Un Salon du dessin rayonnant

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2013 - 631 mots

Le Salon du dessin a connu une 23e édition brillante, pour les feuilles tant anciennes et XIXe que modernes.

PARIS - « Attirant une nouvelle fois collectionneurs et conservateurs du monde entier, cette édition du Salon du dessin a été une grande réussite », s’est enthousiasmé Hervé Aaron, président de l’événement qui s’est tenu du 10 au 15 avril à Paris, au Palais de la Bourse. Dans une ambiance conviviale, trente-neuf exposants accueillaient les collectionneurs privés et institutions à la recherche des plus belles feuilles anciennes, modernes et, dans une moindre mesure, contemporaines. Chez le bruxellois Patrick Derom, un amateur français qui cherchait depuis vingt ans une œuvre majeure de Léon Spilliaert a soufflé à un musée une grande feuille du symboliste belge représentant le Casino d’Ostende (1908), pour un peu moins de 300 000 euros. Franck Prazan (galerie Applicat-Prazan, Paris), dont le stand était entièrement consacré à l’œuvre de Maurice Estève, a facilement cédé l’intégralité des dessins de l’artiste. Jugeant le public « plus débridé que d’habitude », François Lorenceau (galerie Brame et Lorenceau, Paris) s’est réjoui d’avoir vendu près de dix pièces dès l’ouverture du salon, parmi lesquelles une grande aquarelle d’une vue de Notre-Dame (vers 1864) signée Johan Barthold Jongkind.

Chez Jacques de la Béraudière, marchand français installé à Genève, des collectionneurs privés ont notamment emporté une Chute à vélo de Hans Bellmer, une Femme nue voilée de Constantin Brancusi provenant de la collection Lefebvre-Foinet et un portrait de Jeanne Hébuterne d’Amedeo Modigliani. Un musée américain a acquis un dessin de Fernand Léger. Un nu au crayon de Jean Fautrier et Rochers à Trégastel (1902), chef-d’œuvre en couleur de Frantisek Kupka, font partie des œuvres rapidement enlevées chez Antoine Laurentin (Paris).

Succès pour les romantiques
Par son incroyable modernité, une Étude de prune (1860) de Johann Wilhelm Preyer a attiré l’œil d’un large public, chez le parisien Bob Haboldt. Elle a fait le bonheur d’un connaisseur du peintre allemand de natures mortes. Le marchand, qui a conclu une dizaine de ventes, exposait en particulier un exceptionnel dessin allemand de la Renaissance, Saint Jean l’Évangéliste de Hans Franckenberger l’Ancien, réservé par un musée. Les belles feuilles anciennes se sont aisément envolées. Ainsi, si un nu féminin de Gustav Klimt et un Poussin effronté de Pablo Picasso ont trouvé preneurs chez Éric Coatalem (Paris), un mur de dessins français du XVIIe signés Eustache Lesueur, Simon Vouet, Charles de La Fosse ou encore Nicolas Chaperon a été pris d’assaut. À la galerie de Bayser (Paris), L’Apparition de saint Pierre aux Chartreux, dessin du XVIIe de Vicente Carducho préparatoire à un tableau conservé dans un monastère près de Madrid, a été emporté par un particulier espagnol, et une grande Vue du port de Messine (1783) de Louis François Cassas a fait mouche auprès du Metropolitan Museum of Art de New York. « La crise semble complètement oubliée », notait Arturo Cuéllar, marchand installé à Zurich. Chez lui, les dessins romantiques allemands signés Carl Gustav Carus, Philipp Otto Runge, Friedrich Nerly et Julius Schnorr von Carolsfeld ont fait florès auprès d’une clientèle européenne et d’un musée américain. Même succès chez Katrin Bellinger (Munich) où trois études de Caspar David Friedrich ont été vite emportées, et à la galerie Prouté (Paris), pour un Ruisseau dans la forêt (1841) du peintre romantique anglais John Martin. L’artiste était aussi en vedette sur le stand d’en face, chez Jean-Luc Baroni, avec une interprétation magistrale de La Destruction de l’armée du pharaon (1836), emportée dès l’ouverture pour un peu moins d’un 1,5 million d’euros. Le galeriste londonien s’est également séparé du Paradis terrestre, rare aquarelle fauve d’André Derain qui rivalisait d’éclat avec une lumineuse aquarelle de 1984 de Gerhard Richter. Cette dernière, affichée à 450 000 euros, était cependant toujours en attente d’un acquéreur à la fermeture du salon.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°390 du 26 avril 2013, avec le titre suivant : Un Salon du dessin rayonnant

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