Bilan

Les grandes maisons françaises progressent de 19 %

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 4 septembre 2013 - 1187 mots

En France, Sotheby’s en tête, les grandes maisons de ventes ont enregistré une solide croissance au cours du premier semestre 2013, même si Drouot affiche un résultat en baisse de 5 % par rapport à l’an passé.

PARIS - Le premier semestre 2013 s’est bien terminé pour les douze premières maisons de vente qui affichent un chiffre d’affaires cumulé de 431 millions d’euros, soit une progression de plus de 19 % par rapport au premier semestre 2012 (362 millions d’euros).

Les SVV formant le trio de tête augmentent toutes de manière significative leurs chiffres d’affaires, avec une légère modification dans le classement. Sotheby’s est de nouveau à la première place et progresse de 16 % avec un total de 106 millions d’euros. Sa plus haute enchère revient à Crown Hotel (Mona Lisa Black Background), de Jean-Michel Basquiat, vendu 5,7 millions d’euros le 5 juin. Christie’s prend la seconde place qu’Artcurial lui avait soufflée l’année dernière, avec un résultat de 92 millions d’euros, soit une progression de 33 %. Pour François de Ricqlès, président de Christie’s France, « les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. Les chiffres semestriels sont des indications, qu’on ne pourra juger réellement qu’en fin d’année. L’année dernière, nous étions 3e au premier semestre et nous avons terminé 1er, c’est dire à quel point ces chiffres sont relatifs ». Contrairement à Sotheby’s, qui a par exemple récolté la vente de la collection Barbier-Mueller (10,3 millions d’euros frais compris), Christie’s n’a pas eu de très grandes collections, si ce n’est les six lots composant le mobilier de la duchesse d’Albe par Armand Albert Rateau vendu 6,1 millions d’euros, mais sa vente d’art africain a très bien marché (7,9 millions d’euros), tout comme sa vente d’œuvres sur papier et celles de bijoux. L’enchère la plus forte pour ce semestre est aussi une œuvre d’art d’après-guerre, Painting March, de Francis Bacon (1985), adjugée 3,7 millions d’euros le 4 juin. Christie’s est leader en matière d’art contemporain en France pour la période concernée.

L’automobile dope les ventes d’Artcurial

Artcurial prend la troisième place, mais avec 91,6 millions d’euros et 25 % de croissance. La raison principale de cette bonne santé est la progression considérable de ses ventes d’automobiles de collection, qui totalisent plusà de 23 millions d’euros contre 14 millions l’an dernier ( 60 %). « Depuis deux ou trois ans, les prix ont fortement augmenté. Un nouveau regard est porté sur l’automobile : ce n’est pas uniquement de l’industrie, les gens ont compris qu’il y a tout un esprit de création autour de cette matière », souligne Francis Briest, vice-président d’Artcurial. « La bonne tenue de nos expositions dans un lieu prestigieux, l’originalité des œuvres que nous présentons avec un travail sur la qualité et non sur la quantité, un savoir-faire reconnu tant au niveau national qu’international, nos structures administrative et fiscale, font que nous sommes très compétitifs et au coude à coude avec les deux maisons concurrentes. Notre plus forte enchère, Nu debout, de Nicolas de Staël, a été adjugée 4,7 millions d’euros et a une provenance européenne. De même, la vente du Crillon et prochainement celle du Plaza Athénée, dont les propriétaires sont étrangers et très exigeants, prouvent que nous sommes reconnus sur la scène internationale ».

Sur la quatrième marche du podium, et nouvel entrant dans le palmarès, Thierry de Maigret affiche un bilan semestriel de 19,4 millions d’euros, en progression de 190 %. « Cela est dû à une enchère conséquente (une peinture chinoise d’époque Tang vendue 4,6 millions d’euros) mais aussi à une méthode de travail qui porte ses fruits : nous sommes proches de nos clients et essayons de pratiquer des prix attractifs et de faire des catalogues de qualité. De manière générale, les périodes d’élections, comme l’année dernière, sont des moments de flottement, les gens ne savent pas sur quel pied danser et il y a toujours un ralentissement dans les ventes », commente le commissaire-priseur. Avec 19 millions d’euros chacune et en cinquième position du classement, Millon, Tajan et Piasa sont ex aequo. Si Millon est en baisse de 14,7 %, Tajan augmente d’1,5 million d’euros son chiffre d’affaires. Quant à Piasa, elle se relève et gagne deux places. L’arrivée de Frédéric Chambre, et sous son impulsion, le développement de Piasa Rive Gauche, n’y est pas pour rien. « Piasa Rive Gauche, principalement axé sur le XXe siècle et le design, a enregistré plus de 4 millions d’euros en quatre mois d’activité », précise l’intéressé. Deux collections importantes ont également ponctué ce semestre, la collection Stricker de porcelaines chinoises (3,2 millions d’euros) et la vente de deux objets de l’ancienne collection Seligmann. « Si j’ai accepté cette mission, c’est parce que Piasa est avant tout une grande maison de ventes traditionnelle, sérieuse et reconnue sur le marché. La base est là, il y a seulement des développements à apporter, liés à la modernisation du marché, avec un peu plus de lisibilité à l’international », poursuit-il. Déception en revanche pour Claude Aguttes qui baisse à la 6e place avec 15,5 millions d’euros, 34 % de moins qu’au 1er semestre 2012. « C’est notre première baisse en 20 ans. Des restructurations internes nous ont fait perdre beaucoup de temps. Par conséquent, nous n’avons pas fait grand-chose en mai et un ou deux dossiers nous ont échappé. Maintenant, il faut que nous rattrapions notre chiffre au second semestre ! », confie le commissaire-priseur.

Les arrivants chassent les maisons en baisse
Le top 12 du premier semestre 2013 voit deux nouveaux arrivants : la SVV Rouillac en 10e place grâce à la vente du coffre en laque du cardinal de Mazarin (vers 1640), adjugé 7,3 millions d’euros le 9 juin au château de Cheverny (mis à prix 200 000 euros), la plus belle enchère française depuis le début de l’année. Et Binoche et Giquello, sur la 12e marche du podium, réintégrant ce classement quitté l’année dernière. Beaucoup de ventes, plusieurs enchères proches du demi-million, comme le cabinet en placage d’ébène de Macassar, vers 1920, de Marcel Coard, vendu 450 000 euros frais compris, ont contribué à un semestre honorable avec un total de 10,3 millions d’euros.

Beaussant-Lefèvre s’essouffle un peu avec une baisse de 10 % (12 millions d’euros), tandis que Gros & Delettrez sort de ce classement symbolique. Pour la maison de ventes, « nous avons un gros manque à gagner avec les ventes qui ont été reportées, essentiellement celles d’art orientaliste ». L’Hôtel Drouot continu son déclin, après avoir fléchi de 13,5 % au premier semestre 2012, il enregistre une nouvelle baisse de 5 % à 237 millions d’euros. « Cette baisse de chiffre est due à une diminution du prix moyen de l’objet, ainsi qu’à une concurrence réelle. Certaines affaires qui se seraient vendues hier à Drouot ne le sont plus aujourd’hui. Le terrain est favorable, il faut simplement l’appréhender et faire en sorte que cette machine fonctionne dans son intégralité. Nous avons une chance inouïe d’être dans un marché très porteur aujourd’hui, quand le domaine de la finance l’est un peu moins. Il y a une sorte de balancier qui se crée entre les deux », analyse Frédéric Chambre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : Les grandes maisons françaises progressent de 19 %

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