Inquiétudes chez les futurs conservateurs territoriaux

Le Journal des Arts

Le 3 mai 2013 - 659 mots

Les élèves conservateurs de la filière territoriale en quête d’un poste se heurtent à la concurrence des contractuels embauchés dans certaines collectivités.

PARIS - Les inquiétudes pointent à l’Institut national du patrimoine (INP) : alors que les élèves fraîchement diplomés en 2012 prennent leurs fonctions de conservateurs, quelques collectivités semblent rechigner à suivre la politique engagée afin de promouvoir l’excellence de l’école. « Nous avons eu deux cas récents de grandes collectivités territoriales qui ont affiché des offres dans le cadre d’emploi des conservateurs du patrimoine, et nos élèves ont été évincés aux profits de contractuels. Cela nous a alarmés et irrités », explique Éric Gross, directeur de l’INP.

Le statut à part des conservateurs territoriaux
À l’INP, chaque promotion se compose pour moitié environ d’élèves conservateurs territoriaux ayant réussi le même concours que les élèves conservateurs d’État. Si la scolarité des deux filières est quasi identique, quelques subtilités administratives les différencient : les élèves territoriaux dépendent de l’Institut national des études territoriales (INET) basé à Strasbourg et sont financés par le Centre national de la fonction publique territoriale à hauteur de 25 000 euros par élève et par an reversés à l’INP (chargé du recrutement et de l’enseignement des élèves) dans le cadre d’une convention entre les deux institutions. Quelques stages organisés par l’INET durant les 18 mois de scolarité offrent aux élèves des outils de recherche d’emploi. Car si les élèves conservateurs d’État sont affectés par les services de l’État dès la sortie de l’INP, les élèves territoriaux doivent affronter le marché du travail et répondre aux offres d’emploi statutaires après obtention du diplôme de l’INP : ils ne sont titularisés qu’à condition d’obtenir un poste dans les trois ans suivants la sortie de l’Institut. « À ma connaissance, un seul élève n’a pas trouvé de poste à l’issue des trois ans », explique Éric Gross, directeur de l’établissement depuis 2008, « en règle générale, fin juin, beaucoup d’élèves territoriaux sont déjà recrutés par des collectivités », relativise-t-il. Le recours de plus en plus fréquent à des contractuels pour ces postes inquiète cependant les élèves conservateurs. « La recherche d’emploi des diplômés n’est pas apaisée cette année », note un élève maniant l’euphémisme. Pour dissiper le malaise, Éric Gross a averti le ministère de la Culture de cet état de fait : « La Direction des Patrimoines a pris à cœur le problème, et une mission de l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) va être déclenchée pour éclairer les méthodes de recrutement des collectivités territoriales au regard du code du patrimoine. »

La loi protège le diplômé
La législation et la jurisprudence sont en faveur des élèves diplômés : en 2010, une décision de justice a invalidé l’embauche d’un contractuel à la direction d’un musée de Bayonne, pointant la priorité d’emploi obligatoire à la classe des conservateurs territoriaux. Si le principe de libre-arbitre des collectivités territoriales est intangible, il doit être en adéquation avec le code du patrimoine, « sous peine d’être dans l’illégalité », insiste Éric Gross. Avec un budget de fonctionnement de 8 millions d’euros, l’INP tient à affirmer l’excellence de sa formation. La dernière promotion 2013, la première issue de la réforme du concours de recrutement de 2012, a le plus grand nombre d’élèves (57) depuis la création de l’INP (1990) : l’État et les collectivités territoriales s’engagent dans une politique de recrutement renforcée.

À l’INP, on se veut rassurant, le nouveau concours semblant porter ses fruits. Les épreuves écrites sont plus exigeantes sur le plan scientifique, les dissertations n’ont plus de thématiques et l’iconographie n’est plus légendée, tandis que les épreuves orales s’orientent sur les qualités professionnelles des candidats et leurs connaissances du terrain. Ce dernier point pourrait être en faveur d’une nouvelle dynamique dans le recrutement des élèves territoriaux, déjà armés pour leurs recherches d’emploi. Les résultats de l’enquête de l’IGAC prochainement mise en place devraient permettre de répondre aux inquiétudes de ces nouveaux élèves et au renforcement du statut de conservateur territorial.

Légende photo

La promotion Oscar Wilde de L'INP, 2013 - © INP.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°391 du 10 mai 2013, avec le titre suivant : Inquiétudes chez les futurs conservateurs territoriaux

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