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Muséologie

L’Italie en Bretagne

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 21 mai 2013 - 635 mots

Le Musée des beaux-arts de Quimper raconte indirectement l’histoire de la constitution des collections italiennes des musées de Bretagne.

QUIMPER - 82 œuvres issues des Musées des beaux-arts de Nantes, Rennes, Brest, Morlaix, Dinan et Vannes sont réunies à celles du Musée des beaux-arts de Quimper pour composer un voyage italien dans les collections bretonnes du XVe au XVIIIe siècles.

Du maniérisme au baroque en passant par le caravagisme, « De Véronèse à Casanova » fait défiler la peinture italienne dans toute sa diversité, excluant cependant les primitifs – à l’exception des Siennois du musée d’accueil – pour des raisons de conservation. Derrière un parcours thématique très académique mettant les genres à l’honneur – ainsi la très sensuelle Mort de Marc-Antoine de Pompeo Batoni (1708-1787) pour illustrer la peinture d’histoire ou le Portrait de la glaçante Luisa Vertova Agosti signée Giovanni Battista Moroni (1525-1578) en représentante du profane – la manifestation livre en creux l’histoire des collections bretonnes. À l’exception du Musée des beaux-arts de Brest, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, les musées bretons n’ont que peu bénéficié des dépôts de l’État, mais se sont constitués et développés grâce à l’apport de collectionneurs locaux. Ainsi en 1810, le diplomate François Cacault vend au Musée des beaux-arts de Nantes (fermé pour rénovation jusqu’en 2018) la majorité de son fonds italien, dont l’émouvant Christ portant sa croix d’Andrea Solario (1465-1524) et le mystérieux Portrait d’artiste de Giacomo Farelli (1624-1706) sont parmi les plus beaux exemples.

Restauration des tableaux des maîtres italiens
Quimper reçoit pour sa part 125 tableaux qui vont entraîner, en 1864, la création du Musée des beaux-arts de la ville. 133 des 166 œuvres italiennes qui composent le legs du comte Jean-Marie de Silguy, ont toutefois été laissées à l’abandon, croupissant dans les réserves peuplées d’insectes xylophages. N’ayant jamais bénéficié de restauration comme les peintures françaises, flamandes et hollandaises, ces tableaux se sont fortement détériorés au fil des ans. Jusqu’à ce que la restauration de 34 d’entre eux, achevée en 2010 par le Centre de restauration des Musées de France avec le mécénat de BNP Paribas, ne les fasse sortir de l’oubli. Leur renaissance sert d’ailleurs de préambule à l’exposition. Sur un fond noir peu flatteur, où les panneaux explicatifs se sont fait attendre, 23 tableaux restaurés sont accrochés, étagés et décadrés. « Nous voulions présenter les œuvres sur un pied d’égalité, d’un point de vue strictement technique », explique Guillaume Ambroise, directeur du musée. Elles ne sont pourtant pas toutes du même niveau : certaines gagneront les cimaises des collections permanentes à la fin de la manifestation, d’autres, de seconde main, retourneront dans les réserves. Toutes ont cependant retrouvé leur éclat et leur lisibilité après diverses opérations de conservation et de traitement esthétique (repeints, réintégration de lacunes…), et parfois  même gagné une nouvelle attribution. C’est le cas d’une Marie Madeleine qui a rejoint le corpus du Cavalier d’Arpin (1568-1640) et d’une Sainte Catherine, longtemps reliée à l’atelier de Titien (1488-1576) mais qui a été redirigée vers l’Europe du Nord.

Une manière d’apporter un nouvel éclairage à des collections qui restent jalonnées de points d’interrogation. Ainsi le très caravagesque Saint Sébastien attaché par un bourreau, émergeant de l’obscurité avant l’instant de son martyr, qui garde encore le secret de son peintre. La publication d’un catalogue raisonné des collections italiennes quimpéroises, à venir, résoudra peut-être ce mystère.

De Véronese à Casanova

Commissariat général : Guillaume Ambroise, directeur du Musée des beaux-arts de Quimper ; Anne Dary, directeur du Musée des beaux-arts de Rennes ; Blandine Chavanne, directrice du Musée des beaux-arts de Nantes ;
Commissariat scientifique : Mylène Allano, docteur en histoire de l’art ; François Coulon, conservateur au Musée des beaux-arts de Renne ; Adeline Collange, conservateur au Musée des beaux-arts de Nantes
Itinérance : Au Musée des beaux-arts de Rennes à l’hiver 2013

DE VERONESE A CASANOVA

Parcours italien dans les collections de bretagne, Musée des beaux-arts de Quimper, 40, Place Saint-Corentin, 29000 Quimper, tél. 02 98 95 49 16, www.mbaq.fr, tlj 10h-19h. Catalogue, éditions Lieux-dits, 200 p., 25 €

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°392 du 24 mai 2013, avec le titre suivant : L’Italie en Bretagne

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