Art décoratifs - Des enchères sans excès

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2013 - 905 mots

La saison parisienne d’Art déco, dont l’événement était la dispersion par Christie’s d’un ensemble de Rateau, offre des résultats satisfaisants mais sans étincelles.

PARIS - En totalisant 17,5 millions d’euros pour une estimation globale de 14 à 19 millions d’euros hors frais (env. 17 à 22,5 millions frais compris), les ventes parisiennes d’arts décoratifs du XXe n’ont pas connu d’envolée des prix.

Le 23 mai, Christie’s promettait l’événement vedette de cette saison, avec la dispersion de l’exceptionnel ensemble de meubles conçus en 1921 par Armand-Albert Rateau pour la salle de bains de la duchesse au palais de Liria à Madrid. Ces sept pièces, d’un intérêt esthétique autant qu’historique, avaient été estimées 5,8 à 7,9 millions d’euros par la maison. Trop haut ? Peut-être le fallait-il pour remporter face à Sotheby’s la mise en concurrence des consultants new-yorkais, Nancy McClelland et Lars Rachen, diligentés par la maison d’Albe. L’ensemble s’est certes vendu, mais sans atteindre l’estimation basse.

Soutien indéfectible de Rateau, Cheska Vallois a mis la main sur les plus belles pièces, confiant avoir « espéré  [les] acquérir depuis un certain nombre d’années. » La galeriste a ainsi remporté sans encombre un lit de repos pour 421 000 euros (est. 400 000-600 000 euros hors frais, env. 500 000-750 000 euros frais compris), une table basse au piétement sculpté d’oiseaux en bronze pour 1,7 million d’euros (est. 1,5-2 millions d’euros hors frais, env. 1,8-2,4 millions d’euros frais compris) et une paire de lampadaires également ornés d’oiseaux (même estimation chacun) pour 1,7 million l’un (frais compris). « Je suis ravie de l’acquisition de ces pièces indiscutables dans d’excellentes conditions ; je ne m’attendais pas à les acheter à ces prix-là », se réjouit Cheska Vallois.
Si la vente est plutôt une déception pour Christie’s, qui reste légèrement en deçà de son estimation basse avec un total de 8,5 millions d’euros (frais compris), la collection Alain Braunstein également mise en vente s’est bien défendue, dépassant son estimation haute avec un chiffre d’affaires de 1,9 million d’euros (frais compris).

Clients internationaux
Le 22 mai, Sotheby’s offrait un large panorama des arts décoratifs, des années 1900 à nos jours. En cumulant 3,9 millions d’euros (frais compris), la maison atteint l’estimation basse de la fourchette. « Nous n’avions pas de “blockbuster” et certaines pièces n’étaient pas en bon état », explique Cécile Verdier, expert de la vente. Les pièces Art nouveau proposées n’ont quant à elles connu qu’un succès mitigé ; un bureau de Louis Majorelle (est. 80 000-120 000 euros hors frais) et un banc en pierre reconstituée attribué à Antoni Gaudí (est. 100 000-150 000 euros hors frais) n’ont pas trouvé preneur. L’ensemble de vingt pièces de Jacques Adnet s’est bien vendu et une paire de lampadaires feuille en bronze sculpté d’Alberto Giacometti, très attendu, a atteint le score honorable de 289 500 euros (est. 180 000-200 000 euros hors frais, soit env. 217 000-241 000 euros frais compris). La surprise est venue d’une paire de singes de François-Xavier Lalanne, remportée pour 301 000 euros par un collectionneur étranger, multipliant par quatre son estimation basse. « La clientèle est de plus en plus internationale : ainsi, les dix premiers lots ont été vendus à des clients privés étrangers, dont sept hors d’Europe, note Cécile Verdier. »

38 % d’invendus chez Tajan
Tajan proposait le 23 mai une vente de moindre ampleur estimée 1 à 1,4 million (hors frais). Les résultats ont été décevants : avec un chiffre d’affaires de 1,02 million d’euros (frais compris), la SVV a manqué son objectif et enregistré un fort taux d’invendus de 38 %. L’ensemble de mobilier d’André Arbus provenant d’un appartement parisien a cependant tiré son épingle du jeu, et une commode en jonc et ivoire du créateur a réussi une belle performance : estimée 40 000 à 60 000 euros hors frais (environ 48 000 à 72 000 euros frais compris), elle a atteint 103 408 euros.
Artcurial, qui clôturait le bal le 28 mai, a réalisé une vente très satisfaisante avec un total de 2,4 millions d’euros pour une estimation d’1,8 à 2,2 millions d’euros hors frais (env. 2,1 à 2,6 millions d’euros frais compris). Parmi les belles ventes, citons un Ours blanc en bronze de François Pompon remporté pour 193 900 euros, doublant ainsi son estimation basse, un guéridon bibliothèque MB 960 de Pierre Chareau vendu 91 000 euros et une vitrine de Jacques Majorelle ayant atteint 113 300 euros (frais compris).

ARTS DÉCORATIFS DU XXe ET DESIGN
Sotheby’s, le 22 mai
Estimation : 3 à 4,3 M€ (hors frais, h. f.)
Résultats : 3,9 M€ (frais compris, f. c.)
Nombre de lots vendus : 114 sur 159
Taux de vente : 72 %

ARTS DÉCORATIFS DU XXe ET DESIGN/ COLL. A. BRAUNSTEIN
Christie’s, le 23 mai
Estimation : 8 à 11 M€/700 000 à 1 M€ (h. f.)
Résultats : 8,4 M€/1,8 M€ (f. c.)
Nombre de lots vendus : 49 sur 64/50 sur 67
Taux de vente : 77 %/75 %

ARTS DÉCORATIFS DU XXe
SVV Tajan, le 23 mai
Expert : Jean-Jacques Wattel
Estimation : 1 à 1,4 M€ (h. f.)
Résultats : 1,01 M€ (f. c.)
Nombre de lots vendus : 136 sur 217
Taux de vente : 62 %

ART DÉCO
Artcurial, le 28 mai
Expert : Félix Marcilhac
Estimation : 1,8 à 2,2 M€ (h. f.)
Résultats : 2,4 M€ (f. c.)
Nombre de lots vendus : 156 sur 219
Taux de vente : 71 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°393 du 7 juin 2013, avec le titre suivant : Art décoratifs - Des enchères sans excès

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