États-Unis - Musée

Fonds de dotation

Quand la Bourse affecte les musées américains

Par Stoilas Helen & Pes Javier · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2013 - 577 mots

La baisse des machés financiers a eu un impact direct sur les fonds de dotation des musées américains, qui entendent désormais diversifier leurs sources de revenus.

NEW YORK - Pour les grands musées américains, 2012 ressemble beaucoup à 2009, année marquée par une chute drastique de la valeur de leurs fonds de dotation. Les rapports annuels du Getty Trust, du Cleveland Museum of Art (Ohio) et du Museum of Modern Art (MoMA, New York) indiquent une baisse de la valeur de leurs fonds respectifs de 5 %, 6 % et 9 % en 2011 et 2012. Onze des quatorze institutions que nous avons interrogées accusent une baisse et seules deux d’entre elles affichent une forte hausse.

Au Museum of Fine Arts de Boston (Massachusetts), le fonds de dotation a subi une variation de 25 % entre 2007 et 2012 – de 555 millions de dollars (427 millions d’euros) en 2007-2008 à 516,4 millions en 2012, en passant par 409 millions en 2009. Selon le directeur de l’institution, Malcolm Rogers, le fonds de dotation est demeuré « plutôt solide » grâce à des investissements prudents. Timothy Rub, directeur du Philadelphia Museum of Art (Philadelphie), se dit soulagé par la reprise du marché boursier. Mais le maintien de cette embellie à long terme est source d’inquiétude. « Un fonds de dotation prend du temps à s’étoffer, et, avec le krach boursier, nous avons perdu cinq années de croissance », déplore-t-il. Le rapport annuel sur la santé économique des musées du pays que vient de publier l’Alliance américaine des musées (AAM) est révélateur : « En 2011, 72 % des musées accusaient un stress économique. À 67 % cette année [en 2012], ce chiffre n’a que légèrement baissé », souligne le président Ford Bell, président de l’AAM.
Si la récente reprise du marché boursier américain a été accueillie avec soulagement, les directeurs de musées ne baissent pas la garde car ils ont conscience de la fragilité de la situation. Le fundraising [collecte de fonds] est donc devenu la priorité. Le Getty a même décidé qu’il était trop risqué de compter sur les seuls revenus de son fonds de dotation, lequel a perdu jusqu’à 29 % de sa valeur entre 2007 et 2009. À défaut de fundraising, son budget a été réduit de 24 % et plus de 130 employés ont été licenciés. « Diversifier les sources de revenus est la meilleure et la plus sage des solutions », affirme James Cuno, président-directeur général du J. Paul Getty Trust.

Accroître dons et recettes
En mars, l’Indianapolis Museum of Art (Indiana) annonçait 29 licenciements et promettait de moins se reposer sur les revenus de son fonds de dotation (330 millions de dollars). Le musée en a toujours été dépendant, aussi son directeur, Charles Venable, entend accroître les dons et les recettes pour financer 50 % du budget de fonctionnement, contre 30 % aujourd’hui. Fin 2008, le Saint Louis Art Museum (Missouri) avait arrêté les travaux de construction d’une nouvelle aile. Une fois le marché apaisé, le musée a poursuivi le chantier tout en profitant de la baisse des taux d’intérêt et des coûts du bâtiment, mais aussi des dons à 7 chiffres, ceci « même en 2009 », indique le directeur, Brent Benjamin. « Nous sommes toujours inquiets. Notre stabilité est directement liée à la stabilité de l’économie au sens large. » Un avis partagé par James Cuno : « Le système est fragile. Nous avons tous les yeux rivés sur l’Europe.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : Quand la Bourse affecte les musées américains

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