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Patine noire, la sculpture sublimée

Philippe Ratton s’intéresse à un sujet peu traité mais très important dans l’art africain.

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 3 juillet 2013 - 481 mots

PARIS - Profitant de la période active du mois de juin, avec l’organisation des grandes ventes et une présence importante de collectionneurs, Philippe Ratton montre dans sa galerie une trentaine de pièces d’Afrique centrale et de l’Ouest, toutes à patine noire.

« C’est un sujet intéressant et très important dans l’art africain », souligne-t-il. La patine témoigne de la vie d’autrefois, lorsque l’œuvre était employée et faisait l’objet d’un culte. Le temps, l’usage et les onctions rituelles lui ont donné sa propre texture.
« Série noire », contraction de « série d’objets dont la patine est noire », pose deux questions : si celle de l’origine de la patine est vite élucidée, en revanche, sa signification rituelle ne peut être résolue. En effet, « ce ne sont que des avis. Il n’y a pas d’écrit mais une tradition orale », explique le marchand. Et, selon la chercheuse Marine Fort dans le catalogue de l’exposition, d’une civilisation à une autre, les « patines ont été créées avec des matériaux et des techniques différents, détenant leur propre symbolique ». Une chose est sûre, « les objets à patine noire sont empreints de noblesse et de haute dignité », précise Philipe Ratton.

Décoction de racines
Des « bains de vase et décoction de racines » donnent à la patine sa couleur noire, puis une superposition de couches d’huile de palme et de poudre de bois de paddouk lui apporte brillance et épaisseur. Elle est dite « croûteuse » à la suite de libations de terre et de sang. D’autres couches viendront s’additionner, dues aux onctions rituelles et à l’entretien de la patine.
La pièce phare de l’exposition, déjà vendue pour moitié le soir même du vernissage, est un byeri, gardien de reliquaire Fang Ntumu du Gabon, reliquaire lui aussi déjà cédé. Sa patine suintante, due aux variations hygrométriques faisant dégorger l’huile par resserrement des fibres, donne vie à l’objet. Parmi les autres chefs-d’œuvre figurent une porteuse de coupe Luba, Congo ; un couple de statuettes Goma recouvertes d’une profonde patine foncée ; une statuette Attié de Côte d’Ivoire, très rare ; un beau masque Punu du Gabon (35 000 euros) ; une cuillère Dan, de Côte d’Ivoire, « avec une patine brillante “au top”, complètement imprégnée », souligne Philippe Ratton.
Les prix démarrent à 2 500 euros pour atteindre 50 000 euros, avec trois objets exceptionnels, au-delà de 500 000 euros. « Dans ce marché authentique, composé de passionnés, les prix ne cessent d’augmenter. Trois raisons à cela : l’artiste est mort, les objets partent dans les musées et il y a de plus en plus de clients. Il ne faut pas réfléchir longtemps pour comprendre qu’avec beaucoup de demande et plus d’offre, les prix grimpent », explique le marchand.

SÉRIE NOIRE

jusqu’au 27 juillet, galerie Ratton, 11, rue Bonaparte, 75006 Paris, 01 46 33 32 02, du mardi au samedi 10h30-13h et 14h30-19h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°395 du 5 juillet 2013, avec le titre suivant : Patine noire, la sculpture sublimée

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