre ses colonnes aux jeunes chercheurs en publiant régulièrement des résumés de thèse de doctorat ou de mémoire de master (spécialité histoire de l’art et archéologie, arts plastiques, photographie, esthétique…).

Les étudiants intéressés feront parvenir au journal leur texte d’une longueur maximale de 4 500 caractères (à adresser à Jean-Christophe Castelain, directeur de la rédaction : jchrisc@artclair.com). Nous publions cette quinzaine le texte de Pauline Antonini, qui a soutenu sa thèse en 2013 à l’École nationale des chartes sous la direction de Nicolas Le Roux (Lyon-II).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°397 du 20 septembre 2013, avec le titre suivant : Le costume à la cour de François Ier, luxe et apparat à la Renaissance

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