L’hôtel Drouot vu par l’un de ses commissaires-priseurs

Le Journal des Arts

Le 10 avril 2013 - 502 mots

Ancien avocat d’affaires à Paris et New York, Fabien Mirabaud, 37 ans, commissaire-priseur diplômé en 2009, est associé à Pierre-Emmanuel Audap depuis 2010 (A&M, Audap-Mirabaud). Son chiffre d’affaires, atteignant 5,5 millions d’euros en 2012, est en progression constante. Il livre son sentiment sur l’hôtel Drouot.

« Globalement, Drouot reste un outil incontournable et un lieu exceptionnel réunissant autant de commissaires-priseurs qui sont, par leur formation unique au monde, très compétents. C’est une garantie de réussite. Signe de son succès, l’hôtel Drouot est quotidiennement visité par des milliers de personnes. Pour autant, Drouot s’est un peu reposé sur ses acquis. Les particuliers ont été négligés. Aussi, depuis quelques années, nous donnons une attention nouvelle à ce public, en améliorant des services annexes, comme la mise en place d’un service d’emballage gratuit, le transport des objets ou la possibilité d’enchérir par Internet via DrouotLive pour une clientèle qui n’a pas le temps de se déplacer. Nous avons expérimenté des nocturnes qui n’ont pas marché. Mais les journées « Portes ouvertes » organisées deux fois par an, avec des conférences et un service d’estimations gratuites, portent leurs fruits. On y rencontre un nouveau public non initié.

La première image que donne un lieu est cruciale pour des clients. Aussi, les importants travaux menés à Drouot afin de rénover le lieu dans le cadre de sa mise aux normes, avec un nouveau hall plus ouvert et accueillant, vont dans ce sens. Pour faire mieux, on pourrait envisager la présence d’hôtesses d’accueil (bilingues ou trilingues) guidant le public dans Drouot. Favoriser l’accessibilité aux particuliers veut dire aussi en encourager les petites ventes spécialisées ou thématiques pas forcément cataloguées. Par exemple, j’ai pu constater qu’une vente consacrée aux arts de la table, avec un effort de scénographie, attire le grand public. Mais pour laisser de la place à ces ventes, il faut assouplir le système de location de salles qui encourage les ventes de prestige à certains moments de l’année, engorgeant le calendrier en mai, juin, novembre et décembre.

Parmi les services qui méritent encore d’être améliorés, le système des ordres d’achat oblige pour l’instant les enchérisseurs à s’enregistrer auprès de chaque maison de ventes, lorsqu’ils veulent laisser un ordre dans plusieurs ventes à Drouot. Il faudrait mettre en place un bureau commun d’enregistrement. Enfin, je pense qu’il faut réétudier la question de l’ouverture de Drouot à des opérateurs non actionnaires, qui, même s’ils n’ont pas investi dans l’outil de travail Drouot, contribueraient à renforcer la position de Drouot ; le tarif d’accès à Drouot serait plus élevé bien évidemment. Par exemple, accueillir, au cas par cas, un confrère de province qui offre une belle collection assiérait le rayonnement de l’image de Drouot plutôt que de voir la vente se tenir dans un lieu satellite peu adapté à un travail qualitatif. Proposer des marchandises saines, faire des efforts de scénographie pour mettre en valeur ses objets, être transparent avec ses vendeurs et ses acheteurs : tout cela doit contribuer à la réputation des commissaires-priseurs qui font Drouot. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : L’hôtel Drouot vu par l’un de ses commissaires-priseurs

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